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Le port de Bordeaux se tourne vers l'économie circulaire

Écosystème
jeudi 11 février 2021

Photo d'illustration - Crédits S. Husté

Le port de Bordeaux vient de dévoiler ses résultats 2020. Avec une baisse de son trafic de 11,21% il « limite la casse », et prévoit déjà plusieurs investissements pour 2021.

L’année dernière, ce sont un peu plus de 6 tonnes de produits qui ont transité par le port de Bordeaux, soit une diminution de 11,21%. « Les grandes tendances se sont confirmées voire accélérées, détaille le directeur Jean-Frédéric Laurent. C’est assez évident concernant les hydrocarbures car la baisse de l’activité économique et de la mobilité lors des confinements ont fait que l’approvisionnement a baissé. Mais c’est une tendance lourde, déjà amorcée depuis plusieurs années car les mesures prises à l’échelle nationale vont dans le sens d’une décarbonisation de nos activités. » Cette baisse de trafic impacte fortement le port, car elle représente un peu plus de 50% des tonnages qui y transitent. Les autres secteurs ayant enregistré de fortes diminutions à l’import sont les oléagineux (-18,7%) ou encore les matériaux de construction (-17,9%).

Pour 2021 Jean-Frédéric Laurent juge qu’il est encore « risqué » de donner des chiffres, mais « si on arrive à maintenir une activité et une vie économique au niveau national, on espère regagner la moitié de ce que l’on a perdu l’année dernière. »

L’impact de la crise a été amorti

Le port de Bordeaux a néanmoins « limité la casse » en 2020. « C’est un terme assez juste car on constate que tout n’a pas été négatif, développe le directeur. D’abord nous n’avons pas stoppé notre activité, et nous avons adapté nos services et notre organisation pour poursuivre l’approvisionnement du territoire et des entreprises. » Les industries présentes sur le port ont réduit leur activité, mais il n’y a pas non plus eu de gros arrêts. Comme la plupart des ports français, celui de Bordeaux a bénéficié en début d’année 2020 d’une conjoncture favorable sur le marché des céréales (+6,5%). Les oléagineux à l’export, a contrario de l’import, enregistrent une hausse de 21,4%.

L’économie circulaire, sujet porteur en 2021

« Il y a également ce que l’on appelle les petits vracs, reprend le directeur. Cela concerne l’économie circulaire, le recyclage de matériaux. C’est un secteur qui connaît une croissance assez forte car en France nous sommes en phase de rattrapage sur ce domaine. » Le port de Bordeaux a constaté cette montée en puissance l’année dernière, avec des activités qui génèrent des volumes de plus en plus importants comme la ferraille (+49,6%). Pour Jean-Frédéric Laurent, « c’est un secteur qui est porteur et nous comptons bien inscrire un développement, à l’avenir, sur le sujet. »

A ce titre, Bordeaux Port Atlantique est en train de finaliser l’implantation d’un méthaniseur, sur lequel il travaille depuis trois ans. « Cela servira à recycler un grand nombre de déchets produits au travers de l’activité portuaire et industrielle pour la production d’énergie. » Le port envisage l’achat de deux nouvelles grues de manutention pour un montant de 6 millions d’euros, et un programme sera engagé sur deux ans autour de la rénovation des bâtiments pour un montant de 12M€. « Ces investissements sont en grande partie réalisés pour pouvoir offrir un service de meilleure qualité aux secteurs de l’économie circulaire. Ces derniers sont très diversifiés, et l’on a besoin de souplesse et de réactivité en matière d’outillage portuaire. »

Conteneurs : attirer une nouvelle ligne maritime

Un autre secteur a également bien résisté à la crise économique l’année dernière, celui des conteneurs. S’il est globalement en baisse en termes de chiffres absolus, cette diminution s’est concentrée sur les conteneurs vides (-60%). « Nous n’avons pas baissé en volume sur les pleins, ce qui fait quand même l’intérêt des transports de conteneurs, analyse ironiquement Jean-Frédéric Laurent. Ce domaine a connu une croissance assez significative surtout à l’importation (+28,6%). C’est un secteur sur lequel nous sommes en train d’investir, et nous espérons un rebond important en 2021. »

Le port s’apprête à terminer une première tranche d’investissements de 9M€ sur le site de Bassens, pour la remise à niveau du terminal conteneurs. Plus globalement la stratégie de développement est similaire à celle de l’économie circulaire, avec un outillage prévu cette année et dédié aux conteneurs. « Nous voulons redéployer cette activité et notre objectif est d’attirer une nouvelle ligne maritime qui viendrait desservir Bordeaux, affirme le directeur du port. Aujourd’hui nous n’avons qu’une seule desserte maritime, et nous voulons en avoir une deuxième hebdomadaire. »

Et les croisières dans tout ça ?

Pour le secteur de la croisière, 2020 a été une année blanche. La saison s’annonçait pourtant comme « record », avec 64 paquebots programmés. « Il n’y a eu qu’une dizaine d’escales courageusement organisées par une seule compagnie, rappelle Jean-Frédéric Laurent. Malheureusement l’année 2021 est mal partie, et il y a de plus en plus d’annulations. La France ne l’a pas encore fait mais de plus en plus de pays ont fermé leurs portes à la croisière. Je crains que cette année ne soit pas celle du rebond pour le secteur. » S’il ne s’agit pas d’une activité majeure pour le port, son directeur précise que « tout cumulé, ce sont des chiffres relativement importants ».

Bordeaux Port Atlantique maintient son cap et compte sur l’Etat et son plan de relance pour soutenir les investissements. « C’est absolument nécessaire car le port a subi une crise assez forte il y a deux ans. Si l’on veut retrouver une trajectoire économique rapide, nous devons être soutenus », conclut le directeur.