Garlin : Miraïa revoit son projet d’usine de biochar pour répondre aux critiques - Premium

À ma gauche, le Collectif « Forêts vivantes Pyrénées », connu pour son opposition aux projets consommateurs de biomasse. À ma droite, les dirigeants de Miraïa, startup industrielle toulousaine, portant sur le territoire de la commune de Garlin le projet d'une usine de production de biomasse. Au centre, jouant le rôle d'arbitre, Bernard Peyroulet, président de la Communauté de communes des Luys en Béarn, et face à lui, dans la Halle municipale de Garlin, un public fourni d'habitants du territoire venus assister au débat. « On a entendu des inquiétudes, expose l'élu, et il est important de les laisser s’exprimer ». « On écoutera d'abord les arguments du collectif, puis ceux de Miraïa », annonce-t-il, émettant le souhait d'un débat « entre adultes », puis, « on est en démocratie, on se rangera à la majorité ».Le collectif Forêts Vivantes Pyrénées a ouvert le débat en exprimant ses craintes sur la pression croissante exercée sur la ressource forestière : « Il n’y aura pas assez de bois pour tous les usages », a alerté un intervenant, citant les besoins cumulés de douze projets similaires dans le Sud-Ouest, estimés à trois millions de tonnes de bois par an.Suppression des tours de 26 mètres et réduction des besoins en bois Pour Thomas Metz, fondateur de Miraïa, « l’objectif est de minimiser notre impact, on comprend les tensions qu’il va y avoir sur la filière bois ». À ce titre, plusieurs évolutions importantes ont été actées : la suppression des réacteurs verticaux de 26 mètres de haut, remplacés par des fours rotatifs horizontaux, permet une diversification des intrants et une réduction de la consommation de bois. À lire également - Pourquoi Miraïa a choisi Garlin pour son usine de biochar Julien Marchal, responsable du développement commercial, précise : « On est passés d’un besoin de 135.000 tonnes à 120.000 tonnes annuelles, et surtout, on a réduit de 35.000 tonnes notre besoin en bois rond. » Désormais, la moitié des matières premières proviendra de bois de recyclage : chutes de scierie, palettes, bois d’élagage, bois urbain. Autre ajustement majeur, les installations seront intégrées dans des bâtiments clos d’une hauteur maximale de 12 mètres. « Tout est conçu pour être le moins visible et le moins intrusif possible », assure Thomas Metz. Concernant la consommation d’eau, souvent pointée du doigt, Julien Marchal précise que « le chiffre de 15 .000 m³ par an concernait un ancien projet dans le Tarn. Ici, on est à 1.000 m³ par an, c’est une consommation minime ». Une production diversifiée, des débouchés identifiés Le site vise à produire deux types de produits : du biochar, utilisable comme puits de carbone dans l’agriculture, la construction ou la métallurgie, et de la biohuile, un hydrocarbure valorisable dans les raffineries, les cimenteries ou le transport maritime. « On est déjà en train de tester des échantillons avec l’aciériste Celsa à Bayonne », souligne Julien Marchal. Il insiste également sur la qualité des produits : « Le biochar issu du bois présente très peu de polluants, il a un bon pouvoir de rétention en eau et un pH modéré qui le rend compatible avec les sols. » Concernant les nuisances potentielles, Miraïa rappelle que le projet sera soumis à la réglementation ICPE (Installation classée pour la protection de l'environnement). « On utilise uniquement du bois propre, non traité, non peint, qui n’a connu aucune pollution tout au long de sa vie », précise Thomas Metz. L’usine, conçue comme un démonstrateur industriel, vise à tester le produit final auprès de clients ciblés, non à valider la technologie, déjà éprouvée. À lire également - Lacq : Elyse Energy franchit une nouvelle étapeSur le volet emploi, Thomas Metz annonce « la création de 35 postes directs sur site : opérateurs, techniciens de maintenance, ingénieurs, responsables qualité ». Le trafic logistique, estimé à 23 camions par jour, générera également des emplois indirects. Quant aux inquiétudes sur la concurrence avec d’autres usages du bois, Julien Marchal répond : « On ne va pas faire du biochar avec du maïs. Le bois reste le plus pertinent pour les usages agricoles. Mais on n’exclut pas, à terme, de soutenir la reforestation sur les parcelles en déprise. »« Quand on a fait le choix d’écouter Miraïa, c’est aussi parce que depuis une quinzaine d'années, on n’avait pas eu de candidats à venir s’installer sur le territoire. Ce sont des terres à vocation industrielle, et notre territoire a été identifié par l’État comme un Territoire d’industrie, plaide en conclusion, Bernard Peyroulet. Si, malgré cela, on refuse les projets, ce sont d’autres territoires qui les accueilleront. »

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