Comment Crédit Mutuel Arkéa calcule sa performance extra-financière
Jean-Marie Alfonsi, directeur finance et performance globale du Crédit Mutuel Arkéa. Crédits : Crédit Mutuel Arkéa
Le groupe Crédit Mutuel Arkéa, qui publie ses résultats financiers annuels, dévoile en même temps sa performance extra-financière, qui s’affiche à 9,4 milliards d’euros. Un bilan réalisé à partir d’une méthodologie construite en interne, comme l’explique Jean-Marie Alfonsi, directeur finance et performance globale du Crédit Mutuel Arkéa.
Pourquoi avez-vous choisi de quantifier vos performances extra-financières ?
C’est une démarche nourrie par la raison d’être de Crédit Mutuel Arkéa, formalisée en 2019 et adoptée en 2020. Il y est explicitement dit que le groupe s’engage à prendre des décisions, en visant une approche équilibrée entre la partie financière et l’impact sociétal et environnemental positif. Il ne s’agit pas d’une DPEF [NDLR, déclaration de performance extra-financière] qui, elle, est encadrée par des normes et constitue une exigence réglementaire. Même si les données sources sont identiques, nous avons choisi de convertir nos impacts en euros - contrairement à la DPEF. Cette dernière reste importante, mais ne donne pas de vision synthétique, ne nous permet pas de travailler à une trajectoire.
Comment avez-vous réalisé ce bilan ? Avez-vous externalisé le processus ?
Nous avons conçu la méthodologie en interne, en s’appuyant sur des expertises externes quand nous avions besoin d’éclairages sur des domaines comme la biodiversité, ou le calcul du gain de pouvoir d’achat pour nos clients. Nous avons bâti 25 indicateurs qui couvrent deux domaines, environnemental et socio-économique. Il y a des indicateurs internes pour mesurer notre empreinte directe, comme la contribution à la lutte contre le changement climatique ou l’égalité des chances. Et puis il y a des indicateurs externes, comme la biodiversité, le soutien de l’activité économique ou l’accès au logement. Cela nous a poussé à redéfinir notre notion de la performance globale, et plus uniquement financière. Cette performance extra-financière, au même titre que celle financière, est examinée par notre comité d’audit, validé par le conseil d’administration, vérifié par l’un de nos commissaires aux comptes.
Une démarche à long terme
Sur la base de ces indicateurs, quelles sont vos conclusions pour 2022 ?
Cette performance extra-financière est portée par le bénéfice des impacts socio-économiques, calculés essentiellement sur les financements, qui s’élèvent à 10,4 milliards d’euros. Tandis que les indicateurs environnementaux impactent négativement cette performance à hauteur d'un milliard d’euros. Cela s’explique principalement par une augmentation de 16% de la valeur tutélaire du carbone qui émane du rapport Quinet II, publié en 2019 et qui prévoit une augmentation du prix du carbone sur la durée, entre 15 et 25% d’ici à 2030.
Vous êtes-vous fixé des objectifs d’amélioration ?
Non, pas à ce stade. Nous sommes dans une démarche de moyen ou long terme, on mesure les impacts de nos financements ou nos encours de crédits. On couvre aujourd’hui 75% de nos encours, et fin 2022, ils s’élevaient à 82 milliards d’euros. On sait bien qu’on ne va pas en verdir d’un coup d’un seul la totalité ! Il y a un phénomène de stock, et d’accompagnement de nos clients. On ne veut pas non plus faire de cet outil un outil de sanction, et dire « vous voulez un crédit mais vous n’êtes pas suffisamment vertueux, ça aura un impact négatif donc on ne vous accorde pas de crédit ». Notre état d’esprit, c’est d’accompagner les transitions de nos clients. Notamment un type de crédits sur lequel le taux d’intérêt peut être bonifié jusqu’à 20%, pour nos clients, dès qu’il y a une évolution favorable d’un certain nombre d’indicateurs vérifiés par un tiers externe. Ensuite, nous avons lancé un projet au sein du groupe, pour collecter de façon coordonnée les déclarations extra-financières auprès de nos clients.
Qu’en est-il de la performance financière du groupe, en 2022 ?
C’est une année de haut niveau, avec un résultat à 551 millions d’euros de résultat net. Nous avons accompagné nos clients avec une production de 20 milliards d’euros de crédits, ce qui est un record ; tout en maintenant une solidité financière particulièrement élevée car nos indicateurs de solvabilité et de liquidité ont un très bon niveau. Nos réserves de liquidités se montent à 33 milliards d’euros, ce qui représente 40% de nos dépôts clientèle.
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