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Performind améliore les performances des sportifs grâce à la réalité virtuelle - Premium

Demain
mercredi 23 mars 2022

Le Paris FC fait partie des clients de la startup bordelaise. Crédits : Performind

La startup Performind conçoit des exercices en réalité virtuelle, permettant aux sportifs de haut niveau de travailler leurs fonctions cognitives. Après avoir séduit - entre autres - des clubs de Ligue 2 de football, elle veut s'étendre sur le marché français. Et ambitionne de se déployer, l’année prochaine, à l’international.

Quand la réalité virtuelle se met au service des sportifs de haut niveau, cela donne naissance à Performind. La startup a été créée en 2021, d’une collaboration tripartite entre Benjamin Delage, dirigeant de Sport Evénements Communication ; et entre Gautier Ciaudo et Thomas Sebire, cofondateurs de Glitch Studio. « Le projet remonte à presque trois ans, présente Benjamin Delage. Nous avons commencé à travailler ensemble sur le côté divertissement de la réalité virtuelle, pour les sportifs de haut niveau. Nous avons été approchés par des professionnels du sport – entraîneurs ou préparateurs physiques -, qui voulaient voir ce qu’on réalisait. Puis au fur et à mesure des échanges, ils nous ont livré leurs problématiques pour entraîner les sportifs, sur l’aspect visuel comme cognitif. »

Le projet prend alors de l’ampleur, et la société Performind est officialisée. Grâce à un casque de réalité virtuelle, les utilisateurs peuvent réaliser huit exercices pour travailler leurs fonctions cognitives. Si le domaine est vaste, la startup s’est focalisée sur cinq aspects de l’entraînement : l’attention et la concentration ; la perception visuelle, auditive et haptique ; le raisonnement ; la mémorisation ; et la motricité. « En travaillant ces piliers, le but est d’entrer assez rapidement dans une phase de concentration pour avoir un temps de réaction visuelle le plus court possible, reprend Benjamin Delage. Pour ensuite, avoir le temps de raisonner, mémoriser et déclencher l’action motrice. On a l’impression que c’est un temps long mais en fait, cela prend souvent une demi-seconde. Ces exercices apprennent aux sportifs à effectuer ce cheminement de manière naturelle, pour que ça ne soit pas fatigant le jour du match ou de la compétition. » 

Sports collectifs comme individuels

Cette technologie s’adresse à deux types de clients : les sportifs et leurs entraîneurs. Ces derniers peuvent gérer à distance les entraînements via une plateforme qui collecte et analyse les données, et identifier les leviers de progression. Commercialisée sous forme de licences d’abonnements depuis « une petite année », la solution de la startup compte 150 utilisateurs. Notamment des footballeurs de Ligue 2, évoluant au Paris FC ou au Pau FC. Performind travaille tant avec les professionnels que les jeunes des centres de formation, « car plus on forme tôt un jeune, plus il sera à l’aise lorsqu’il atteindra le haut niveau », commente le cofondateur. Benjamin Delage et ses associés travaillent également avec des CREPS, des centres de ressources, d’expertise et de performance sportive. « Pour le handball, le basket, et tous les sports individuels, énumère notre interlocuteur. Par exemple, nous avons travaillé avec un copilote du Paris-Dakar. Dès que le cognitif et le visuel entrent en jeu, on peut travailler. »

Performind ne se positionne aujourd’hui que sur le segment du BtoB, même si la jeune pousse n’est pas complètement contre un élargissement de sa clientèle. « Nous avons déjà pensé au BtoC, oui. Mais nous restons pour le moment sur notre secteur. Lorsqu’on aura atteint nos objectifs, qu’on sera bien en place, il ne sera pas difficile de passer sur du sport santé ou des clients particuliers car les exercices existeront déjà. »

Bientôt des clubs de Ligue 1 ? 

Cette année, la startup est dans une phase de consolidation. De ses clients actuels, aussi de sa R&D. Car si elle a construit ses deux principales briques technologiques (une bibliothèque d’exercices et la plateforme internet dédiée à l’analyse des résultats), le développement se poursuit. « Par exemple, on travaille sur le côté émotionnel avec les sons et la musique, illustre Benjamin Delage. Un peu comme dans un jeu vidéo, avoir un rythme sonore plus accéléré à certains moments peut ajouter un stress supplémentaire. Ensuite, on travaillera sur l’ajout d’éléments perturbateurs. » Performind espère compter une centaine d’utilisateurs supplémentaires d’ici la fin de l’année, avant d’attaquer un plus large marché français – mais aussi international. L’Allemagne, le Canada ou l’Angleterre utilisent déjà la réalité virtuelle dans le sport de haut niveau, mais l’Espagne, l’Italie pourraient être des marchés ciblés par l’entreprise bordelaise. « On ira là où les opportunités nous mèneront, car il y a déjà des concurrents – des confrères, plutôt -, qui se positionnent sur la même activité que nous », réfléchit le cofondateur.

Des discussions avec plusieurs clubs de Ligue 1 sont aussi entamées, ainsi qu’avec les centres de formation. « Mais le marché français est très compliqué, renchérit Benjamin Delage. Car nous utilisons une nouvelle technologie, et souvent il faut avoir des publications scientifiques pour être crédible. Nous, ce n’est pas forcément le créneau qu’on a choisi. On s’est appuyé sur des exercices existants, sur énormément de documentation mais nous n’avons pas le tampon d’un laboratoire, d’une publication. » Performind travaille tout de même avec un laboratoire sur ses programmes, et avec un centre de performances suisse, qui utilise les exercices dans des situations de commotions cérébrales. « Que ce soit pour le rugby, le basket, le judo, le football… Il y a beaucoup plus de commotions qu’on ne croit. La santé pourrait d’ailleurs, plus tard, être une voie de développement ! »

Pas de clubs bordelais parmi les clients

Une seule difficulté se pose, aujourd’hui : la société ne compte aucun client bordelais. Une situation que son cofondateur ne comprend pas, malgré, selon lui, des demandes de contact envoyées. « Je trouve ça difficile que personne ne s’intéresse à ce qu’on est en train de faire, chez nous. C’est une vraie interrogation car il y a ici des clubs de hockey, de basket, de football, de rugby… Ils pourraient se tourner vers des acteurs locaux pour s’améliorer ! »

Malgré cette frustration, la jeune pousse avance, dégage des ressources, et les réinvestit intégralement dans son développement. Ses cofondateurs s’appuient sur leurs entreprises respectives pour vivre, et misent sur l’autofinancement pour poursuivre leur développement. Performind a tout de même perçu une subvention de la Région Nouvelle-Aquitaine, et est incubée par Unitec. « Nous ne comptons pas boucler de levée de fonds pour le moment, mais c’est une question que nous nous poserons sûrement l’année prochaine, envisage Benjamin Delage. Pour décrocher de nouvelles parts de marché, aller plus loin, plus vite. »

Performind
Basée à Bordeaux
CA : n. c. 

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