Lacq : « Le foncier et l'énergie vont être deux sujets fondamentaux pour notre avenir » - Premium

Les années 2021 et 2022 ont été riches en annonces d’investissements dans le bassin de Lacq : Alpha Chitin, Carester, Toray… où en sont tous ces projets ?L’usine Alpha Chitin a démarré et est en fonctionnement, accompagnée financièrement par la CCLO. Toray, les travaux devraient démarrer en décembre. Le projet Carester avance. Nous avons aussi dans notre calendrier les projets d’Elyse Energy, qui ont fait l’objet d’annonces récentes de la part du Président de la République. C’est quelque chose d’important et de structurant pour notre territoire, avec au moins un milliard d’euros sur le site de Pardies. À partir d’hydrogène qui sera fabriqué à Mourenx, on fabriquera du SAF [carburant bas carbone pour l’aviation, ndlr] à Pardies, et un pipe hydrogène ira jusqu’à Lacq pour y fabriquer de l’e-methanol, du carburant décarboné pour le maritime.Ce sont des projets très capitalistiques, qui nécessiteront une intervention importante de l’Etat. Il faut que l’on soit au rendez-vous. On ne peut pas avoir une ambition nationale, des projets annoncés par le Président de la République, et derrière ne pas donner le coup de levier nécessaire. Tous ces projets sont placés sous le signe de la transition énergétique. Y-a-t-il une volonté politique d’en faire la spécialité de ce territoire ?C’est une volonté politique forte. Quand avec mon prédécesseur Jacques Cassiau-Haurie, nous avons pris la décision de racheter toutes les friches de Pechiney et Celanese, nous avons commencé par dire « on va faire du photovoltaïque sur les fondations de l’ancienne usine Pechiney ». C'était la plus grande friche industrielle du bassin de Lacq, sur laquelle, pendant des décennies, usine après usine fermait. Aujourd'hui, nous produisons 50 MW d’électricité photovoltaïque sur les sites de la CCLO. Ensuite, nous avons porté le méthaniseur BioBéarn, le plus gros de France. Nous n’avions pas racheté ces terrains pour en faire un golf… j’ai refusé des projets. À l’époque, on m’avait par exemple présenté un projet de production de tomates hors-sol, avec 300 emplois à la clé. J’ai dit que ça n’était pas cela l’ambition du territoire. Son ambition, c’est de faire de l’industrie, d’aller vers les énergies renouvelables et la chimie verte. On va jusqu’à construire des bâtiments pour les industriels. Cette ambition-là est portée aussi par un opérateur historique sur le bassin de Lacq, TotalEnergies. Quant aux autres industriels, ils affichent tous des ambitions RSE à plus ou moins long terme, en tout cas un verdissement de leurs activités. On est dans une volonté collective de produire du renouvelable, de faire de la chimie verte, de décarboner. Quelle est votre feuille de route pour poursuivre ce développement ?On travaille en mode start-up : on fait de la prospection, et en même temps, dès qu’on a un sujet, on le met sur la table et on se demande comment être meilleurs que les autres. La question du foncier est fondamentale : avoir déjà du foncier disponible et dépollué est un avantage fondamental. Nous avons aussi la chance d’avoir une ligne d’électricité qui vient directement de la centrale nucléaire de Golfech. Malgré tout, nous savons qu’à l’horizon 5-8 ans, pour continuer à faire de futurs développements, il nous faudra davantage de foncier et d’alimentation électrique. Cela va demander beaucoup de temps et beaucoup d’argent. Reste-t-il aujourd’hui du foncier disponible ?Nous sommes en ce moment en pleine construction de notre plan d’urbanisme intercommunal. L’Etat fixe un objectif : zéro artificialisation nette. 50% des terres constructibles doivent être rendues à l’agriculture. Nous, ce que l’on dit aujourd’hui, c’est que si l’on veut poursuivre le développement qui est le nôtre, avec les atouts qui sont les nôtres, il nous faudra 100 hectares de terrain supplémentaires, et il faudra identifier des terrains aux alentours des plateformes industrielles pour pouvoir poursuivre ce développement. Le foncier et l'énergie vont être deux sujets fondamentaux pour notre avenir… et j’espère que ça ira plus vite que le temps administratif !

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