Librairies indépendantes : une plateforme de vente en ligne régionale pour contrer Amazon

#Face à la crise, des solutions - Dans les locaux spacieux de la librairie Georges à Talence, deuxième plus grande de l’agglomération, les équipes de Cécile Bory s’activent. La directrice de l’enseigne et présidente de l’association des Librairies Indépendantes en Nouvelle-Aquitaine maintient le « click & collect », une solution pour réduire les pertes du confinement. « Evidemment c’est une alternative. Nous recevons environ 150 commandes par jour via notre site internet, sans compter les appels téléphoniques. Mais ce système est très chronophage, et nous rapporte tout de même deux fois moins en termes de chiffres. »

Une plateforme régionale pour commander en ligne

Après le premier confinement, l’association des Librairies Indépendantes en Nouvelle-Aquitaine a développé ses services en ligne. « Il est pour l’instant possible de réserver un ouvrage, et nous allons bientôt pousser le service en proposant la vente en ligne, explique Cécile Bory. C’est une solution pour nous, indépendants. Depuis vendredi je prends la température sur le terrain en étant en ligne avec mes confrères, et tout le monde a un peu la tête dans le guidon. »

La plateforme se positionnera comme une alternative locale aux géants tels qu’Amazon. Pour la présidente de l’association, « chaque acte d’achat a des répercussions sur l’économie locale. Les consommateurs doivent prendre conscience de leur pouvoir sur le collectif ! »

L’Etat va prendre en charge les frais de port

Jeudi 5 novembre, le gouvernement a annoncé qu’il prendra à sa charge les frais de livraison des librairies indépendantes durant le confinement. « C’est un sujet sur lequel nous bataillons depuis longtemps, rappelle Cécile Bory. Amazon propose les frais de port à 0,01 euros et nous, en tant qu’indépendants, n’avons pas les moyens de lutter. » Pour elle le message envoyé par le gouvernement est une bonne chose, même si la forme de cette aide n’est pas encore connue.

Pourtant, il faudrait aller plus loin selon la directrice de la librairie. « Nous espérons que cette première avancée permettra d’engager des négociations sur les frais de livraison à long terme. Pour les librairies indépendantes d’une part, mais aussi les maisons d’édition, notamment les plus petites. Lorsqu’elles doivent envoyer un dossier de presse avec un ouvrage aux médias et libraires, cela coûte très cher. »

La période de Noël en suspens

Si les pertes liées au deuxième confinement sont pour l’instant difficiles à chiffrer, Cécile Bory sait que les deux prochains mois seront difficiles. L’année dernière en novembre et décembre, la librairie Georges a réalisé 275.000 euros de chiffre d’affaires en B2C. Une somme qu’il sera difficilement atteignable cette année. « Nous nous préparons psychologiquement à rester fermés pour Noël. Ce serait une très grosse perte, économiquement d’une part mais aussi pour nos relations avec nos clients. Notre métier, c’est de l’humain avant tout. Les gens viennent, déambulent dans les couloirs, prennent le temps de découvrir des livres ou nous demander conseils. Même si l’on met en place, sur les réseaux sociaux, des vitrines virtuelles ou des sélections coups de cœur, j’ai peur que ce soient toujours les mêmes références qui se vendent. Alors qu’en boutique, nous en avons 45.000 différentes, soit 80% de la production littéraire. »

Un encouragement tout de même, depuis le premier confinement, Cécile Bory trouve un changement dans le mode de consommation des lecteurs. De nombreux clients viennent pour la première fois acheter des livres dans sa boutique, et une solidarité se crée. « Nous attendons de voir comment les prochaines semaines vont se dérouler, et nous pensons beaucoup à nos clients », conclut Cécile Bory.

Librairie Georges
Talence
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