Projet Elyse Energy à Lacq : une concertation pour un projet géant - Premium

Un « magnifique projet » qui va « pérenniser la reconversion de notre bassin » et permettre de « continuer cette belle aventure ». Didier Rey, le maire de Lacq, ne cache pas son enthousiasme, ce mardi 17 octobre, lors de la toute première réunion d'information publique du projet E-CHO (acronyme de Energie Carbone Hydrogène Oxygène) à Lacq. Il faut dire que ce projet, porté par la PME française Elyse Energy et annoncé au printemps dernier, a tout pour séduire les élus, présents en nombre dans l'assistance : trois nouvelles usines, deux milliards d'euros d'investissements, 800 emplois directs et indirects à la clé.Il a aussi pour lui de correspondre à la chimie verte et à la transition énergétique, dont le bassin de Lacq fait sa nouvelle figure de proue. Un secteur porté par la transition énergétique enclenchée au niveau européen. « Les biocarburants répondent à un impératif écologique et réglementaire avec les dispositions du pacte vert européen », explique Pascal Pénicaud, président et cofondateur d'Elyse Energy. L'entrepreneur a fait le déplacement depuis les bureaux lyonnais de l'entreprise pour participer à la réunion d'information. « Toutes les règles qui ont été votées en mars-avril dernier sont en train d'entrer en vigueur », renchérit, à ses côtés, Benoît Decourt, cofondateur de l'entreprise. Des règles qui vont, entre autres, exiger des transporteurs aériens qu'ils utilisent au moins 2% de carburants aériens durables (SAF) d'ici à 2025, 6% en 2030 et jusqu'à 70% à l'horizon 2050. « Nous répondons à cette réglementation. Sur le transport maritime, elle prévoit aussi une trajectoire de réduction des émissions, et c'est une réglementation qui semble ferme ». Benoît Decourt souligne également qu'un « certain nombre d'acteurs prend des engagements qui vont au-delà des réglementations. Air France, par exemple, comme d'autres compagnies aériennes, s'est engagé à aller jusqu'à 10% de carburant durable. Des transporteurs maritimes commandent déjà aux chantiers navals des navires capables de fonctionner au méthanol. Les règles actuelles sont très ambitieuses en termes d'objectif, il faudra aller vite pour tenir les engagements 2030 », conclut-il.Trois nouvelles usines sur le bassin de LacqAller vite, c'est pour Elyse Energy, « faire émerger sur le bassin de Lacq un pôle de production de carburants durables à l'horizon 2027-2028 » constitué de trois usines. Tout d'abord, un site de production d'e-methanol, un carburant de synthèse utilisé pour le transport maritime), baptisé eM-Lacq, et qui sera implanté sur un site de 20 hectares au cœur de la plateforme Induslacq. Ensuite, BioTJet, un site de production d'e-biokérosène, un biocarburant de synthèse pour le transport aérien : 45 hectares sur la friche de l'ancienne usine Yara. Et pour alimenter les deux, HyLacq, un site de production d'hydrogène vert, dont les 14 hectares seront construits à l'emplacement de l'ancienne usine Rio Tinto.HyLacq produira 72.000 tonnes d'hydrogène par an et 580.000 tonnes d'oxygène, dont une partie alimentera BioTJet. Le site de production d'e-biokérosène consommera en effet 180.000 tonnes d'oxygène et 32.000 tonnes d'hydrogène venus d'HyLacq, ainsi que 300.000 tonnes de biomasse sèche pour produire annuellement 75.000 tonnes d'e-biokérosène et 35.000 tonnes d'e-bionaphta, un liquide transparent utilisé par l'industrie plastique. Elle rejettera également 90.000 tonnes de dioxyde de carbone par an ; mais qui sera entièrement capté et réutilisé. Car la troisième usine de l'ensemble, eM-Lacq, produira 200.000 tonnes d'e-methanol par an à base d'hydrogène produit par HyLacq (39.000 tonnes), mais aussi de 280.000 tonnes de dioxyde de carbone émis sur la plateforme de Lacq… dont les 90.000 tonnes de BioTJet.À lire aussi : BioTJet : 4 (bonnes) questions sur le projet à 1 milliard d'Elyse EnergyIntégration à l'écosystème béarnaisLes usines du projet E-CHO sont ainsi conçues dès le départ comme un ensemble intégré. Et cet ensemble lui-même se veut intégré à l'écosystème local. Écosystème au sens propre, tout d'abord : les pratiquement mille mètres cubes d'eau par heure utilisés par les usines seront prélevés - et partiellement rejetés après traitement - dans le Gave de Pau, le solde ne devant s'élever, d'après l'entreprise qu'à 1,8% du débit d'étiage de la rivière au maximum. Quant aux 300.000 tonnes par an de biomasse sèche, elle viendra à part égale des forêts locales et de la mise en valeur de déchets forestiers et agricoles. Mais aussi écosystème économique : « C'est un projet en interface avec le port de Bayonne, les aéroports de Toulouse et Bordeaux », détaille Benoît Decourt. Le projet est aussi en synergie avec le reste du bassin de Lacq : partage de réseaux de chaleur, et récupération du CO2 et de la vapeur d'eau produits par les autres usines de la zone industrielle. E-CHO affiche également son ambition de tisser des liens avec les filières biomasses locales. « On a fait le choix d'une technologie française qui permet d'utiliser des déchets, des résidus agricoles, comme par exemple des vieux meubles ou des pieds de vigne arrachés », explique Pascal Pénicaud. Un vrai travail de recherche et de valorisation des déchets, pour construire un plan d'approvisionnement local « que l'on est en train d'élaborer », assure Benoît Decourt. Elyse Energy, ajoute-t-il, sera « naturellement amené à mener des projets en commun » avec les entreprises béarnaises impliquées dans la valorisation des déchets agricoles.800 nouveaux emplois annoncés, enjeu de recrutement et de formationC'est parce que ces ressources et ces synergies y existent, assurent les dirigeants de l'entreprise lyonnaise, que leur choix s'est porté sur le Béarn. « Il y a aussi les talents dont nous aurons besoin pour mener à bien notre projet et nos projets futurs », ajoute Pascal Pénicaud. Car les besoins en main-d'œuvre d'Elyse Energy vont rapidement s'amplifier : aux 4 emplois à temps plein existants à l'heure actuelle sur le site de Lacq, s'ajouteront 80 recrutements dans l'année qui vient, pour s'élever jusqu'à 200 emplois directs et 600 emplois indirects, industriels et agricoles, une fois le projet mis en place. Pendant la période de construction, il est même question « d'au moins » 2.000 équivalents temps plein.À moyen terme, c'est aussi un enjeu de formation. « On travaille notre calendrier, en lien avec la CCLO, les acteurs locaux de la formation, pour assurer l'adéquation entre les besoins de notre projet et ce que peut fournir notre territoire », déclare Benoît Decourt. Pratiquement tous les types de postes seront concernés : « QHSE, maintenance, logistique, manutention, conducteurs d'engins…», cite-t-il pêle-mêle. « Il faudra mobiliser la jeunesse, ajoute Pascal Pénicaud. On détient une partie de la réponse en tant qu'entreprise, il y a aussi un effort qui est fait sur ce sujet au niveau du département et de la région ».Pour le très ambitieux projet E-CHO, la présentation du projet au public est le début d'une étape « fondamentale », celle de la concertation préalable qui durera jusqu'au 17 janvier prochain. Elle inclura des ateliers, des débats, des stands… « pour pouvoir capter les avis le plus largement possible », explique Diane Beaucard, qui pilote la concertation. « C'est différent d'une enquête publique, le projet est encore en cours de conception, le public peut se l'approprier ; et cela nous permet de voir le plus en amont possible quels points font débat ». À en juger par la présence lors de cette première réunion de militants écologistes protestant contre le risque perçu sur les forêts béarnaises, et les prélèvements d'eau du Gave de Pau dans un contexte national de sécheresses à répétition, le sujet des ressources sera l'un des plus sensibles.

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