Les Nouvelles Fermes ouvrent leur capital et rêvent de Paris - Premium

En juin dernier, Les Nouvelles Fermes inauguraient en grande pompe leur nouveau site d’agriculture urbaine. Une serre bioclimatique de 5.000 mètres carrés, qui mène une activité maraîchère en aquaponie, mêlée à de l’élevage de truites. Neuf mois plus tard, Thomas Boisserie, président et cofondateur de la société, dresse un premier bilan à Placéco : « Les premiers mois de l’année ont été plutôt très encourageants, se réjouit-il. Cette année, on va réussir à prouver que l’aquaponie rentable de grande taille, ça existe. » La serre fait ses preuves, et en l’absence d’intrants chimiques, c’est un petit écosystème qui se crée au fil du temps. « On a des populations d’insectes, de lézard, des salamandres et même des grenouilles qui s’y installent ! Plus la serre se développe, plus elle se régule pour lutter contre les ravageurs », illustre notre interlocuteur. La typologie des clients des Nouvelles Fermes évolue également : les particuliers sont plus nombreux grâce au e-commerce, et à la dizaine de points de récolte sur la métropole bordelaise. « Les gens composent leurs paniers et viennent les chercher, on fait plus de marchés aussi comme celui de Mérignac, ça fonctionne bien. Et c’est vrai qu’au départ, on n’avait pas identifié le BtoC comme un levier potentiel », analyse Thomas Boisserie. Qui précise être toujours présent chez Auchan, Leclerc ou U, en marque blanche mais aussi via des corners aux couleurs des Nouvelles Fermes. « Dans notre secteur, il y a peu de marques mises en avant, les produits sont souvent coupés, en vrac. En plus, le bio a vécu son pain blanc, connaît des baisses assez fortes de vente aujourd’hui. Par contre, ce vers quoi les clients ont envie de se tourner, c’est le local. »1,5 million d'euros pour la R&DSi tous les signaux sont au vert, le chiffre d’affaires prévisionnel pour 2024, a lui, été revu légèrement à la baisse. 750.000 euros, contre 900.000 annoncés il y a un an. En cause : un rééquilibre du mix de produits cultivés dans la serre. Moins d'aromates, plus chers au kilogramme et dont le marché « peut très vite être saturé », et plus de salades ou de tomates. Au global, un peu moins de 60 tonnes de produits frais ont été collectées l’an dernier, « c’est presque notre production cible », souligne Thomas Boisserie. Désormais, l’enjeu pour l’entreprise est de transformer l’essai. Si elle pensait faire germer une autre ferme urbaine sur la métropole parisienne - nécessitant une levée de 15 millions d’euros -, la jeune pousse a décalé ce projet à un peu plus tard. « En septembre dernier vu le contexte pour se financer, on nous a conseillé de venir avec une preuve, et non avec une promesse de ferme en aquaponie », résume notre interlocuteur. Les Nouvelle Fermes cherchent désormais 1,5 million d’euros, auprès de business angels, mais aussi de leur communauté. Et c’est vers un autre acteur du territoire, Tudigo, que l’entreprise s’est tournée. Objectif : collecter 800.000 euros en financements participatifs, avec un ticket d’entrée fixé à 1.000 euros. « C’est le dernier moment où les gens pourront entrer au capital avec de petits tickets, glisse astucieusement le cofondateur. Forcément on parle d’agriculture, c’est une thématique qui nous concerne tous trois fois par jour. » Les pré-inscriptions sont d’ores et déjà ouvertes, pour un lancement de la campagne le 18 avril.Paris d'ici 2025 ? Cette somme permettra à la société de préparer la fin de sa R&D… et sa troisième génération de fermes, après celle de Lormont créée en 2019, et celle de Mérignac - qui fait l’objet, actuellement, d’un dépôt de brevet. « Pour la troisième génération, il y a de la R&D sur les variétés, pour continuer à dérisquer notre solution, éviter les maladies demain et travailler avec des semences plus solides, mais il y a aussi de la R&D sur la technique. Par exemple aujourd’hui, huit opérateurs travaillent sur la ferme de Mérignac. Demain sur une ferme quatre fois plus grande, il n’y aura que deux fois plus d’opérateurs », illustre Thomas Boisserie. Si le concept restera le même, certaines tâches comme effectuer des semis, des boutures, des lavages, pourraient être en partie mécanisées. Idem concernant l’énergie, pour réduire encore la consommation de la serre, ou pour le compostage. « On passe par un composteur aujourd’hui, mais demain, en le faisant nous-mêmes, comment faire pour réutiliser les nutriments dans le système ? », questionne le président. Sans oublier l’aspect connecté de la ferme, dont une partie est déjà gérable via un smartphone. « Quand on parle de savoir paysan, c’est savoir quand planter tel produit, sa fragilité, etc. En langage startup c’est du big data - travailler avec des outils d’aide à la décision pour mieux anticiper, prévenir les risques éventuels. » Et Paris, dans tout ça ? « On aura identifié le lieu d’ici juin, ensuite la construction se fera en 2025 », annonce Thomas Boisserie. Après, le calendrier des Nouvelles Fermes se déroulera comme initialement prévu : être présent dans cinq grandes métropoles, d’ici à 2028. « Une fois que la serre parisienne fonctionne et permet de générer un EBITDA de 20%, le seul enjeu est de dupliquer le modèle. Si on part en franchise - une certitude - on pourra même aller plus vite. » Il faudra néanmoins des fonds, car une ferme urbaine coûte cher : 250 euros le mètre carré, soit 1,2 million qui auront été nécessaires pour faire sortir de terre celle de Mérignac. Les Nouvelles FermesSAS fondée en 2020Siège social : Bordeaux25 salariésCA prévisionnel du site de Mérignac : 750.000€

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