Énergie : y aura-t-il bientôt un EPR 2 sur la centrale du Blayais ? - Premium

Après un hiver 2022-2023 marqué par la peur de manquer d’électricité, c’est un bilan plus serein que présente le groupe EDF en Nouvelle-Aquitaine. L’occasion pour Martin Leÿs, directeur Action Régionale, de préciser que la consommation d’électricité a baissé, en 2023, de 9% sur la région, contre 8% à l’échelle française. L’occasion aussi, de mettre en avant l’objectif de production bas carbone d’EDF, tant dans les énergies renouvelables (solaire majoritairement) qu’à la centrale du Blayais. « On marche sur deux jambes, le nucléaire d’un côté, le renouvelable de l’autre », insiste Martin Leÿs en préambule. Un soutien déterminant du territoire En 2023, ce sont 18,4 TWh qui ont été produits par les quatre réacteurs de la centrale nucléaire du Blayais. Un résultat un peu inférieur à 2022, qui s’explique par les maintenances nécessaires, dont certaines (20%) ne peuvent s’effectuer hors-fonctionnement. « Aussi, il y a eu un certain nombre de contrôles dus à la corrosion sous contrainte, même si on n’était pas touché on a dû arrêter des machines pour s’en assurer », présente Charlotte Maes, directrice de la centrale. Mais, précise-t-elle, les quatre unités de production assurent à elles seules deux tiers de la consommation néoaquitaine. Le sujet du moment en matière de nucléaire est celui des EPR 2, ces réacteurs nouvelle génération qui feront progressivement leur apparition sur le territoire. Si trois premières paires d’EPR 2 seront construites à Penly (76), à Gravelines (59) et à Bugey (01), le Blayais espère en accueillir. Et bénéficie pour cela d’un soutien massif des élus du territoire, dans un mouvement lancé il y a un peu plus d’un an. « Ils nous ont encouragé à candidater, pour accueillir ces nouveaux EPR, et leur soutien a été déterminant dans l'émergence du projet », tient à préciser la directrice. Qui poursuit : « On travaille pour prolonger la durée de vie de la centrale actuelle, mais la perspective d’une prolongation de la durée de vie du site est aussi très importante. » Selon le groupe EDF, la centrale contribuerait notamment à faire vivre 9.400 personnes sur le territoire.Un réacteur du Blayais peut produire 900 MW, tandis qu’un EPR 2 pourrait atteindre 1.650 MW. Une paire de ces nouveaux réacteurs permettrait donc de presque doubler la production de quatre unités aujourd’hui. Une question se pose, dans le cas où le Blayais verrait son dossier retenu : quand ces nouveaux réacteurs entreraient-ils en service ? « Les vieilles centrales vont s’arrêter dans les années 2040, 2045, esquisse Charlotte Maes, prudente. La décision pour les sites des huit prochains EPR devrait être prise en 2025 ou 2026, puis il y aura tout un tas d’études, ce qui nous amène facilement dans les années 2030. Ensuite, il faudra construire. » Pas de réponse affirmée, donc. D’autant que le premier réacteur du genre, à Flamanville, est un serpent de mer en projet depuis 20 ans (mise en route prévue en 2024). « Avec ce premier prototype, on a essuyé beaucoup de plâtres, mais on a beaucoup appris aussi », tempère notre interlocutrice. D'ici là, le grand carénage, un programme de modernisation des centrales lancé en 2020, se poursuit au Blayais. L’objectif est de rehausser le niveau de chaque centrale, pour allonger sa durée d’exploitation au-delà de 40 ans. En Gironde, le chantier est estimé à 1 milliard d’euros, « dont 30% alloués au territoire, avec des contrats que l’on essaye de passer localement », explique Charlotte Maes. Après avoir validé le réacteur n°1, la vérification du n°2 est en cours, et celle du n°3 devrait démarrer en juin. 50% de la production en ENR d'ici 2030 En attendant que décision soit prise, EDF poursuit, via sa filiale EDF Renouvelables, le développement de sa « deuxième jambe » : les ENR. Ou plutôt le solaire, puisque l’éolien est aujourd’hui très peu développé en Nouvelle-Aquitaine. Au global, sept parcs éoliens et 22 centrales solaires sont exploitées dans la région, pour une puissance globale de 306 MW. « On vient compléter le mix énergétique du nucléaire avec des énergies renouvelables. En Nouvelle-Aquitaine, l’objectif est d’atteindre 50% de production d’ENR d’ici 2030. Aujourd’hui, on est à 26%, il nous reste encore du travail et ce sont des efforts sur la durée », avance, optimiste, le responsable régional d’EDF Renouvelables, Pierre Couturier. Qui précise que deux parcs sont en construction en Charente et dans la Vienne, pour un total de 40 MW. « On totalise à peu près 80 projets éoliens et solaires, qui représentent en puissance 1,1 GW. Dont 0,1 pour l’éolien, et 1 GW pour le solaire », déroule Pierre Couturier. Parmi ces dizaines de futurs chantiers, l’un « est un exemple très emblématique pour illustrer ce qu’est la transition énergétique », note Martin Leÿs : la transformation d’un ancien terminal pétrolier en centrale solaire au Verdon. Un projet mené avec le Grand port maritime de Bordeaux, dont le premier programme de concertation vient d’être terminé. « Nous déposerons les autorisations d’ici la fin du mois de mai, pour une mise en service en 2027 », avance Pierre Couturier. À qui profitera donc l’électricité produite ? « La stratégie du grand port est de produire de l’électricité à destination des différents industriels, préférentiellement qui sont sur ces terminaux », précise notre interlocuteur. Et notamment le très controversé projet de ferme de saumons porté par Pure Salmon, même si les représentants d’EDF restent prudents, tant cette implantation reste contestée.

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