Santé : Numa Health lève 4M€ pour allier prévention et prédictions médicales - Premium

La startup rochelaise Numa Health accélère. Fondée il y a quatre ans presque jour pour jour, cette jeune healthtech est spécialisée dans le développement de solutions numériques pour le bien-être et la santé. En pleine pandémie de SARS-CoV-2, elle avait mis au point, avec le Groupement Hospitalier de La Rochelle, un algorithme qui permettait de prédire avec une efficacité de 70%, quels patient atteints par la Covid-19 risquaient de développer une forme sévère de la maladie, afin d’améliorer la prise en charge. Une solution totalement dans l’ADN maison : associer la recherche en biologie et la santé des données pour analyser, prédire et prévenir, afin « d’améliorer la santé de manière personnalisée ». Depuis, elle a lancé Health Pilot. Le principe ? Une solution en mode SaaS qui permet d’intégrer les données de santé. Les algorithmes développés et brevetés sont capables de lire des biomarqueurs présents dans le sang et de livrer en quelques instants un score de santé. Une base à partir de laquelle découlent explications pédagogiques et recommandations ciblées (nutrition, pratique sportive, mode de vie…). Pour l’heure, l’entreprise revendique quelque 1.200 utilisateurs actifs au travers de plus de 150 clients (grands groupes, ETI, PME, TPE, collectivités, associations et clubs sportifs). Des structures qui souhaitent sensibiliser leurs collaborateurs aux impacts du stress, dans une démarche de qualité de vie au travail. Ou des mutuelles qui veulent proposer cet outil à leurs adhérents… Les clients entreprises payent un abonnement annuel, calculé au nombre de collaborateurs concernés.La plate-forme Health Pilot, indicateurs et recommandations. Source : Numa Health Numa Health vient de tout juste de boucler une levée de fonds de 4 millions d’euros. L’opération se traduit par l’arrivée au capital d’acteurs très divers. Lesquels, outre l’apport financier, auront un rôle central dans les développements futurs de l’entreprise. Ainsi du groupe de biologie médicale Inovie, à la tête d’un réseau de plus de 530 laboratoires d’analyses médicales. « Avec eux, on va avoir une vraie industrialisation. Health Pilot va se retrouver sur leur plate-forme. C’est un marché assez gros, avec cinq à dix millions de biologies par an. Ça sera un modèle freemium : on fournira gratuitement le score de santé et on leur proposera de “jumper” sur l’offre payante », explique le co-fondateur et CEO Thomas Schmit. Concernant le groupe mutualiste d’assurances et de services Pasteur Mutualité, l’approche est différente : « Ca va permettre d’accélérer dans le domaine de la santé et de la prévoyance. La mutualité est un monde lent et complexe. L’idée est de montrer aux gros acteurs qu’on peut créer des modèles médico-économiques différents, diamétralement opposés à la logique actuelle où les mutuelles gagnent de l’argent grâce au différentiel entre cotisations et coût de l’assuré. L’idée est de maximiser la prévention, grâce à laquelle les dépenses de santé peuvent être moindres », déroule-t-il. Dans sa volonté d’avoir « un tour de table mixte », le dirigeant a également fait entrer au capital le fonds RSolutions, géré par la société de gestion indépendante française RGreen Invest. Le financement est complété par certains des business angels déjà à l’œuvre lors de la précédente levée d’1,3 million d’euros menée à l’automne 2020 et qui remettent au pot, ainsi que par Bpifrance, « qui amène de la dette, c’est non-dilutif », précise Thomas Schmit.Une autre (grosse) levée en vueEnviron deux tiers de cette importante manne vont permettre de financer le développement commercial. L’effectif de Numa Health, 15 personnes aujourd’hui, devrait monter à une vingtaine de collaborateurs d’ici fin 2023, notamment pour accélérer les ventes, mais aussi pour recruter des développeurs sur la partie techno et des scientifiques spécialistes de l’intelligence artificielle. Une IA qui sera plus que jamais indispensable, avec la volonté de l’entreprise d’allier à la prévention menée aujourd’hui, des possibilités de prédiction de pathologies. Où l’on parle de maladies lourdes : « Ca concerne les cancers du pancréas, du sein, de la prostate. on va essayer d’avoir un outil permettant de détecter très en avance de phase, dès les premiers déséquilibres. » Un projet toujours en phase de R&D où l’entreprise ira aussi compléter ses financements en participant à des appels à projets.En parallèle, Numa Health veut faire grandir la zone d’influence de son « approche non-médicamenteuse ». Dès 2024, elle veut adresser les pays limitrophes européens. Ayant réalisé 120.000 euros de chiffre d’affaires l’an passé, elle table sur 750.000 euros pour 2023 et vise entre 8 et 9 millions en 2025, année où l’entreprise devrait devenir rentable. Au soutien de ses ambitieux projets, elle pourrait alors lancer une nouvelle levée de fonds, de l’ordre d’une vingtaine de millions d’euros, notamment pour adresser les autres pays européens mais aussi se lancer aux USA. En attendant, concernant l’activité de prédiction, « il faudra valider nos cas d’usage et passer par le circuit de validation réglementaire, c’est très long, entre un an et demi et deux ans », rappelle le dirigeant. A cet horizon, « on prévoit d’être 55 personnes », calcule Thomas Schmit, qui insiste aussi sur son implantation locale. « C’est une réussite rochelaise, on a vocation à rester basés ici, avec une forte présence locale en plus de notre bureau parisien. » Un engagement de plus pour cette structure qui, l’an passé, a modifié ses statuts pour devenir société à mission. Laquelle pourrait à moyen terme « se splitter » autour de ses deux activités, à la fois pour des questions d'agilité que pour des raisons réglementaires.Numa HealthFondation en juin 2019Siège à La RochelleEffectif : 15 personnesCA : 120 k€ (2022), prévisionnel de 750 k€ (2023)

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