Bière Truck : « trouver un équilibre entre événementiel et développement local » - Premium

Vendre des bières artisanales un peu partout sur le territoire. Oui, mais pas seulement. Pour Pierre Daniel Calonne, co-gérant de Bière Truck Landes, l'entreprise est plus qu'une vitrine pour des boissons locales. C'est aussi un vecteur d'attractivité et un moyen de dynamiser certaines petites communes, notamment via le commerce ambulant. Il témoigne. Qu'est-ce qui vous a amené à ouvrir une antenne de Bière Truck ici dans les Landes ?À la base, j'ai plutôt un profil orienté vers les politiques publiques. J'ai notamment travaillé sur des questions de développement local, en France mais aussi à l'étranger. Des missions qui m'ont passionné et qui ne sont finalement pas si éloignées de ce que je fais aujourd'hui. Je m'explique : à un moment donné, j'ai eu envie d'être mon propre patron et d'avoir mon activité. J'ai alors commencé à travailler sur un concept de bar. J’étais à Ychoux et m'est venue l'idée de construire un bar avec un certain nombre d’offres de service. Le but était de créer un lieu de convivialité qui soit aussi utile à la vie locale. J’ai commencé à chercher un terrain et j'ai pris contact avec un ami qui se trouve être l’un des fondateurs de Bière Truck. A l'époque, avec son associé, ils commençaient tout juste à travailler sur un développement au niveau national. L’idée m’a interpellé. Je me suis dit que cette idée de mobilité pouvait être un levier pour combiner mon projet de bar et mon envie d'accompagner les politiques locales. Un mois après j’ai signé et j’ai acheté mon camion. J’ai été le premier franchisé dans les Landes. Aujourd’hui nous avons des franchises dans neuf départements.Développer une offre de service ruraleQuelles sont les modalités de votre contrat de franchise ? En tant que franchisé, nous sommes propriétaires du camion. C'est un investissement qu'il faut faire au départ, d'un montant qui avoisine les 70.000 euros. J'ai dû faire un prêt bancaire que je rembourse tous les mois. Ensuite, les fondateurs passent par leur ligne de production. De ce fait, le dispositif est très normé. Ensuite, nous fonctionnons via un système de redevance mensuelle. Et puis, une fois sur le terrain, nous sommes libres de fonctionner un peu comme nous le souhaitons si ce n'est que nous devons travailler avec des producteurs locaux, répartis dans le département que nous couvrons. C’est l’une des conditions vraiment fondamentale : la bière doit être locale.En quoi consiste le concept Bière Truck ? Bière Truck c'est deux choses selon moi : c'est d'abord un Combi de 75, qui est totalement rénové et restauré. A l’intérieur on met des bières artisanales mais pas que. J'ai aussi du cidre, du vin et de la limonade. Aujourd'hui, je travaille avec neuf brasseries artisanales, réparties sur le territoire. Et je peux choisir ceux que je veux et ce qui me plait. Je le précise : je ne brasse jamais directement mais le but est vraiment de faire rayonner les commerçants du territoire. D'ailleurs, nous venons de rejoindre la marque Landes Terres des Possibles. C'est une reconnaissance pour nous et notre démarche : favoriser l'économie locale et les circuits courts. D'ailleurs pour certaines brasseries, je suis l'un des plus gros clients. Aujourd'hui, j'ai également développé un peu plus loin mon maillage et je travaille notamment avec des brasseries girondines mais aussi basques. Avec ces produits, je fais de l'événementiel privé qualitatif comme j'ai envie de le définir ; je propose mes services à des particuliers ou des entreprises pour des mariages, des anniversaires ou encore des séminaires. Le but est d’avoir une offre sur-mesure. Nous avons aussi de l’événementiel public avec du débit de boisson classique. D'ailleurs, nous avons déjà fait des événements de 15 ou 20.000 personnes.Vous disiez que cette activité va au-delà de la simple vente de boisson. En quoi exactement ? Au quotidien, je fais aussi beaucoup de relations avec des collectivités territoriales pour développer une offre de service rurale. Je travaille notamment avec des élus et je réfléchis à une manière d'améliorer les services de proximité. Et c'est une offre qui s'étoffe de plus en plus. Aujourd'hui, je ne vais jamais tout seul dans un village. Souvent je travaille avec le restaurant du coin par exemple, sur des rendez-vous réguliers toutes les semaines ou en bi-mensuel. Le but est de mutualiser nos services. Dans d’autres villages, nous nous déplaçons avec plusieurs foodtrucks, tous sur des marchés itinérants différents. Il y a notamment une librairie ambulante, un réparateur de vélo itinérant et même un tatoueur. Ensemble, nous créons une offre variée, toutes les semaines ou tous les 15 jours, pour développer un rendez-vous régulier. En parallèle, je suis en lien avec la CCI des Landes pour monter une formation sur le commerce ambulant. J'essaie de montrer que le commerce ambulant est un travail entrepreneurial qui se développe et qui nécessite de trouver un équilibre entre événementiel et développement local. C'est d'ailleurs cet équilibre qui permet de rendre viable ce modèle économique encore un peu hybride.Maintenir une activité tout au long de l'année Avez-vous pu vous développer depuis vos débuts en 2022 ? La première année, c'était vraiment la phase de test. Puis, la seconde a été celle du développement. J'ai acheté un deuxième Combi, puis j’ai cherché quelqu’un pour me rejoindre dans cette aventure. Mon associé, qui est aujourd'hui co-gérant avec moi, est arrivé en fin d’année 2022. Notre but était de nous répartir le territoire. Tandis que je couvre plutôt le Nord des Landes, le deuxième véhicule est basé à Azur. Le but est d'avoir un maillage territorial plus efficace.Qu'est-ce que représente en termes de chiffres d'affaires une activité comme la vôtre ? La première année, j'ai atteint les 90.000 euros de chiffre d'affaires. La seconde, nous avons terminé à 175.000 euros. L'objectif en 2024, est d'avoisiner les 230.000 euros pour que nous puissions nous verser deux salaires de manière correcte. Le but, concrètement, c'est de dépasser les 100.000 euros par Combi en 2024. Après il faut bien comprendre que c'est une activité qui est en partie saisonnière. Entre mai et octobre, nous pouvons faire environ 10 dates par semaine, avec les deux véhicules réunis. Derrière, on ne va pas se mentir, c'est un travail extrêmement prenant et je pense que je dois atteindre les 70 ou 80 heures par semaine. Mais c'est le prix à payer pour y parvenir et il faut profiter des beaux jours pour poursuivre notre développement. Je tiens à préciser qu'on essaie malgré tout d’avoir une activité en hiver. L'idée est de maintenir une activité dans les villes et les villages dans lesquels nous passons. Notre but est donc d'être présents tout au long de l'année.Quels sont les axes de développement pour vous dans les semaines et les mois à venir ? Selon moi, l'objectif principal est de conforter notre présence sur le territoire landais. Nous devons étendre encore notre maillage. Aujourd'hui, je dirais que la côte nous intéresse moins dans le sens où nous répondons à des problématiques plus rurales. Nous y allons malgré tout même si c'est sans doute moins fréquent. Notre objectif est surtout de regarder là où on ne regarde pas forcément. Et puis, nous devons sans cesse nous tenir au courant des nouvelles tendances. La concurrence est assez faible mais croissante. Elle commence à prendre racine et ça nous pousse à rester vigilants. Aujourd'hui, nous devons donc continuer à communiquer et gagner encore en visibilité. Il y a quelques semaines, nous avons remporté le Trophées de l’Economie Landaise dans la catégorie Jeune Pousse. Ça a été plutôt bénéfique pour nous. Enfin, autre axe de développement : nous intervenons progressivement sur le nord pays basque. Nous prévoyons aussi de nous orienter potentiellement vers la Gironde. Pour l'instant, c'est en réflexion, mais ce sont des objectifs qui restent en ligne de mire et qui pourraient faire grandir encore l'enseigne.

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