Elyse Energy : sur le débat public, « on a peut-être été un peu naïfs » - Premium

C’est le projet phare incarnant la transition du bassin industriel de Lacq vers la chimie verte et la décarbonation. C’est la promesse de deux milliards d’euros d’investissements et de 800 emplois directs créés. Mais c’est aussi un projet particulièrement controversé, à l’intersection de deux sujets brûlants : l’aéronautique et le partage des ressources en eau et en biomasse. Rien d’étonnant, donc, à ce que le projet industriel géant E-CHO, porté par la PME lyonnaise Elyse Energy sur le bassin de Lacq, provoque autant d’enthousiasme chez les élus locaux que de rejet chez les associations écologistes.Bien conscients du risque, et désireux de le prévenir, les porteurs du projet décident de jouer au maximum la carte de la concertation, et de se donner du temps. « On anticipait les oppositions, et nous l’avons pris en compte dans notre stratégie, raconte Benoît Decourt, cofondateur de l’entreprise. C’est pour cela que nous avons lancé une concertation préalable sept ans avant le départ du projet ».À lire également - Elyse Energy veut « miser sur la transparence » pour réussir son implantation Depuis les premières étapes de concertation, Elyse Energy a procédé à plusieurs révisions de son projet afin de répondre aux principales inquiétudes soulevées : consommation d’eau, origine de la biomasse, impact carbone et sécurité industrielle. « On a apporté des ajustements, comme une baisse de 25 % des prélèvements d’eau. On va continuer à travailler le sujet », indique Benoît Decourt. Autre point de vigilance, l’approvisionnement en biomasse. Alors que le projet envisageait initialement de démarrer exclusivement avec du bois-énergie, l’entreprise a rapidement rectifié le tir. « On a compris qu’on devait donner des gages de bonne foi et de confiance, on va démarrer directement sur un approvisionnement diversifié. » Enfin, pour répondre aux critiques sur son bilan carbone, Elyse Energy a accepté que la Commission nationale du débat public (CNDP) mandate un cabinet d’études indépendant. « La restitution a validé l’approche et les chiffres, et confirmé que la fourniture biomasse et électrique était bien de 70 %, et donc que le projet est bien décarbonant. » Une opposition de principe difficile à désamorcer Malgré ces engagements, les oppositions ne faiblissent pas. « Je ne suis pas fondé à parler pour ceux qui s’opposent au projet, précise Benoît Decourt. Ce que j’observe, c’est qu’on a beau apporter des réponses, certains continuent de dire que ce projet va augmenter les émissions carbone. Certaines fake news continuent d’être véhiculées, et à force d'être répétées, deviennent des réalités. »À lire également - Usines à débats 1/4 : « Dire ce que l’on fait, et faire ce que l’on dit »« On a peut-être été un peu naïfs, réfléchit le dirigeant. On a vu des questions, on a répondu sur un certain nombre de points, mais on prend conscience que pour certains, c’est une opposition de principe à tout projet industriel… Ça sera difficile à concilier », admet Benoît Decourt. Toutefois, l’entreprise reste engagée dans la concertation continue. « Ce qui est important pour nous, c’est que, dans la mesure du possible, la discussion se fasse sur des éléments factuels. » Démarrage prévu fin 2029 Le projet E-CHO reste sur ses rails. « On est tranquilles sur la capacité à développer le projet, les filières. On a du temps devant nous », affirme Benoît Decourt. Le projet est aujourd’hui en fin de première phase : dimensionnement, choix du site, sécurisation des premiers contrats, études d’ingénierie. Cette étape représente un investissement de 20 millions d’euros, essentiellement en « temps-homme ». Le dépôt de la demande d’autorisation environnementale est prévu pour novembre ou décembre 2025. Cette étape ouvrira une enquête publique au début de l’année 2026. Parallèlement, la deuxième phase démarrera, avec les études d’ingénierie de détail (FEED) et la finalisation des contrats d’approvisionnement et de vente à long terme. Cette phase, estimée à 100 millions d’euros, doit aboutir à une décision finale d’investissement fin 2026. La construction débutera début 2027 pour une durée estimée entre deux ans et deux ans et demi, avec un démarrage prévu à l’horizon 2029.

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