Saint-Just-Ibarre : la cidrerie Eztigar raconte avantages et inconvénients de s'équiper d'occasion - Premium

Pour les habitués du lieu, il y a du changement à Eztigar à Saint-Just-Ibarre. L’ancienne boutique à l’entrée du bâtiment a été remplacée par une toute nouvelle machine. En effet, la cidrerie a décidé d’investir dans un matériel supplémentaire qui lui permettra d’assurer la mise en bouteille. Un investissement de… 6.000 euros. « Oui oui, ça vient du site leboncoin », sourit Marie Ascona Lourme, l’une des productrices associée d’Eztigar. Il faut dire que l’organisation de l’entreprise est assez unique. Une SARL qui rachète les pommes à ses six producteurs, qui viennent donner un coup de main ensuite pour la fabrication et la mise en bouteille du cidre et des jus de pommes. Donner un coup de main parce que la SARL ne peut à ce jour financer que deux salaires et demi, alors les autres aident bénévolement. Forcément, Eztigar fait attention quand elle investit. Mais ce n’est pas seulement la question financière qui a poussé les associés d’Eztigar à miser sur une machine d’occasion, mais aussi la philosophie et peut-être aussi la chance d’avoir le bon bricoleur. « les amatxi du village l’appellent Bob le bricoleur », sourit Marie Ascone en parlant de Clément son mari.6.000 euros au lieu de 70.000 Il faut dire que Clément Lourme a passé un sacré printemps. Après le départ d’un prestataire, les associés ont en effet dû s’adapter et devaient investir dans tous les cas dans une machine pour les aider à mettre les produits en bouteille. Mais plutôt que d’aller l’acheter sur catalogue, ils ont allumé leur téléphone et cherché sur l’application de seconde main « leboncoin ». « On a acheté trois machines distinctes auprès d’un micro-brasseur » , détaille Marie Ascone. Une laveuse pour l’intérieur des bouteilles, une autre pour l’extérieur, ainsi qu’une sécheuse. En tout, pendant quatre mois, Clément Lourme a joint toutes les machines ensemble, afin d’avoir presque une ligne automatisée de mise en bouteille. « Comme ce ne sont pas les mêmes marques, pas les mêmes axes, il a fallu tout démonter, et ressouder » détaille-t-il. La seule chose qui a permis de réunir sept étapes en une seule machine, c’est le rail, qui est standardisé. « J’ai changé la chaîne complète pour que ce soit homogène ». Pour entraîner la chaîne entière, deux moteurs, dont un gros, ont été installés. Le long, on repère les petites plaques, vissées, soudées entre chaque partie. Pas simple, mais le résultat est là. Une machine, qui permettra une mise en bouteille de 14 bouteilles à fois. Presque entièrement automatisée. Et donc une meilleure condition de travail pour les six associés et amis chargés de mettre le cidre en bouteille. Un outil acquis pour 6.000 euros, quand il « coûte 70.000 euros sur le marché du neuf », compare Marie Ascona Lourme. Une économie importante, mais ils n’en sont pas à leur coup d’essai. Les cuves aussi ont été trouvées d’occasion. Une autre économie importante pour les associés. « On ne peut pas se permettre de mettre 15.000 € dans une cuve en sachant qu’on ne va l’utiliser qu’un an sur deux », souligne-t-elle. Des cuves plus anciennes, qu’il faut nettoyer à la main, mais un choix assumé, même chose pour la filmeuse de carton achetée sur leboncoin aussi, mais qui fait aussi office d’exemple des mauvaises surprises de la seconde main. « On s’est retrouvé avec une machine qui avait une panne avec la carte électronique », se souvient Marie Ascone. « La pièce ne se faisait plus, alors Clément l’a réparé, mais depuis, c’est vrai qu’on regarde toujours si les pièces existent encore avant d’acheter. » Reste que le couple ne regrette pas de se tourner vers le marché de l’occasion plutôt que le neuf. « Il y a tellement de choses qui ne sont plus utilisées et qui sont encore utilisables, je ne vois pas l'intérêt d'aller acheter du neuf à chaque fois, ce n’est pas notre façon de faire » explique Marie Ascone. La SARL historique Eztigar est née en 2006 avec l’idée à l’époque notamment d’un certain Michel Bergouignan d’assurer la préservation de la pomme du Pays basque. Désormais, ils sont six associés à poursuivre l’aventure et à produire une année sur deux entre 110 et 380 tonnes de pommes pour en faire du cidre, du jus de pomme classique ainsi qu’une version gazéifiée. Des fruits achetés donc chaque année par la SARL. « Avec un prix de la pomme en hausse depuis cinq ans », salue Marie Ascona Lourme. « C’est important pour nous que nos pommes locales aient leur valeur qui augmente, ça peut paraître paradoxal parce que nous les achetons, mais on part du principe que plus le prix de la pomme est intéressant, plus les gens auront envie de participer à la sauvegarde des variétés. »L’entreprise tient à se maintenir à ce niveau de production et n'ambitionne pas de planter des centaines de nouveaux pommiers pour produire plus. Sur site, il règne une douce ambiance, « on n’est pas du tout sur le mode d’entreprise patron-salarié » décrit Marie Ascona Lourme, dont la meilleure amie fait aussi partie de l’aventure. « On garde l’ambiance familiale ». Eztigar adresse uniquement le Pays basque, que ce soit en vente directe (25% de l’activité), les grossistes (20%), et les grandes surfaces, magasins de producteurs, ikastolas, etc. « On n’avait pas assez de production pour la demande, on a dû arrêter la vente sur Internet » précise-t-elle. Le choix du local pour continuer à faire découvrir et à préserver les variétés de pommes du Pays basque. Au moment de partir, Marie Ascona Lourme nous emboîte le pas. « Oui, je vais à la recyclerie acheter des tasses », lance-t-elle d’un rire. SARL Eztigar Créée en 2006Six producteurs associés CA : 400 000 euros (2022)Eztigar segida, Beltxu, 240 route d' Arlakondo, 64120 Saint-Just-Ibarre

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