Mauléon : quelle stratégie après le changement à la tête du Domaine Agerria - Premium

Il est un des sites emblématiques de Soule. Le domaine Agerria et ses mille vies vient de rouvrir ses portes après trois mois de fermeture. En effet, l’hôtel restaurant a entre-temps été repris par un entrepreneur local, originaire d’Hasparren, Pierre Lavigne. Celui qui a des affaires notamment autour de Pau, a en effet acheté le fonds de commerce auprès de la Communauté d’Agglomération Pays basque. « Je suis passionné d’histoire et de patrimoine », justifie le nouveau propriétaire des lieux en parlant de son envie de s’y investir. « Mais c’est aussi une diversification intéressante de mes activités, et puis c’est au Pays basque, et j’ai toujours voulu refaire des affaires au Pays basque. » Désormais, c’est lui qui représentera l’établissement trois étoiles de 2.400m² et ses 26 chambres, dont une grande partie a été rénovée. La partie impliquant son bail commercial « a déjà été réalisée », explique l’entrepreneur. Le reste de la structure appartenant toujours à l’Agglomération Pays basque dont il apprécie la collaboration, bénéficiant d'un loyer moindre que ce qu’il a été auparavant. Reste que la tâche promet d’être ardue. Les anciens propriétaires avaient en effet dû liquider la société. « L’établissement peine à être rentable », admet le nouveau président de la SAS. Mais s’il n’est pas « venu à Agerria pour [s’]enrichir », Pierre Lavigne a bien l’intention d’emmener l’hôtel restaurant à l’équilibre. Une clientèle diversePour ce faire, l’entrepreneur veut adresser plusieurs types de clientèle. La locale d’abord, en visant les commerciaux qui passent par la Soule, riche notamment de différents secteurs comme l’industrie et l’artisanat autour des espadrilles. D’autant qu’Agerria est le seul hôtel « dans un rayon de 30 km ». Faire venir les familles aussi et surfer sur la croissance du tourisme hors des villes, comme les derniers rapports de l’agence départementale de tourisme 64 le démontrent. Pour accentuer cette expérience, Pierre Lavigne veut pouvoir proposer des activités sur site, comme de la pelote avec le fronton, etc. Mais aussi créer un poulailler. « On ne veut pas seulement faire du tourisme vert, mais amener la nature aux clients, » poursuit-il. Les œufs de ses poules iront justement en cuisine, ou le président de la SAS veut miser sur du local. Pour assurer un équilibre financier suffisant, l'entrepreneur sait qu’il devra jouer sur tous les tableaux. C’est aussi pour ça qu’il veut miser sur le lieu. « C’était peu exploité jusqu’à présent, mais on aimerait développer les mariages, » lance-t-il. Le domaine, véritable carte postale de la Soule, peut en effet accueillir jusqu’à 250 personnes dans sa grande salle. « On a même une chapelle, » sourit-il. Une chapelle désacralisée, qu’il se verrait bien faire transformer… en escape game, ou même accueillir des concerts au vu de son acoustique. Des idées qui détonnent, et dont il discutera avec l’Agglomération qui a gardé la main sur une partie du bâtiment. Des réflexions sont d’ailleurs menées autour de sa future vocation. Mais encore faut-il que public et professionnels entendent parler de l’établissement. C’est pour cette raison qu’il veut développer la communication, que ce soit par des parutions presses, ou encore via les réseaux sociaux. Mais pas seulement. Pierre Lavigne veut aussi aller taper aux portes. « Je vais prendre mon bâton de pèlerin, et aller voir les chefs d’entreprise et les associations », lance-t-il. Car il sait que s’ils ne seront peut-être pas directement clients, « ils seront prescripteurs ». Même chose pour les habitants, qui auront tout le loisir de goûter à la nouvelle carte du restaurant. Et pour faire rayonner l’établissement, Pierre Lavigne sait qu’il pourra aussi compter sur l’association « les amis d’Agerria » qui compte à ce jour selon lui environ 200 membres. Bien dissocié de la structure, les membres de l’association ont toujours eu à participer à l’entretien du site et à son image, via l’organisation d’expositions, etc.Ouverture du capital Un écosystème qui rayonne autour d’Agerria, qui est important pour l’entrepreneur et qui pourrait prendre une part d’autant plus cruciale dans son développement. Car s’il est actuellement seul à la tête de la SAS, il explique vouloir déjà ouvrir son capital. D’abord aux chefs d’entreprise du territoire. « Plus locaux que moi qui suis d’Hasparren, », sourit le président. Mais pas seulement. Il veut également céder quelques parts à des particuliers, qui voudraient rejoindre l’aventure. « J’ai connu le domaine avec beaucoup de locaux qui ont investi de l’argent mais surtout du temps », justifie-t-il. « Je reste persuadé qu’à l’avenir sur les territoires isolés, il faut rapprocher la société civile du monde entrepreneurial. » Quitte à y laisser la majorité, concède-t-il, bien conscient de devoir en parallèle poursuivre ses autres activités professionnelles à Pau. « Je suis un fédérateur, je vois plein de bonnes intentions parfois isolées, je veux les réunir », commente celui qui se voit comme un chef d’équipe. Si l’hôtel a déjà été rouvert, le restaurant devrait lui emboîter le pas en juin, « le temps de bien se préparer », poursuit Pierre Lavigne. Pas question de rater la première impression. Le restaurant proposera une carte plus simple que celle qui était présentée aux clients jusqu’à présent. « On veut travailler avec des produits locaux, » insiste le chef d’entreprise. Et pousser le curseur jusqu’au bout dans tout l’établissement : « Les draps, les serviettes, le savon, tout est local » dans l’hôtel. À ce jour, plus d’une centaine de chambres ont déjà été réservée rien que pour le mois de mai. « Selon les anciens carnets, l’été affiche aussi quasiment complet », déroule le chef d’entreprise. Lui espère atteindre un équilibre autour de 50% de remplissage lissé sur l’année.

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