Salon du Bourget : souveraineté et décarbonation au menu de Safran Helicopter Engines - Premium

« Tout le groupe est au Bourget en force, c’est l’endroit pour montrer au monde notre savoir-faire français. Les clients du monde entier viennent nous voir sur ce salon, il est extrêmement important et bien fréquenté », déclare, sur le stand de Safran, Bettina Frey, représentante de sa branche béarnaise Safran Helicopter Engines (Safran HE). En cette édition 2025, deux mots-clés dominent « décarbonation », pour un secteur aéronautique de plus en plus critiqué pour ses émissions de CO2, et « souveraineté européenne », particulièrement dans le secteur de la défense, alors que le vieux continent cherche à réduire sa dépendance aux Etats-Unis. Et cela tombe bien : le motoriste présent à Bordes et à Tarnos a des nouveautés à présenter dans tous ces domaines. Côté souveraineté, « nous sommes les motoristes de tous les hélicoptères de l’armée française, et de beaucoup d’armées européennes », rappelle Bettina Frey. Certifié en 2019 et exposé au Bourget, le moteur Arrano équipe le H160 d’Airbus, l’un des hélicoptères phares de l’armée française, qui prévoit la commande de 400 appareils sur dix ans. Il intègre, explique un ingénieur du groupe, une nouvelle architecture, des pièces imprimées en 3D et offre des performances accrues en matière d’accélération et de décélération. « Les premiers retours sur ce moteur sont très positifs, les opérateurs saluent sa maniabilité », reprend notre interlocuteur. Plus de 200 exemplaires de l’Arrano ont déjà été livrés.Un trio européen pour le moteur d'hélicoptère du futur Surtout, Safran HE profite du Bourget pour présenter le projet Enghe (« European Next Generation Helicopter Engine », moteur d’hélicoptère européen de nouvelle génération). « D’ici 2040, la plupart des 3.700 hélicoptères militaires en service aujourd’hui devra être remplacée, explique Bettina Frey. Pour être prêts en 2040, il faut commencer dès maintenant ». Safran HE a donc formé, en 2023, une coentreprise avec le motoriste allemand MTU Aero. Baptisée « EURA », la joint venture travaille au développement d’un moteur « 100% européen » attendu dès 2030. Et le 18 juin dernier, un nouveau partenaire a rejoint le projet, avec l’arrivée du motoriste italien Avio Aero, qui s’associe à EURA sans pour autant entrer à son capital.À lire également - UIMM Adour-Atlantique : en matière de recrutement, « ne pas relâcher l'effort » « Nous nous réjouissons de pouvoir étendre cette coopération stratégique avec Avio Aero dans les futurs moteurs d'hélicoptères militaires, se félicite de son côté Cédric Goubet, président de Safran HE. La prochaine étape de cette coopération décisive pour renforcer l’autonomie de l’Europe dans le domaine de la défense et de la sécurité consistera à répondre à l'appel d'offres pour un futur moteur d'hélicoptère dans le cadre du Fonds européen de la défense, avec l'équipe polyvalente composée des meilleurs partenaires aéronautiques européens mobilisés sous la coordination d'EURA ». En off, on se dit, du côté de Bordes, très confiant sur l’issue de cet appel d’offres, qui semble taillé sur mesure pour le consortium franco-germano-italien.« Start & stop » et motorisation hybride… en attendant le tout-électrique ? Côté décarbonation, les annonces sont également au rendez-vous, avec la démonstration par Airbus du démonstrateur technologique Airbus Racer. Equipé de deux moteurs lourds Aneto produits par Safran HE, cet hélicoptère est également le premier équipé d’une innovation inspirée du monde de l’automobile : l’« éco mode ». Ce système permet de mettre en veille l’un des moteurs en phase de croisière, la puissance des deux n’étant requise qu’au décollage et à l’atterrissage. Le gain annoncé est d’au moins 20 % en consommation de carburant, avec une réduction équivalente des émissions de CO2 et un allongement de la durée des missions. « On est convaincus que ça va se déployer, mais les défis de certification sont très importants », déclare Bettina Frey.À lire également - Comment AECE gère sa montée en puissance Safran HE mise également sur l’hybridation thermique-électrique, combinant moteur classique et moteur électrique, à l’image de l’automobile. « Nous travaillons sur plusieurs moteurs pour des concepts d’hélicoptères hybrides, parallèlement à des moteurs classiques à consommation réduite », explique l’entreprise. Et un hélicoptère tout électrique ? Le cousin toulousain Safran Aircraft Engines n’a-t-il pas récemment homologué le premier moteur d’avion électrique au monde ? « En l’état actuel de la technologie, on pense que la turbine à gaz va rester la propulsion de choix pour les hélicoptères pendant les 15 à 20 ans à venir », tempère la représentante de Safran HE. Mais, reprend-elle, augmentés de dispositifs de type « start & stop » et d’hybridation, ces moteurs devraient permettre de réduire consommation et émissions de 80 % par rapport à leurs ancêtres d’il y a 70 ans. Le « ramp-up » se fait dans la douleurSafran HE vise la production, en 2025, de 850 moteurs d'hélicoptères, contre environ 500 en 2022. Malgré cela « on n'arrive toujours pas à répondre à la demande de tous nos clients », regrette un représentant du motoriste, qui continue de miser sur un vaste programme de recrutement et de formation et s'applique à entraîner ses sous-traitants dans sa montée en puissance.

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