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En Gironde, que va permettre cette commission locale des mobilités qui voit le jour ?

Écosystème
mardi 06 février 2024

En Gironde, le réseau de cars express va passer de deux à six lignes et absorbera la quasi-totalité du versement mobilité additionnel. Crédit : Nouvelle-Aquitaine Mobilités

Nouvelle-Aquitaine Mobilités vient de mettre en place une commission locale des mobilités pour la Gironde. Quel est le but de cette instance et de quels moyens dispose-t-elle ? Explications avec Renaud Lagrave et Clément Rossignol-Puech.

« C’est une première, pas tout à fait nationale, mais pas loin », pose d’emblée Renaud Lagrave, président du syndicat mixte Nouvelle-Aquitaine Mobilités (NAM), créé en 2018 par le Conseil régional pour coordonner l’ensemble des mobilités à l’échelle régionale. Une mission menée sous la marque Modalis, qui vise à mettre en place un titre unique et interopérable entre les différents réseaux de transports urbains. « On part du point de vue de l’usager, qui veut faire son trajet sans se soucier de qui organise tel ou tel mode de transport », rappelle le vice-président du Conseil régional en charge des transports. « On travaille depuis un an et demi à la création de cette commission locale des mobilités à l’échelle de la Gironde, pour pouvoir lever le versement mobilité additionnel (VMA) et mettre en place de nouveaux services. L’idée est d’avoir une offre supplémentaire pour les usagers. » Mise en place depuis le 1er janvier dernier, elle regroupe sept AOM (autorités organisatrices des mobilités) : le Conseil régional, Bordeaux Métropole, la Coban et la Cali, les Communautés de communes Jalle-Eau-Bourde et de Montesquieu et enfin le Syndicat des mobilités de Sud-Gironde, ainsi que le Conseil départemental de la Gironde. « On franchit une étape importante, qui permet de zoomer sur un territoire donné, qu’il puisse y avoir un portage par les territoires eux-mêmes et voir ce qu’on souhaite financer », reprend-il.

Six lignes de car express

Ces services supplémentaires ne sortent pas du chapeau. Le syndicat mixte a réalisé quantité d’études sur les flux, notamment automobiles, pour définir le champ des possibles et des besoins. « Les usagers demandent plus d’offre », scande encore Renaud Lagrave. Les lignes de car express sont ainsi appelées à jouer un rôle majeur. Deux sont déjà expérimentées sur le territoire girondin, dont Bordeaux-Créon, depuis 2019. « On visait 100.000 voyageurs par an et ça tangente les 200.000 et ça continue à augmenter », souligne Clément Rossignol-Puech, président du bassin Gironde-Garonne de NAM et porté il y a quelques jours à la présidence de cette commission locale des mobilités de Gironde. Dans le détail, quelque 900 voyages par jour sont dénombrés, dont 41% concernent des déplacements domicile-travail. Début janvier dernier, Bordeaux-Blaye a également été mise en service et quatre autres lignes ont été identifiées : entre Bordeaux et le nord du bassin d’Arcachon avec une ouverture espérée pour l’automne prochain, contournement sud-ouest de l’agglomération bordelaise entre la zone aéroportuaire et l’A62, Bordeaux-Médoc et enfin une ligne dite « Val de l’Eyre ». L’ensemble devrait être achevé « soit en septembre 2024 soit en 2025 », annonce Clément Rossignol-Puech.

Autosolisme vs covoiturage

« Avec les études qu’on a faites avec les opérateurs d’autoroutes, on a vérifié et confirmé ce qu’on peut faire pour éviter l’autosolisme, en amont de l’entrée sur la métropole », poursuit Renaud Lagrave. Deux lignes de covoiturage sont ainsi étudiées sur les pénétrantes au niveau de l’A62 et de l’A10, ce qui impliquera de mettre en place des voies réservées. « On s’inscrit dans la discussion entre l’Etat et les concessionnaires pour avoir cette voie réservée dans le cadre de la nouvelle concession », indiquent les élus. « Ensuite on s’est posé la question, comment faire en sorte que tout ça se rejoigne à un endroit ? », ajoutent-ils. « D’où les hubs de mobilité, on a listé tous ceux qui étaient possibles dans la région, avec six niveaux de rabattement différents, pour une bonne évaluation de la capacité multimodale », décrit Renaud Lagrave. « On en étudie 90, avec à terme des facilités de stationnement pour les voitures mais aussi les vélos, dont ceux en libre-service déployés par NAM. Et on va aussi permettre la mise en relation des différentes communautés de covoiturage qui émergent », abonde Clément Rossignol-Puech.

Collecter le nerf de la guerre

« C’est un panorama ambitieux, pour la première fois avec un vrai financement adossé », poursuit-il. Si le principe de base - 0,5% de la masse salariale chez les employeurs, publics comme privés, de plus de 11 salariés - est simple, la mécanique de collecte de ce VMA, réalisée par l’Urssaf et la MSA, s’avère particulièrement peu lisible. Notamment les zones concernées. « C’est très compliqué », déplorent les élus qui exhibent une carte du territoire girondin dont les nombreuses nuances d’un dégradé de vert n’inspirent pas la simplicité. « Un patchwork incompréhensible, les entreprises ne vont pas comprendre pourquoi certaines sont prélevées et pas d’autres. On a interrogé la DGITM (ndlr, Direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités), on a fait un courrier à tous les parlementaires de la Nouvelle-Aquitaine, pour essayer de faire uniformiser tout ça. On a été écoutés mais sera-t-on entendus ? »

Toujours est-il qu’à ce jour, selon les estimations, ce VMA devrait apporter à la commission locale des mobilités de Gironde un budget de 7 millions d’euros par an. L’ensemble des lignes de car express devrait coûter 14 millions, la moitié financée par NAM et les 50% restants par la Région Nouvelle-Aquitaine et Bordeaux Métropole. Autant dire que, sauf bonne surprise, la manne du VMA est déjà consommée. « Pour le reste, ça sera à voir entre les membres. L’idée sera de faire un règlement d’intervention au sein de Nouvelle-Aquitaine Mobilités », annonce son président. Dont le syndicat mixte chapeaute cinq aires de mobilités. Si la Gironde « a essuyé les plâtres », les voisins de Nouvelle-Aquitaine ne restent pas immobiles. « Tous les bassins s’y intéressent et bossent comme des romains sur le sujet », reprend Renaud Lagrave.

Un travail de longue haleine alors que Modalis voit le bout du tunnel. À l’échelle du territoire néo-aquitain et des 36 AOM, tous les abonnements peuvent être sur la même carte. « Ce qu’il reste à faire, c’est avoir les billets à l’unité sur une carte unique », précise Renaud Lagrave. « À partir de 2025, on va ajouter toute la billettique et tout le système de vente du Conseil régional. Sur l’application Modalis, vous aurez la possibilité d’acheter votre billet du réseau TER, celui pour TBM, un vélo en libre-service… Ne manqueront que les TGV et Intercités, puisque la SNCF et l’Etat ont décidé de continuer à travailler tous seul. Et dès cette année, on va refondre le site web Modalis, qui était assez institutionnel jusque-là et va désormais avoir cette dimension MaaS, mobilité as a service, pour faire son trajet sans avoir à se demander qui gère quoi », conclut-il.

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