Fondo Ventures : comment ce startup studio veut digitaliser le monde de la supply chain - Premium

Comment vous est venue l’idée de créer Fondo Ventures, positionné comme un Venture studio - qui va lancer et faire grandir des startups -, en l'occurrence dédiées à la numérisation de la supply chain ? Disons que c’est un enchevêtrement d’expériences. Il y a 12 ans, j’ai créé la société MapoTempo, qui était à Pau et à Bordeaux. On a avancé, on est passé de deux à 30 emplois et on a accueilli à notre capital Aquiti Gestion et Pyrénées Gascogne Développement. J’ai vendu l’entreprise au groupe Mulliez [ndlr, en 2021] et en parallèle j’ai fait un master en finances. Ça m’a fait entrer dans le monde des investisseurs, et c’est là que j’ai découvert ce qu’était un startup studio. Depuis un an, j’ai jonglé entre les rendez-vous et les formations pour créer le premier startup studio de Nouvelle-Aquitaine, et le premier en France sur mon domaine de spécialité, qui est la digitalisation de la supply chain. Il n’y en avait aucun en Nouvelle-Aquitaine ? Nativement, non. Souvent ce sont des studios de développement qui font de la prestation pour des sociétés externes et qui consacrent une partie de leur temps au développement d’applications. On peut dire que ce sont des startups studios, mais ils ne sont pas nativement taillés et organisés pour sortir deux à trois startups par an, ce qui est notre objectif. Justement, quelle est votre proposition de valeur ? Sont-ce des porteurs de projet qui viendront vous voir avec leurs idées, et que vous accompagnerez ? Non. On va générer une idée avec notre équipe, qui va la développer, puis la commercialiser. Une fois la preuve de marché réalisée, on sortira l’application du studio pour en faire une entreprise à part entière. Nous serons sur des cycles de 36 mois, avec un ancrage en région Nouvelle-Aquitaine, mais nous avons vocation à vendre ces solutions partout en France et en Europe.Une méthode vient définieComment pouvez-vous être certain de créer et faire grandir des startups viables, à une telle fréquence ? Nous avons mené une étude pendant un an, sur tous les startups studio du monde. Ils ont fait leurs preuves, et on constate un taux d’échec beaucoup moins élevé pour leurs startups, que pour celles isolées [ndlr, selon l’étude de GSNN de 2020, 72% des startups créées par un Venture studio passent du seed en série A, contre 42% pour les startups classiques]. Donc on a enquêté sur tout ce qui se faisait de bien. Notre ambition est de transformer une centaine d’idées, chaque année, en une dizaine de POC [ndlr, preuves de concept] qui vont donner cinq ou six démonstrateurs produits [ndlr, MVP, produits minimum viables]. Qui donneront ensuite deux startups. À chaque étape de validation, il y aura une prise de décision, si on continue ou pas, pour sécuriser systématiquement le processus de bout en bout. Quel est votre modèle économique ? Comment vous assurer de la pérennité de Fondo Ventures ? Les premières années, le chiffre d’affaires qui sera généré par les applications - avant qu’elles ne soient des startups - bénéficiera au studio. Une fois qu'une application aura atteint un certain chiffre d’affaires, qui donne des garanties sur sa pérennité, on la sortira du studio - elle deviendra alors une startup. On s’attachera à recruter un dirigeant et à le former, car on pense qu’un entrepreneur peut être le plus à même d’apporter le surplus d’énergie, pour accélérer le développement commercial de la solution. En fait, on sécurise la phase de démarrage et de lancement, qui est critique pour les primo-entrepreneurs. À ce moment, il y aura un partage du capital entre le dirigeant et Fondo Ventures. Avec l’idée, une fois que la société sera bien embarquée, de sortir de son capital, plutôt au second tour lors d’une série A. Nous avons également établi une thèse sur le taux de croissance performante des startups. On imagine que ce taux de croissance idéal est à 60% par an - en dessous on ne capte pas forcément la valeur du marché, au-dessus on pense que c’est trop risqué pour les dirigeants.De l’idéation à la mise sur le marché, combien coûte la création d’une startup ? Pour une startup qui génère entre 200.000 et 300.000 euros de chiffre d’affaires au démarrage, dans notre secteur d'activité, on pense qu’il faut entre 500.000 et 800.000 euros. La Nouvelle-Aquitaine, terrain de jeu propice Quels sont les enjeux autour de la numérisation de la supply chain ? Il y a encore beaucoup d’opérations qui gagnent à être digitalisées, comme la question du transport, la préparation de la commande, la gestion de l’approvisionnement… Et puis les solutions créées il y a dix ans nécessitent un coup d’innovation - il n’y avait pas encore l’intelligence artificielle, le machine learning… Sans oublier le gros enjeu de décarbonation, car les transports représentent 30% des émissions de CO2. Et puis, le territoire régional est un formidable terrain d’expérimentation ! On a une façade maritime, de belles industries… Nous ne sommes pas non plus contraints par l’environnement économique de la région - c’est la beauté du digital, on peut rester dans son territoire et adresser le marché national. Concernant l’organisation de Fondo Ventures, vous annoncez vouloir recruter 30 collaborateurs d’ici cinq ans. Comment allez-vous vous financer, pour démarrer votre activité ? On travaille sur une levée de fonds pour aller chercher 2 millions d’euros. On espère la boucler cette avec avec des acteurs du territoire, un mix entre des investisseurs institutionnels et des business angels. Cela nous permettra de sortir facilement nos deux premières applications, qui sont déjà en cours d’élaboration. Mais on n’a pas vocation à être comme une startup classique - on vise assez rapidement en modèle économique stable et sécure, notamment via le chiffre d’affaires que l’on génèrera avant de créer les startups. À cinq ans, on vise d’ailleurs 5 millions d’euros de CA. Quant au recrutement, cette année nous accueillerons dix collaborateurs, puis sept ou huit par an. Dans des bureaux qui seront à Pau, et à Bordeaux.

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