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Plaisance : comment les ports de l’Atlantique construisent leur avenir

Écosystème
mercredi 15 novembre 2023

Crédit : Port de Plaisance de La Rochelle

Dans un contexte très contraint pour leur développement mais aussi de nécessaires transitions, les ports de plaisance s’adaptent pour s’inventer un avenir. L’Association des Ports de Plaisance de l’Atlantique, qui agrège une cinquantaine d’acteurs publics et privés, s’est donné une feuille de route à trois ans. Explications avec Germain Stoldick, directeur général du Port d’Arcachon et, depuis cette année, président de l’APPA.

Fondée il y a une cinquantaine d’années, l’Association des Ports de Plaisance de l’Atlantique (APPA), agrège « 53 ports de plaisance, de Pornichey jusqu’à Hendaye, soit quelque 30.000 anneaux, bouées et corps-morts, pour 500 emplois », résume à gros traits Germain Stoldick. Le directeur général du Port d’Arcachon, 3e port de plaisance de France après Port Camargue et le port de La Rochelle, a pris en début d’année la présidence de l’APPA. « En France, les ports de plaisance ne peuvent plus grandir et, à de très rares exceptions près, il ne peut plus s’en créer de nouveaux. Nous sommes donc dans des logiques d’adaptation plus que de développement », pose-t-il.

Depuis son élection le 27 janvier dernier, il s’applique à donner à l’association une feuille de route à trois ans. Laquelle repose sur quatre enjeux principaux : « une meilleure prise en compte de l’environnement dans l’activité portuaire, le fait que nous ne sommes pas que des “garages à bateaux” mais aussi des acteurs de l’aménagement des territoires d’un point de vue économique et touristique, la problématique RH car nous sommes en recherche perpétuelle de collaborateurs à attirer et fidéliser, avec une convention collective propre, et enfin l’adaptation à la plaisance de demain », expose-t-il.

« Un premier cadre auquel nous ajoutons un second, en engageant des rapprochements avec des acteurs privés, équipementiers, développeurs de services, spécialistes du monde portuaire… Nous leur proposons d’entrer dans ce que nous appelons le Yacht Club APPA, afin de nous faire une meilleure idée des innovations qu’ils proposent, d’approfondir les spécificités techniques et de créer un lieu de mutualisation et d’échanges accessible à tous les ports de plaisance de l’Atlantique », ajoute le président. En neuf mois, 14 partenariats avaient déjà été signés, avant la conclusion récente d’un accord avec Crédit Mutuel Arkéa, Crédit Mutuel du Sud-Ouest et Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels. « Ils ont eux-mêmes une filière maritime et sont dans l’engagement d’accompagner les transitions du monde maritime. Les discussions ont bien pris et on a décidé de signer. »

Accompagnement dans la transformation

Dans le cadre de la charte de bonne gestion environnementale dont s’est dotée l’APPA, des audits ont été mené au niveau local permettant de définir travaux et actions à mener. Avec un certains nombres de sujets récurrents. « Tous les ports ont des projets d’infrastructures à mener, qu’il s’agisse de capitaineries, de cales, de quais, des aires de carénage… L’accord avec ce nouveau partenaire va ainsi nous permettre d’accéder à de l’ingénierie de projets, de l’ingénierie financière mais aussi à des prêts à impacts pour bonifier les taux en cas d’atteinte d’objectifs environnementaux, ou bien, par une meilleure connaissance réciproque, à des montants plus importants », détaille Germain Stoldick.

Les transitions énergétiques et environnementales sont également au cœur des préoccupations. « Une problématique que l’on traite tous, c’est la question des déchets, leur collecte, le tri et enfin la valorisation. Il est question de choses aussi diverses que les huiles usagées, des peintures, du bois, du métal, des déchets en néoprène… Au port d’Arcachon nous traitons 17 types de déchets différents, avec à chaque fois des filières adaptées. Cela appelle de l’accompagnement », illustre-t-il. Une réalité d’autant plus prégnante quand il s’agit de petites structures, des ports qui traitent 500 ou 600 bateaux par an avec une petite poignée de personnes.

« Il y a un autre sujet qui arrive, c’est l’électricité, comment on individualise et rationalise la consommation des fluides, y compris de l’eau donc. » Avec la clef des investissements notables. Ainsi du remplacement annoncé des 250 bornes énergétiques au port de Capbreton. Au port d’Arcachon, ce sont quelque 660 bornes à l’horizon 2025 qui sont concernées. « On teste actuellement quatre technologies différentes », indique le directeur général.

Certification et usagers changeants

Un autre point très important est celui de « la généralisation à venir de la certification Ports Propres, délivrée par l’Afnor et qui deviendra une norme Iso avant l’été 2024 », prolonge Germain Stoldick. « Cela reprend 17 critères relatifs à la gestion d’un port et permet de regarder comment on traite la question environnementale. En Bretagne et en Méditerranée, ils sont plutôt avancés sur ce point. Sur la façade atlantique, La Rochelle et Arcachon sont déjà dans les clous. Il faut pousser et généraliser auprès des collègues pour généraliser la démarche. 16 nouveaux ports ont récemment été convaincus et s’engagent désormais. »

Globalement, les ports de plaisance doivent aussi s’adapter à l’évolution de leur clientèle. « Aujourd’hui, le plaisanciers est un propriétaire, il a en moyenne 65 ans et garde sa place au port jusqu’à la fin de sa vie. La pyramide des âges évolue désormais et ce modèle n’est plus le seul valable », analyse Germain Stoldick. « Il y a des clientèles différentes, de nouveaux usages, on peut désormais consommer la plaisance comme d’autres services ou loisirs, les fréquences d’utilisation ne sont plus les mêmes, ni les raisons pour lesquelles on s’adonne à la plaisance. Ces nouveaux comportements sont au cœur de nos réflexions. Cette mixité de profils nous fait créer des services adaptés, innovants, qui viennent enrichir notre modèle économique », ouvre-t-il vers l’avenir.

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