Sel et fleur de sel de l’île de Ré : une récolte 2024 en demi-teinte - Premium

Lorsque les jours rallongent et qu’il fait assez chaud pour que l’évaporation soit suffisante, les sauniers récoltent leur sel. Chaque année sur l’île de Ré, 3.000 tonnes sont produites sur toute la filière (1.600 hectares de marais) dont 2.500 au sein de la coopérative du sel de l’île de Ré. Une petite production au regard de la consommation annuelle française (200.000 tonnes pour la consommation alimentaire) qui est pourtant une tradition vielle de mille ans sur l’île. La récolte 2024 a été perturbée par une météo maussade et un été qui a peiné à se montrer. « Ce ne sont pas les fortes pluies qui sont problématiques, c’est leur fréquence, explique Boris Zukanovich, directeur de la coopérative du sel de l’île de Ré, une pluie tous les trois ou quatre jours diminue la salinité des eaux de mer et tout le travail d’évaporation est à recommencer. Bien sûr, ce n’est pas évident pour les sauniers. Les heures d’ensoleillement sont cruciales et on en a manqué en juin et en juillet. En revanche, août est un bon mois de récolte. »Il existe trois types de sel : le sel de mine (de table), le sel marin industriel et le sel marin artisanal. La fleur de sel est un produit rare, elle représente 1/10 de la collecte. Les agriculteurs ramassent 50 kilos de fleur de sel et 600 à 700 kilos de gros sel par aire saunante à l’année. Trois ans d'avance en stock pour la coopérative L'activité compte une centaine de sauniers dont 64 sont adhérents à la coopérative. Les agriculteurs qui travaillent en leur nom propre fixent leurs prix et gèrent en autonomie leur production et leur stock. Les professionnels adhérents, eux, collectent le sel de façon indépendante et livrent leur production à la structure, leur client exclusif. Une différence notable puisque les sauniers de la coopérative ne sont pas impactés financièrement lors de récoltes dîtes moyennes. « Nous avons trois ans d’avance de stock donc nous avons de quoi tenir, précise le directeur avant d’ajouter, c’est pour cela que la bonne gestion de la coopérative est essentielle car elle a un impact direct sur la rémunération des sauniers. » Les sauniers adhérents sont rémunérés au poids : 400 euros par tonne de gros sel et 4.000 euros par tonne de fleur de sel. « On va faire une année médiocre, les acteurs du sel le savent bien. Mais la coopérative va pouvoir l'absorber sans amputer les professionnels. Il faudrait trois ou quatre années difficiles pour que la coopérative soit mise à mal et le salaire des agriculteurs empiétés », précise le directeur de la coopérative dont 95% du chiffre d’affaires (3 millions d’euros) est reversé aux adhérents, et 5% couvrent les charges et les amortissements d’outils industriels.À lire également : Le sel de l'île de Ré face à la concurrence du marché mondial 14 ans pour être identifié IGP « L’indication géographique protégée (IGP) identifie un produit agricole, brut ou transformé, dont la qualité, la réputation ou d’autres caractéristiques sont liées à son origine géographique », définit l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO). Il aura fallu 14 ans pour que le sel de la coopérative du sel de l’île de Ré soit labélisé IGP. Un travail de négociation qui s’est joué avec l’INAO pour que les dénominations « sel de l’île de Ré » et « fleur de sel de l’île de Ré » soient reconnues en indication géographique protégée. « C’est impossible pour l’instant de savoir si le label améliore ou non les ventes de la coopérative, mais c’est l’objectif », explique Boris Zukanovich notamment parce qu’il n’a pas encore terminé de logoter tous ses produits. Une décision purement écologique : « Je choisis de garder les emballages actuels jusqu’à épuisement du stock ». Il affirme que la labélisation ne modifiera en rien le prix de vente du sel. « On voit souvent le bio comme un label de produit couteux, l’IGP est un gage de qualité ». Une obtention qui résonne comme une reconnaissance pour la profession. À noter que la deuxième édition du festival du sel aura lieu le dimanche 8 septembre aux Portes-en-Ré de 10h00 à 19h00. Un évènement qui réunira les professionnels du secteur de toute la Charente-Maritime puisque les sauniers de la Seudre et de l’île d’Oléron seront également présents. Une occasion pour eux de valoriser leur métier et vendre leur production. Coopérative des sauniers de l’île de Ré CA 2023 : 3 millions d'euros Nombre de salariés : 25Nombre d’adhérents : 64

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