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Logement social : « En 2022, les chiffres sont équivalents voire inférieurs à 2021 » en Nouvelle-Aquitaine

Écosystème
mardi 06 décembre 2022

Muriel Boulmier, entourée d'Alain Sanz, président de l'association des maires des Pyrénées-Atlantiques et de la fédération régionale des associations de maires, et de Bernard Lauret, président de l'association des maires de Gironde. Crédits : Union HLM NA

L’Union régionale HLM a élaboré un guide, à destination des élus locaux. Elle y présente la « palette de métiers insoupçonnés », pour une meilleure connaissance de leur expertise, et encourager les élus du territoire à relancer la production de logements sociaux. Pour Placéco, Muriel Boulmier, présidente de l'union régionale HLM, revient sur les freins et les enjeux du secteur.

Ce n’est pas le premier guide que vous rédigez pour les collectivités locales et les pouvoirs publics. Pourquoi en sortir un nouveau ?
Je peux vous répondre en un rapide historique. En 2017, il y avait environ 11.000 logements programmés en Nouvelle-Aquitaine, puis l’année d’après il y a eu la fameuse loi Elan [NDLR, évolution du logement, de l’aménagement et du numérique] et la réduction du loyer de solidarité qui demande aux organismes de logements sociaux de compenser la baisse des APL. On a commencé à voir une chute significative des dossiers, avec 9.700 logements programmés en 2019. Puis il y a eu le Covid-19, et en 2020 on est passé à environ 7.000 logements sur la région. On s’est dit que ça allait remonter en 2021, ce qui a été le cas puisqu’on est passé à 8.700 logements programmés… Mais on voit que le décalage se maintient. On a eu beaucoup d’espoirs pour 2022, or cette année, les chiffres sont équivalents voire un peu inférieurs à 2021.

Celui-là se focalise sur les différentes compétences des bailleurs sociaux. Y a-t-il une méconnaissance de vos activités ?
Nous nous rendons bien compte qu’il y a un véritable sujet. En 2021 déjà, lorsque nous avons remis un livre blanc au Premier ministre Jean Castex à l’occasion du congrès de l’Union HLM nous avons dit « il y a des freins à la construction de logements sociaux, aidez-nous à les lever ». Il y a certes des choses qui se passent, mais pas assez à notre sens… J’ai rencontré par visioconférence un peu plus de 300 maires, au travers de l’association des maires locaux, et j’ai bien compris qu’ils ne connaissaient pas ce que nous étions capables de faire. Ce guide montre ce que nous pouvons faire, et illustre concrètement nos métiers au travers d’une soixantaine d’exemples issus de tous les territoires de Nouvelle-Aquitaine.

Quels sont les freins existants, selon vous ?
Il y en a beaucoup. Le plus important, c’est le prix du foncier qui s’envole dans les zones tendues, urbaines et à forte densité. C’est la même chose que vous soyez un promoteur privé ou un organisme de logement social, et nous souhaitons une vraie politique foncière sociale. Pour que les collectivités suppléent ou compensent la hausse du foncier. Le second sujet majeur, c’est l’appréciation environnementale. La loi Climat et résilience a récemment été votée et prescrit un certain nombre de dispositions, dont une qui hystérise le débat public – l’urbanisation des sols. Elle prévoit de diviser par deux l’artificialisation des sols d’ici 2030, puis de parvenir à une zéro artificialisation nette des sols d’ici 2050…

Entre 9.000 et 11.000 nouveaux logements par an

Partagez-vous le constat de certains promoteurs immobiliers, qui pointent une diminution des permis de construire accordés par les élus ?
Depuis le Covid-19, c’est un phénomène qui s’est renforcé. Il y a une acceptation difficile des nouveaux habitants, et tout le monde est concerné. C’est la crainte d’une occupation qui ne conviendrait pas aux riverains. Ce que je constate, également, c’est que cette année pour la première fois, la courbe des logements programmés en milieu non-urbain dépasse le nombre de ceux programmés en zone très urbaine. Mais que fait-on pour la mobilité et l’emploi ? Il y a de plus en plus de tiers lieux qui se développent, mais certaines tâches ne sont pas réalisables en télétravail, et il faut réfléchir au sujet de la mobilité. Les opérations que l’on porte durent trois ou quatre ans, en 2026 on assistera au renouvellement des collectivités… Je crois que c’est le moment de prendre des décisions importantes car tout ce que nous ne mettons pas en prévision maintenant ne pourra pas être livré avant 2026. Peut-être que certains s’en réjouiront, et d’autres le regretteront.

Combien de logements sociaux sont produits chaque année sur le territoire ?
Il y en a environ 110.000 en France par an, et entre 9.000 et 11.000 en Nouvelle-Aquitaine – dont 3.000 logements sur Bordeaux Métropole. Au total, c’est 650.000 bénéficiaires que nous logeons. Mais il y a cinq ans, les bailleurs sociaux mettaient 15.000 euros en fonds propres par logement. Aujourd’hui, on est à 35.000 euros, et il n’est pas rare d’atteindre 60.000 euros pour des opérations plus complexes. Notre ressource financière, c’est en quelques sortes le livret A – qui a augmenté, comme vous le savez. Vous savez aussi que nous faisons face à une augmentation considérable des coûts de construction, donc le volet financier est difficile à équilibrer.

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