La CCI Bordeaux Gironde va renforcer ses activités marchandes pour sécuriser son budget - Premium

Pour la CCI Bordeaux Gironde, comme toutes les autres chambres consulaires, l’heure est à l’inquiétude alors que le projet de loi de finances (PLF) 2024 a été présenté en Conseil des ministres. Alain Di Crescenzo, président de la CCI France, avait déjà tiré la sonnette d’alarme il y a peu : les Chambres de commerce et d’industrie pourraient voir l’enveloppe globale allouée par l’Etat amputée de 100 millions d’euros sur quatre ans. Soit 25 millions d’euros en moins dès l’année prochaine. « En 2017 déjà, avant la loi Pacte, les CCI avaient un budget venant de la TFC, la taxe pour frais de chambre qui était collectée auprès de toutes les entreprises par Bercy, avant de redescendre vers nous - mais elle ne redescend plus. Nous avions 1,4 milliard d’euros de budget au niveau national, nous n’avons plus aujourd’hui que 505 millions d’euros », rappelle ainsi Patrick Seguin, président de la CCI Bordeaux Gironde. Pour qui, si la loi de finances n’est pas encore adoptée, il y a peu de chances qu’un revirement de situation arrive. « On a déjà atteint le seuil de la limite supportable pour les CCI. [...] Trop c’est trop, on ne pourra plus faire notre travail et nous serons peut-être obligés de réduire la voilure de l’accompagnement aux entreprises », tonne Patrick Seguin.La Bourse, un levier économique Alors, anticipant cette diminution annoncée de financements, la CCI Bordeaux Gironde se met en ordre de marche pour accroître le chiffre d’affaires privé qu’elle génère via ses filiales. Tout de même positif, son président précise qu’il y a « quelques projets qui nous font penser qu’on pourra en partie compenser le budget via des activités marchandes ». Deux projets notamment ambitionnent de rendre la place de la Bourse plus attractive. Enterrant définitivement l’idée de faire du lieu une « place Vendôme bordelaise », comme c’était le projet avant le Covid-19, la CCI se concentre plus que jamais sur l’événementiel. Via sa filiale Bordeaux Palais de la Bourse (PBP, six salariés), société chargée de louer les locaux de la Bourse (propriété de la CCI) pour de l’événementiel. Deux espaces existent aujourd’hui : la salle des commissions pouvant accueillir 90 personnes assises, et le grand hall, dont la capacité atteint 500 convives. « Ce sont 160 manifestations qui se sont déroulées en 2022 et ont accueilli 180.000 personnes, rappelle Patrick Seguin. L’activité est en forte hausse et nous travaillons déjà sur l’agenda de fin 2024, début 2025. » Sauf qu’entre ces deux superficies, il a « un trou » dans l’offre de Bordeaux Palais de la Bourse. Pour y remédier, PBP va entamer des travaux dans le bâtiment mitoyen au Musée national des Douanes, anciennement occupé par l’Inpi puis par l’Unesco. 500 m² qui deviendront une salle de réception pouvant accueillir 200 personnes assises. Montant de l’investissement : 400.000 euros, pour une livraison au printemps 2024. Le permis de construire a été déposé, et l’architecte a été sélectionné sur appel d’offres, il s’agira du cabinet bordelais Atelier Cambium. Objectif : passer d’un chiffre d’affaires 2022 de deux millions d’euros, à trois millions, avec une marge de prestation de services de 10%. « Aujourd’hui, 40% de cette activité vient de clients fidèles, précise Patrick Seguin. Il y a également un travail de prospection qui est réalisé à l’international, pour attirer des événements, notamment scientifiques et médicaux. » Autre investissement de 400.000 euros, toujours place de la Bourse : les travaux pour accueillir dès la rentrée 2024 une partie de l’école hôtelière Ferrandi. Aujourd’hui basée dans les locaux du campus du Lac, elle déménagera une partie de ses effectifs - sa formation premium (140 élèves), « de renommée internationale » - dans un espace de 450 m².La Métropole étrillée par Patrick SeguinPour Patrick Seguin, la rentrée est aussi l’occasion d’adresser des messages aux élus politiques du territoire. Et en l'occurrence à Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole. « Récemment, la Métropole a mis au vote un plafond d'aides pour les entreprises touchées par des travaux, des événements. Je considère pour ma part que c’est une fausse bonne idée. » Le président de la chambre consulaire cite en exemple la place Saint-Seurin à Bordeaux, dont les travaux pour le futur bus à haut niveau de service (BHNS) sont passés d’un mois et demi prévu à huit, et ce, devant plusieurs commerces dont l'accès peut être compliqué. « Ces entreprises perdent un chiffre d’affaires considérable et risquent de déposer le bilan. Dans ces cas-là, il faut avoir une solution spécifique, car ce sont des cas spécifiques », souligne Patrick Seguin. Qui poursuit : « Cette délibération n’est pas une obligation, [...] et j’espère que les élus reviendront là-dessus. » Le président de la CCI va plus loin, et remet sur la table le dossier des retards de paiement de la Métropole, le délai moyen étant de « 150 jours », contre une obligation de règlement sous 30 jours. « Nous avons des entreprises qui sont en difficulté à cause de ces délais de paiement, qui sont totalement anormaux. La loi, depuis deux ans, c’est 30 jours. C’est inadmissible, la Métropole n’est pas en difficulté financière et a de la trésorerie. Sauf qu’on nous répond que les services n’y arrivent pas - quand on n’y arrive pas, il faut faire en sorte d’y arriver. » Selon lui, une autre conséquence se fait déjà sentir : moins d’entreprises répondraient aux appels d’offres métropolitain, par peur de ne pas être payées suffisamment vite. « Dans ces professions, tout se sait, et il commence à y avoir des trous d’air. Là, il faut quand même qu’ils fassent un petit effort », conclut Patrick Seguin. Depuis janvier, un audit est co-réalisé par la DGFIP (Direction générale des finances publiques), pour trouver des solutions.

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