Mérignac Soleil, futur « démonstrateur de la ville durable » - Premium

À Mérignac Soleil, trois immeubles et quelques grues surplombent désormais le magasin Darty, non loin de l’avenue Kennedy où s’affairent les sociétés de génie civil en charge de l’extension de la ligne A du tramway vers l’aéroport. Un panorama inédit, pour qui a l’habitude de fréquenter cette immense zone commerciale. Edifiée à la fin des années 60, Mérignac Soleil est en effet construite sur le modèle de la « boîte à chaussures », soit des commerces de destination juxtaposés sur autant de bâtiments, isolés les uns des autres par des voies de circulation et de grands parkings. Lancée en 2014 par la ville de Mérignac et la métropole, l’opération de réaménagement Marne-Soleil vise précisément à sortir de ce modèle de développement urbain, typique des années 70, en capitalisant sur l’extension de la ligne A du tramway vers l’aéroport. « La localisation du site est exceptionnelle, avec une connexion directe au centre-ville, à l’aéroport et à son OIM », rappelle Jérôme Goze, directeur général délégué de La Fabrique de Bordeaux Métropole (La Fab), l’aménageur en charge du projet. Les contours de l’opération le sont tout autant, puisqu’il est question de transformer 69 hectares de territoire urbain, en répondant à plusieurs objectifs, parfois contradictoires : densifier l’offre de logement autour d’un axe stratégique en matière de mobilité, améliorer la qualité de vie de l’ensemble des riverains et renaturer une zone où 90% des sols sont artificialisés. Mixité fonctionnelle, espaces verts, logements et mobilités accessiblesLes ilots Alinéa et Fiat – du nom des magasins qui y étaient implantés, où les travaux sont déjà bien avancés, illustrent le mode opératoire retenu : leurs projets respectifs prévoient la réalisation de plusieurs centaines de logements, installés en étages au-dessus de surfaces commerciales et de services de proximité, le tout dans un environnement paysagé, à proximité immédiate du tramway et d’un futur centre scolaire. « Sur l’ilot Alinéa, on passe d’un urbanisme monofonctionnel à une mixité fonctionnelle et 30% d’espaces en pleine terre, avec l’objectif d’avoir un arbre tous les 16m² », illustre Amandine Lasvacas, directrice du programme « Habiter, s’épanouir » au sein de La Fab. Les travaux commencent ainsi par une phase de désartificialisation, qui consiste à « décroûter » la couche d’enrobé qui masque le sol depuis cinquante ans. Programmée à horizon 2030, l’opération dans son ensemble prévoit le développement de 300.000 m² de surfaces, dont 90.000 m& seront dédiés à des activités de commerce et de service, ainsi que la création de deux parcs et la plantation de 14.000 arbres destinés à prévenir la création d’ilots de chaleur. 2.800 logements devraient ainsi être créés, majoritairement des T4 à T6 pour répondre aux besoins des familles, dont 35% de locatif social et 25% d’appartements proposés à l’accession sociale ou à des dispositifs de type BRS (Bail réel solidaire), avec un prix de vente fixé à 2.500 euros du m². Seuls 40% des logements seront donc proposés à l’accession libre par les différents promoteurs impliqués. La zone ambitionne en parallèle de conserver des commerces de destination, à l’image de l’hypermarché et de la galerie marchande qui donnent son nom à Mérignac Soleil. Sur ce point, La Fab estime que l’évolution des habitudes de consommation contribuera à réduire l’importance de la voiture, et donc les traditionnels embouteillages du samedi que connaissent bien les riverains. « Le modèle "no parking no business" est en train de changer. La voiture conservera toujours une place, ne serait-ce que pour l’organisation familiale, mais tous les grands groupes s’orientent vers des modèles plus hybrides, où l’on vient par exemple découvrir les produits dans un showroom avant de les commander depuis chez soi », analyse Jérôme Goze. « L’objectif est bien de conjuguer à la fois mobilité, habitat et commerce. Dans cette zone, le passage du tramway est une réponse, puisqu’il offre une alternative », estime quant à lui Alain Anziani, maire de Mérignac et président de Bordeaux Métropole. Lauréat de l’AMI « démonstrateur de la ville durable »Le projet Marne-Soleil a été retenu, fin mars, parmi les 39 lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt visant à soutenir les opérations d’urbanisme susceptibles de faire office de démonstrateurs d’une nouvelle façon d’envisager la ville. Les porteurs de projet y gagnent un soutien financier pour l’ingénierie (jusqu’à 500.000 euros) et l’accès à un maximum de 10 millions d’euros de subvention. La candidature, défendue par La Fab, a notamment mis en avant un objectif de réduction des surfaces artificialisées à 70% des 69 hectares, la mixité fonctionnelle sans rupture totale avec la finalité première de la zone, et la capacité à mettre en œuvre de nouvelles façons de construire, sur un foncier prédécoupé par les précédents usages. « Nous avons dû amener les opérateurs à rentrer dans nos conditions exigeantes d’un point de vue environnemental, en sachant que les cycles urbains sont nettement plus longs que les cycles économiques », résume Amandine Lasvacas. Cerise sur le gâteau, pour le maire de Mérignac : les permis de construire déjà accordés n’ont fait l’objet d’aucun recours, preuve qu’en dépit de l’ampleur du projet, il est parfois plus facile de faire accepter la densification urbaine quand elle concerne des zones historiquement non résidentielles.

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