eDog, « petit Poucet » de la mobilité en libre-service à Bordeaux
Les scooters d'eDog sont en circulation depuis le 1er novembre. Crédits : eDog
Retenu dans l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) de Bordeaux Métropole, pour réguler l’offre de « free floating » sur le territoire, eDog déploie son scooter orange depuis novembre. Et veut, à terme, répliquer son modèle dans les villes moyennes de Nouvelle-Aquitaine, pauvres en solutions de mobilité.
Peut-être avez-vous remarqué, depuis le 1er novembre dernier, de nouveaux scooters, oranges, accessibles en libre-service dans Bordeaux. Ces deux-roues sont ceux de la société girondine eDog, créée par neuf associés, dont plusieurs sont ingénieurs de formation… Et anciens salariés de sociétés similaires. « Jean-David Mora, le président d’eDog, a commencé à réfléchir à un scooter plus efficace, présente Thierry Lecoq, directeur général de l’entreprise. L’offre existait déjà, mais il s’est dit qu’on pouvait faire mieux. ». Entre décembre 2021 et janvier 2022, les associés se regroupent pour travailler à l’élaboration d’un nouvel opérateur de scooters « 100% bordelais ». Décision est prise d’utiliser un scooter de la marque Soco, fabriqué en Chine et fourni par l’entreprise yvelinoise Pink Mobility. « Il est plus léger, donc plus efficace, la batterie tient plus longtemps et consomme moins d’énergie », résume Jean-David Mora. L’application mobile, seconde pierre angulaire du projet, est développée par la société milanaise 2Hire.
Mais plusieurs opérateurs de scooters en libre-service existent déjà sur la métropole bordelaise, et eDog doit trouver un levier pour faire sa place. Et décide de répondre à l’appel d’offres lancé par Bordeaux Métropole pour réguler le « free floating », et de tout miser, ou presque, sur la possibilité d’être retenu. « On testait déjà nos scooters depuis plusieurs mois, c’était un vrai pari pour nous, se rappelle le directeur général. On avait d’autres axes de développement comme le Bassin d’Arcachon, la location plus traditionnelle… » « Mais on ne vous cache pas que l’objectif, c’était l’appel d’offre », complète le président de la structure.
250 scooters en circulation d'ici janvier
Pari finalement réussi, puisque le 1er novembre, eDog déploie une centaine de scooters flambants neufs dans les rues de Bordeaux. Et renforce progressivement son offre, pour atteindre à terme 250 véhicules qui seront répartis dans 21 communes métropolitaines. « Avant, Bordeaux était la seule ville concernée par le free floating. Aujourd’hui c’est toute la métropole, et ça ouvre une zone de jeux gigantesque », explique Jean-David Mora. « L’enjeu, normalement, c’est de mailler suffisamment le territoire pour que l’utilisateur ait forcément un scooter près de lui… C’est faisable dans Bordeaux, mais au-delà c’est beaucoup plus difficile », complète Thierry Lecoq. eDog comme Yego, second opérateur retenu par Bordeaux Métropole, fonctionneront donc par ilots pour centraliser leurs deux-roues dans les communes limitrophes à la ville centre. « Nous regarderons ensuite les points de stationnement qui sont prisés et ceux qui le sont moins, déroule Thierry Lecoq. Car pour nous, un scooter qui fait juste un aller-retour matin et soir n’est pas rentable. Le minimum, c’est trois ou quatre trajets par scooter et par jour avec un vandalisme de 5% sur notre flotte. » De même, eDog ne peut être rentable en dessous de 100 véhicules en circulation.
Consciente de son statut de « petit Poucet », la jeune société entend bien faire ses preuves. Dans les 600 m² de locaux qu’ils occupent non loin de Darwin, rive droite, la quinzaine de salariés s’activent pour que la boutique tourne. Le pôle service après-vente répond directement aux usagers, les mécaniciens assurent la maintenance, et les logisticiens rechargent les batteries qui peuvent tenir entre 90 et 100 km. « C’est difficile de communiquer sur le nombre d’usagers, car on a démarré il y a un mois et demi et ce n’est pas énorme. Mais nous enregistrons 10% d’inscrits supplémentaires chaque semaine », commente Jean-David Mora.
Vers un développement régional ?
Côté véhicule, un scooter sera rentabilisé, pour l’opérateur en 12 à 24 mois. Tous les deux ans, eDog prévoit de renouveler 30% des pièces, qui seront ensuite recyclées, pour que le scooter ait une durée de vie de trois à quatre ans. « On réfléchit à leur trouver une seconde vie, reprend Jean-David Mora. La batterie peut tenir dix ans, mais au bout de quatre ans, l’autonome n’est plus optimale. Donc, pourquoi pas la donner à une entreprise partenaire qui va la recycler, ou la remettre en service sur des engins plus petits. »
eDog réfléchit également à un rayonnement régional. Et voudrait, à moyen terme, se développer dans des villes moyennes ne bénéficiant pas aujourd’hui d’un service de free floating. « Aujourd’hui, c’est la course à l’Europe pour les opérateurs français. Nous, nous voulons rester un acteur local et nous ancrer dans des villes délaissées en matière de mobilité. » Mais en attendant un tel déploiement, eDog doit d’abord s’assurer une rentabilité à Bordeaux. Et passer la période hivernale, « creux de la vague » pour les opérateurs. « Les six mois d’été représentent 75% du chiffre d’affaires annuel. C’est un sacré défi, de s’être lancé en novembre », conclut Thierry Lecoq.
eDog
Basée à Bordeaux
15 salariés