Le belge Aerospacelab implante son centre de R&D français à Bordeaux - Premium

Depuis quatre ans, la société belge Aerospacelab conçoit des plateformes satellitaires compactes. Pesant entre 200 et 300 kg « seulement », ces satellites d’observation sont aujourd’hui destinés au marché civil, de l’agriculture à la supply chain. À la fois fabricant et opérateur, la PME compte presque 200 salariés, et affiche une croissance soutenue. « Nous avons déployé une première usine capable de produire entre 35 et 40 satellites par an, à Louvain-la-Neuve, en Belgique, au printemps dernier, présente à Placéco Pierre-Guy Amand, directeur général d’Aerospacelab France. Et dès 2025, nous ouvrirons une "méga-usine" à Charleroi, dotée d’une capacité de production de 500 satellites par an. Ce sera la première usine européenne de cette taille à avoir une telle capacité industrielle. » L’entreprise, passée en quatre ans du statut de startup à celui de PME, compte à son board des noms tels qu’Airbus ou OVH. Mais depuis deux ans, Aerospacelab ne limite pas ses activités au seul plat pays, et a créé une première filiale française en janvier 2022, domiciliée à Toulouse. Si ce bureau sera conservé à l’avenir, décision a été prise, en mai dernier, d’implanter l’entreprise en Nouvelle-Aquitaine… Et plus précisément sur la métropole bordelaise. « Le site a vocation à devenir un centre d’excellence à court terme, dévoile Pierre-Guy Amand. Autour de l’observation – ce que l’on fait aujourd’hui en Belgique – mais dans le domaine de la défense et de la sécurité. Le CNES [ndlr, centre national d’études spatiales] est notre premier prospect, avec lequel on discute depuis deux ou trois ans. » Le hub girondin se concentrera sur une seconde activité, unique au sein d’Aerospacelab : développer des plateformes satellitaires pour l’action dans l’espace, et pas uniquement pour sa surveillance. « C’est ce qu’on appelle le RPO – rendez-vous and proximity operations. C’est le fait de pouvoir mettre en orbite une plateforme, apte à observer un satellite coopératif ou non, à s’en rapprocher, s’y connecter, le déplacer, le mettre sur une autre orbite, la désorbiter… » 30 recrutements en 2023 Aerospacelab s’installe en ce moment sur un plateau technique de 600m², dans le complexe immobilier du « 45e Parallèle », à Mérignac, face à l’aéroport. 15 postes sont aujourd’hui ouverts dans différents domaines (chercheurs, ingénieurs en bionique, robotique), pour un démarrage de l’activité effectif au 1er janvier prochain. En 2023, l’équipe comptera une trentaine de personnes, puis une cinquantaine en 2024. « Le recrutement est la partie la plus délicate pour nous, car le marché est en tension. Nous avons déjà reçu près de 200 candidatures, mais le plus dur est de trouver des profils seniors, prêts à quitter des acteurs corporate comme Thalès ou Airbus », illustre le directeur général. Car c’est bien la présence de ces géants de la sécurité qui a poussé Aerospacelab France à se déployer en Gironde. Mais aussi l’ancrage du corps académique : « Il y a un volet robotique très important en Nouvelle-Aquitaine. Il faut des robots pour connecter les satellites, des capteurs, des caméras… Nous travaillons à la mise en place d’accords-cadres avec l’université de Bordeaux, mais aussi des laboratoires reconnus », poursuit Pierre-Guy Amand. La filiale française compte également un président reconnu, à son board : le Général de Brigade aérienne Jean-Daniel Testé, ancien Commandant interarmées de l’espace. Créer un centre industriel sur le territoire L’objectif affiché est ambitieux : démarrer les démonstrations puis les validations en orbite d’ici deux ans et demi. « C’est ce qui nous caractérise, reprend notre interlocuteur. On arrive très vite au produit, au vol. On n’attend pas six ans, chez nous, la moyenne est de 18 mois pour franchir cette étape. On démontre au client que notre solution fonctionne en orbite, puis on relance une plateforme satellitaire en tenant compte de ce qu’on a appris. » Une fois cette première phase de R&D achevée, Aerospacelab installera un centre industriel en Gironde pour démarrer la production, « si les conditions sont réunies ». « On ne souhaite pas déconnecter la R&D de la partie industrielle, mais on avance prudemment », souligne Pierre-Guy Amand. À terme, la France représentera une part importante de l’activité de la PME belge, et attaquera également le volet institutionnel. AerospacelabBasée à Belgique200 salariésCA : n. c.

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