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Recherche : Comment l'UPPA veut séduire les PME régionales et lancer plus de startups - Premium

Écosystème
lundi 24 juillet 2023

Christophe Derail, Vice-Président de l'UPPA en charge des partenariats et de l'innovation. Crédits : UPPA

Second appel à projet du plan France 2030 remporté par l’Université de Pau et des Pays de l’Adour dont plusieurs axes se font en coopération avec des partenaires de l’Université de Bordeaux. Éclairage sur Sud Aquitaine Innovation, un programme doté de 5,5 millions d’euros, avec Christophe Derail, Vice-président Partenariat et innovation de l’UPPA.

Deux projets remportés auprès du ministère de la Recherche en deux mois. Comment l’expliquez-vous ? Simplement par la mobilisation et l’engagement des acteurs. En réalité, ce dernier dossier était porté, au-delà de l’université, par d’autres acteurs : le CNRS, l’INRAE, l’INRIA, la Société d’Accélération du Transfert de Technologies vers la sphère industrielle Aquitaine Science Transfert et l’Adera. Ces deux dernières structures ont des compétences et des services que nous partageons avec nos collègues de Bordeaux. Ce PUI implique une cinquantaine de partenaires. Il prolonge en quelque sorte le label d’excellence national “Initiative Science, Innovation, Territoires, Économie” (I-site) que nous avons eu en 2017 et qui a été confirmé l’an passé.

En quoi consiste exactement ce programme Sud Aquitaine Innovation ?
Notre territoire possède un tissu industriel important. Qui dit industrie dit recherche et qui dit recherche dit compétences. L’UPPA, avec ses dix-neuf laboratoires de recherche, ses 600 chercheurs et enseignants chercheurs et tout autant de doctorants est un important vivier pour l’industrie. Les relations entre l’industrie et l’université se sont donc naturellement nouées, en particulier avec les grands groupes, bien sûr avec le développement du bassin de Lacq. Ce que l’on souhaite tout d’abord faire, avec Sud Aquitaine Innovation, c’est aller beaucoup plus vers les PME de la région. L’idée de France 2030, c’est la réindustrialisation de la France en aidant tout d’abord l’existant à se développer. Le second volet au cœur de notre projet consiste à permettre de renforcer la création de startups issues de la recherche académique.

Comment concrètement allez-vous aller vers les PME. L’UPPA compte-t-elle embaucher des VRP ?
On n’est pas très loin de l’idée. Cela peut surprendre parce que l’on n’est pas forcément attendu sur ce genre de terrain, mais je le confirme. Nous allons recruter pour accroître le nombre de nos chargés d’affaires pour promouvoir nos labos et chercher des coopérations sur des résultats de recherche exploitables. Il y a des instruments dans nos laboratoires, des compétences qui n’existent nulle part ailleurs en Europe. Le message va consister à faire comprendre aux entreprises qu’y accéder leur permettra peut-être de se développer plus vite. Nous nous appuierons aussi sur les branches professionnelles, les organisations interprofessionnelles. Nous utiliserons aussi notre cluster dédié, le CEPyA, club des entreprises de l’Université de Pau et des pays de l’Adour. La complexité, dans ce domaine, est la temporalité. La recherche, c’est du temps long. Les PME sont, elles, dans le temps court, ce qui est moins le cas pour les ETI. Tous ceux qui font de la R&D le savent. On est dans le très long terme. Un exemple que je connais bien. Je dirige un laboratoire commun avec Urgo. Ensemble nous avons déposé plusieurs brevets, mais cela a nécessité 10 années de recherche. Nous travaillons aussi avec Arkema et Saft sur le développement de batteries tout solide. Là aussi, c’est un travail à petits pas, je ne parle même pas de ce que nous faisons depuis des années avec Total ou Terega.

En réalité, ce qu’il faut savoir, c’est que dans toutes ces coopérations, on n’est pas forcément toujours sur des questions très technologiques. Il peut s’agir de se doter de connaissances dans des domaines très larges, des résultats de recherche qui sont publiables. C’est d’ailleurs la mission de la SATT Aquitaine Science Transfert que nous partageons depuis une dizaine d’années avec nos collègues bordelais. Il s'agit de repérer et protéger ces résultats, déposer des brevets ou des licences lorsqu’il s’agit de code informatique et ensuite les vendre à des tiers. Cela nous permet de créer des barrières à l’entrée et d’investir dans des résultats de recherche qui seront peut-être à terme de nouvelles technologies. Il y a aussi ce que nous faisons depuis des années avec l’Adera, qui gère pour notre compte et pour l’université de Bordeaux, des contrats de recherche avec les industriels. Elle héberge des cellules de transfert dont le but est, là encore, de transformer des résultats de recherche en startup. Il y a une vingtaine d’années, on était allé plus loin avec une étape intermédiaire qui consistait à laisser le résultat de recherche dans le laboratoire et à le confier à un ingénieur qui s'en emparait et créait le marché. En faisant de la prestation sur la base de ce résultat de recherche auprès du monde industriel, l’entreprise intéressée démarrait avec un marché, une sorte de pré startup en quelque sorte.

Le pôle comprend aussi un volet sur les startups. Vous pouvez nous en parler ?
Il y a dix ans, il se créait moins de 100 startups issues de la recherche académique par an. Les PUI en général, font partie de la stratégie qui vise à en augmenter le nombre. Avec le plan Deeptech porté par la BPI, les SATT et les incubateurs, le ministère a communiqué vers les universités pour qu’elles soient plus présentes. L’an passé, on en a dénombré 367 et l’idée des PUI, c’est d’atteindre les 500 et plus. L’UPPA se donne donc les moyens de booster l’innovation qui sort de ses laboratoires. Elle va en ce sens exploiter la ressource que constituent ses propres étudiants. L’UPPA compte en effet chaque année une centaine « d’étudiants entrepreneurs », un statut reconnu et encadré par l’État. Ces étudiants sont accompagnés pour devenir chefs d’entreprises. L’objectif est d’en faire monter le nombre à 140. Étudiants et pourquoi pas aussi chercheurs de l’université, qui, via notre incubateur chrysa link vont porter eux-mêmes les résultats de leur recherche jusqu’au bout et devenir entrepreneur. Pour ceux qui ne le souhaitent pas, notre PUI va créer un « startup Studio ». L’idée est de faire venir des entrepreneurs en résidence, pour regarder les projets qui peuvent les intéresser et les porter. Cette démarche se fera sur tous nos sites, Pau, Bayonne, Anglet, Mont-de-Marsan, et même Tarbes. D’une façon plus générale, tout l’écosystème s’implique dans ce projet de PUI. Je ne prendrai qu’un seul exemple, celui des technopoles. Plus nous créerons de startups, plus elles en accueilleront. L’UPPA, aujourd’hui, c’est une startup par an. Avec Sud Aquitaine Innovation, l’objectif est d’en avoir 5 ou 6 chaque année.

Quelles sont les échéances pour ce chantier ?
En réalité, les appels à projets du Ministère sur les PUI se sont déroulés en deux temps et nous savions depuis quelques mois que nous étions préqualifiés. Nous avons pu de ce fait anticiper et le recrutement sur le poste de directeur opérationnel est en cours. De fait, c’est dès le mois de septembre que le programme va s’engager.

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