French Tooth veut internationaliser ses vidéos de formation pour les dentistes - Premium

Consultations, chirurgies, devis, comptabilité, management… « En tant que chirurgien-dentiste, et donc professionnel libéral, on a un métier très polyvalent et on peut parfois se sentir seul. » Ce ressenti, c’est celui d’Elsa Morrier. Chirurgien-dentiste, elle est aussi entrepreneure, et a cofondé avec Lodoïs de Roumefort la startup French Tooth. Le principe : une plateforme de formation par la vidéo, « un peu comme un Netflix des dentistes ». Au-delà du coup de communication, la jeune pousse est partie d’un réel constat, explique sa dirigeante. « Les interventions que l’on doit réaliser sont très variées car on est omnipraticien. Moi-même, j’avais besoin d’un outil sur lequel je peux me connecter facilement pour avoir des protocoles de référence en fonction des cas que je rencontre. » Or en novembre 2019, lorsque French Tooth lance sa plateforme, un tel modèle n’existe pas encore. Elsa Morrier : « Il y avait uniquement des formations traditionnelles qui nous obligent à fermer le cabinet pour les suivre. Donc on ne le fait que quelques fois par an. » Quatre ans après ses débuts, French Tooth se dit rentable, regroupe 300 vidéos, et en diffuse une à deux nouvelles chaque semaine, tournées et produites en interne. La cible, donc : les professionnels dentaires - chirurgiens, assistants ou prothésistes. Les formats varient, certaines vidéos « cliniques » montrent par exemple une intervention sur un patient, commentée directement par le praticien. L’utilisateur peut ensuite poser des questions via une barre de commentaires, auxquelles le conférencier répond. « Le but est de favoriser les interactions entre un apprenant et un conférencier, pour un professionnel qui est dans un territoire isolé », précise le cofondateur. Traitement de gencives, facettes, traitements endodontiques : autant de termes qui ne parlent sûrement pas au grand public, mais qui sont abordés en ligne.Se renforcer sur le marché français Voulant s’assurer d’un certain niveau de qualité, la startup s’appuie sur un comité scientifique qui valide les intervenants choisis, « des pontes de la profession, des gens de référence », souligne Elsa Morrier. Et l’idée semble plaire, car French Tooth revendique aujourd’hui un chiffre d’affaires d’un million d’euros pour 4.500 utilisateurs abonnés à la plateforme, soit un peu plus de 10% du marché français (42.000 chirurgiens-dentistes). Si sa communauté est donc majoritairement hexagonale, l’entreprise entend s’ouvrir au plus vite à l’international. « En Allemagne, aux États-Unis par exemple, il n’y a pas la même philosophie de soins. L’idée, met en avant la cofondatrice, est de pouvoir retrouver des gens partout dans le monde pour s’inspirer des différentes pratiques. » Pour cela, French Tooth est en phase de levée de fonds et veut aller chercher aux alentours de 2 millions d’euros. « Cela nous permettrait de recruter, pour bien pénétrer le marché, se projette Lodoïs de Roumefort. Nous avons réussi à créer un système de traduction à la demande, que ce soit en live ou en replay, et nous voulons nous renforcer sur la traduction de la plateforme en anglais et en espagnol [ndlr, 5% des contenus sont aujourd’hui en anglais]. La levée de fonds nous permettra d’avoir une demi-année à vide, le temps de créer des contenus pour les pays concernés. Comme ça, une fois qu’on les ouvrira, les praticiens pourront voir des confrères du même pays qu’eux. » Jusqu’à présent, la quasi-totalité des conférenciers se sont déplacés à Bordeaux pour tourner les vidéos, venant parfois de Belgique ou de Suisse. « On a de la chance car la ville de Bordeaux est très attractive », se réjouit Elsa Morrier. Et la concurrence, dans tout ça ? La cofondatrice l’assure, « notre activité reste encore une niche, il faut être capable de produire avec régularité des vidéos, avec un réseau, une qualité créative… ce n’est pas si simple ». Pourtant à Bordeaux, une autre entité, Invivox, est positionnée sur le domaine de la formation digitale. En 2022, elle avait levé 7 millions d’euros pour accélérer sur ce volet. « C’est drôle, on nous compare beaucoup avec eux, concède Elsa Morrier. Ils font des webinaires gratuits, c’est vrai, mais c’est plutôt une société qui fait de l’intermédiation et s’est mise à faire un peu de vidéos. » Lodoïs de Roumefort abonde : « Invivox, c’était plutôt un système de “booking” au départ, qui va vendre des places à des formations. Nous, nous sommes des créateurs de contenus en interne, on a pour vocation d’apporter directement cette formation. » French Tooth entend d’ailleurs se diversifier, et a créé French Med, destinée aux médecins généralistes. S’il s’agit pour le moment d’une simple page sur les réseaux sociaux, les deux associés réfléchissent à créer une plateforme dédiée. En attendant, ils comptent séduire 1.000 nouveaux abonnés cette année, et veulent sortir une application, « suite logique à toute plateforme comme la nôtre ». French ToothBasée à BordeauxCommercialisée en 201915 salariésCA 2023 : 1 M€

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