Agriservice 640 (ex-Larrieu) grandit encore - Premium

Agriservice 640 est le fruit d’une fusion actée depuis janvier 2024. Entre d’une part l’entreprise Larrieu à Arzacq, créée par Robert Larrieu, avant d’être reprise par Pierre, son fils, puis revendue à la société lot-et-garonnaise Sodepac, en 2021. Et de l’autre Agriservice, née avec Robert Poutet à Monein, et poursuivie par Édouard Lecomte. Le siège social d’Agriservice 640 se trouve à Arzacq. « On a gardé ce nom-là qui nous paraissait en phase avec nos activités, et "640" parce qu’on est sur le 64 et le 40 », résume le directeur opérationnel Pierre Castagnos. L’entreprise, spécialisée dans le négoce agricole, emploie près de 20 salariés répartis sur les deux sites, pour un chiffre d’affaires annuel d’un peu plus de dix millions d’euros, en progression ces dernières années.Maïs à Arzacq, vigne à Monein « Le plus gros de l’activité à Arzacq reste l’approvisionnement grandes cultures - engrais, semences, produits de protection des plantes, etc, développe le responsable. On a aussi une partie collecte, on rachète leur production aux agriculteurs, à 90% dans le secteur du maïs. Et un peu de blé, d’orge, soja, tournesol. » Les substances chimiques stockées dans les hangars ne font cependant pas du site une Installation Classée pour la Protection de l’Environnement (ICPE) : « Le seul produit soumis à classification c’est l’ammonitrate (1), mais on est très loin des quantités qu’il faut pour être considéré comme dangereux, tient à rassurer Pierre Castagnos. Pareil pour les produits phytosanitaires, qui sont dans des bâtiments fermés sous clé, avec des bacs de rétention. Mais vu les quantités qu’on manipule, on est juste sur du déclaratif, et on est régulièrement inspectés par les autorités pour vérifier qu’on est conformes à tous les règlements. »À Monein, l’entreprise gère un magasin agricole en libre-service, Rural Master, qui commercialise des produits du jardin pour le grand public. « On a aussi une activité de produits pétroliers, ajoute le directeur. On vend du fuel pour les particuliers, et du GNR (2) pour les agriculteurs. » Là aussi, Agriservice 640 possède une activité collecte et approvisionnement, axée surtout sur la vigne. « On est l'un des derniers dépôts négociants sur le vignoble du jurançon. On vend des produits phytosanitaires, des bouteilles, des bouchons, des piquets, du fil de fer, des levures, du matériel de chai, etc. À part les étiquettes, on fait à peu près tout ! C’est pour ça qu’on a gardé le nom Agriservice, car l’ancien responsable de Monein souhaitait pouvoir fournir ses agriculteurs de A à Z. » L'entreprise spécialisée dans les fertilisants et semences connaît une croissance solide, et porte un projet d’agrandissement sur son site d’Arzacq. Crédits : L. G. En complément de cette large palette, le site d’Arzacq propose aussi une petite activité d’engrais de mélange. L’entreprise rayonne sur un secteur d’une trentaine de kilomètres alentour, d’une quinzaine pour Monein, et la fusion des deux entités a permis de s’étendre sur le territoire situé entre les deux communes, autour de Mazerolles et d’Artix. En tout, l’entreprise travaille avec environ 500 agriculteurs.« Pérenniser l’activité des négoces » Agriservice 640 évolue dans un secteur concurrentiel, avec notamment les coopératives Euralis basée à Pau, et Maïsadour dans les Landes, qui pourraient fusionner d’ici peu. « Et dans le négoce privé, il existe deux grands réseaux, Impaact - dont on fait partie -, et Actura, explique Pierre Castagnos. Aujourd’hui, du fait du rachat d’Agriservice, la Sodepac est sortie du capital de chez Larrieu. C’est France Négoce Investissements (FNI), la branche financière du réseau Impaact, qui a racheté 90% des parts de la structure, et moi-même qui, via une société, ai récupéré 10%. » Le réseau, qui sert aussi de centrale d’achats, entend ainsi pérenniser l’activité des négoces et permettre leur transmission. « Pierre Larrieu avait des enfants, mais qui ne souhaitaient pas reprendre, et c’est pareil pour Édouard Lecomte. Donc ça permet d’éviter que le négoce ne disparaisse, ou soit absorbé par les coopératives », éclaire le directeur. Dans un marché agricole « plutôt en contraction qu’en croissance », et malgré une concurrence rude, Agriservice 640 est en progression. « Aujourd’hui, le négoce connaît un regain de croissance par rapport aux coopératives, qui sont en perte de vitesse, avec des structures lourdes et de grosses difficultés financière. Elles ont plutôt tendance à fermer des dépôts et avoir moins de personnels, décrit Pierre Castagnos. Notre service et notre proximité nous permettent de récupérer des parts de marché. » L’activité d’Agriservice 640 en quelques chiffres La vente de fertilisants, semences, et produits phytosanitaires pour les grandes cultures représente 40% du chiffre d’affaires d’Agriservice 640, et autour de 15% pour la vigne. Idem pour la commercialisation de produits pétroliers, et la collecte des récoltes : 15% chacun. Enfin, le magasin de Monein compte pour 10% du chiffre. Sur le site d’Arzacq, Agriservice 640 porte un projet d’agrandissement : « Au moment du rachat, on avait pris la décision de rester localisés ici, souligne Pierre Castagnos, lui-même habitant de la commune voisine de Cabidos. Le dernier terrain industriel constructible à Arzacq jouxtait le nôtre, qui est situé en centre-ville. Notre objectif était de ne pas se retrouver enclavé, et d’avoir une réserve foncière suffisante pour s’agrandir. » La société a donc entrepris les démarches pour racheter la parcelle de 7.000 m² en question à la Communauté de communes des Luys en Béarn. Objectifs : augmenter la capacité de stockage en construisant de nouveaux hangars, mais aussi aménager des bureaux, et repenser les circulations sur le site, pour plus de sécurité et de fluidité. La vente devrait être finalisée cette année, et les projets pourraient voir le jour en 2026, pour un budget global de près d'un million d’euros.Passation de pouvoir en juillet Autant de perspectives qui enthousiasment Pierre Castagnos, aujourd’hui âgé de 43 ans : « Je suis issu d’une famille d’agriculteurs. On a encore une exploitation à Cabidos avec mon père », retrace-t-il. Après un bac scientifique agricole au lycée de Montardon, il a passé un BTS en productions végétales à Toulouse. Puis direction Rennes où il a poursuivi son cursus au sein de l’École Nationale Supérieure d’ingénieurs agronomes. Il travaillera tout d’abord comme chef de produit pour le fabricant d’engrais Fertinagro, basé à Misson dans les Landes. Puis il part à La Rochelle, chez Angibaud, du groupe Veolia, qui fabrique de l’engrais à base... de poisson. Après quoi il évolue sur la partie commerciale avec un poste en Espagne où il sera en charge du bassin méditerranéen, puis aussi du Moyen-Orient, des DOM-TOM, et ouvrira le marché de l’Amérique du Sud. À son retour en France, il est recruté chez Larrieu pour piloter le projet de reprise de Monein, et structurer la nouvelle entité. Le directeur général d’Agriservice 640 Denis Huré fera valoir ses droits à la retraite d’ici peu : Pierre Castagnos va donc lui succéder en juillet. « C’est un retour aux sources, commente ce dernier. Car pour l’anecdote, j’avais fait mon stage de Troisième ici ! Mes projets étaient de faire un bac technologique à Montardon, un BTS production animale, puis une formation en un an, pour être technico-commercial chez Larrieu », sourit-il. Celui qui sera donc sous peu le patron d’Agriservice 640 souligne : « On essaie de bichonner nos salariés pour les garder, ce n’est pas évident dans un contexte assez mouvant. L’intérêt, c’est qu’avec les fusions, on reste malgré tout dans l’idée d’un négoce familial, pas dans l’objectif de devenir une multinationale. C’est dans mon ADN, et celui des salariés. Et même s’il faut qu’on arrive à un certain seuil pour résister à l’environnement concurrentiel, on tient à rester une entreprise à taille humaine, avec un ancrage local. Ca fait partie des valeurs qu’on souhaite transmettre. » (1) Engrais azoté minéral à base de nitrate d'ammonium. (2) Gazole non routier.

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