Placéco Gironde, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Des difficultés de financement poussent Railcoop à reporter son lancement

Demain
lundi 04 avril 2022

Railcoop a lancé son activité de fret en novembre 2021. Crédits : Typhaine Deleye

La coopérative ferroviaire Railcoop, qui prévoit de remettre en service des trains passagers entre Bordeaux et Lyon, vient d’annoncer un nouveau retard sur son calendrier. À l’origine de cette décision, des difficultés pour convaincre les financeurs ; et l’impossibilité de lancer en temps voulu la rénovation des rames d’occasion.

Au départ, les trains de voyageurs de Railcoop devaient être mis en circulation en juin prochain ; pour relier Bordeaux à Lyon. Après un premier report à décembre 2022, la coopérative vient d’annoncer un nouveau retard… Sans préciser le nouveau calendrier. Une décision motivée par deux éléments majeurs : un tour de table pas encore bouclé ; et la rénovation des rames d’occasion, conditionnée à l’apport de financeurs. « Nous sommes une jeune entreprise créée il y a à peine plus de deux ans, rappelle Dominique Guerrée, président de Railcoop. En plus, nous somme une coopérative, ce qui complique les choses car les institutionnels ont l’habitude de siéger au conseil d’administration ; ce qui n’est pas possible dans notre cas. »

Pour aller plus loin : Railcoop veut relancer la ligne ferroviaire entre Bordeaux et Lyon

Autre élément qui explique la réticence des banques et des investisseurs institutionnels : l’absence d’actifs de la coopérative, qui ne possède pour le moment ni bâtiment, ni matériel. « Nous devons donc faire de nouvelles prévisions pour notre business plan », reprend Dominique Guerrée. Car ce nouveau retard a un coût qu’il faudra financer, pour un tour de table final qui s’élèvera à plusieurs dizaines de millions d’euros d’emprunt. « Si l’on doit rassembler 40 ou 50 millions d’euros, le pôle bancaire – avec qui nous sommes toujours en train de travailler – nous demande la moitié en fonds propres, soit 20 à 25 millions d’euros. On ne peut pas les trouver ! » L’une des solutions dont pourrait se saisir Railcoop, serait une garantie publique. Son président assure que la coopérative « est en train d’œuvrer en ce sens, auprès de Ministères et de Régions » pouvant se porter garants. Des portes « qui sont en train de s’ouvrir », mais qui restent pour le moment à l’état d’hypothèses.

Ouvrir le capital aux personnes morales 

Aujourd'hui, la jeune société dispose de 7 millions d’euros de fonds propres – 5 millions d’euros de capital social et une levée de fonds participative de 2 millions d’euros. Elle peut aussi compter sur ses 12.000 sociétaires, et sur sa récente activité de fret. Des éléments qui apparaissent au fil des mois, et qui renforcent la crédibilité du projet. Le fret a ainsi été lancé en novembre 2021, et connaît une montée en puissance. « Même si ça représente dix fois moins que ce que sera notre activité passagers, cela va nous constituer un petit chiffre d’affaires, se réjouit Dominique Guerrée. Aujourd’hui nous transportons de la palette essentiellement, à raison de deux trains par semaine, et nous allons passer à cinq trains dans les mois à venir. » En 2023, ce segment d’activité pourrait avoisiner les 3 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Autre élément, dans les trois mois à venir, Railcoop ouvrira son capital aux personnes morales et institutionnelles - ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent - pour espérer lever entre 2 et 3 millions d’euros, venant renforcer ses fonds propres. « Il faudrait peut-être une aide plus large de la part des pouvoirs publics aux nouveaux entrants, réfléchit le président de la structure. Un coup de pouce de la part de l’Etat ou de l’Union européenne, que ce soit dans le secteur du ferroviaire ou de l’énergie ; si on veut une vraie ouverture à la concurrence. »

Garder le cap et avancer

Du côté des sociétaires, Dominique Guerrée assure que ces derniers soutiennent la coopérative. Si Railcoop s’est posé la question d’un risque de méfiance, en repoussant encore l’échéance de son projet, le mot d'ordre reste la confiance. « Il faut continuer, et ce qu’on fait. C’est grâce à nos sociétaires qui nous soutiennent moralement et financièrement qu’on avance, et ça, ça donne de l’espoir. » Quant à SNCF Réseau, avec qui Railcoop traite pour faire passer ses futurs trains, Dominique Guerrée se veut là aussi rassurant. « Si on a eu quelques difficultés au démarrage, peut-être de compréhension, on peut aujourd’hui dire qu’il y a une bonne entente entre nos équipes et les leurs. » Une fois le tour de table financier bouclé, il sera temps de régler la seconde raison du report : le délai de rénovation des rames ferroviaires.

Railcoop
Basée à Figeac (46)
33 salariés
12.000 sociétaires

Sur le même sujet