Placéco Pays Basque, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Topaketa #9 : revivez l’interview de Mathilde Capet, du Groupe Capet

Écosystème
mercredi 24 avril 2024

Mathilde Capet a pris ses fonctions de directrice du groupe Capet en 2023. Crédits : Yann Buanec

Pour ce nouvel événement mensuel à destination des adhérents Placéco Pays basque, nous avions le plaisir de recevoir Mathilde Capet, directrice du Groupe Capet. L’occasion de retracer le parcours de cette jeune cheffe d’entreprise de 25 ans, à la tête d’une entreprise de BTP.

Déjà un an. Un an que Placéco Pays basque organise tous les mois son rendez-vous Topaketa à destination de ses adhérents. Nous avons eu l’occasion d’inviter des chefs et cheffes d’entreprise de tous secteurs, avec des parcours, et des expériences différentes à partager, à l’image de la diversité des entreprises du Pays basque. Pour ce neuvième événement, nous avons eu le plaisir de recevoir Mathilde Capet, directrice de l’entreprise familiale, Groupe Capet, spécialiste depuis 1978 dans le génie électrique, climatique plomberie et téléphonie. Depuis peu, la société basée à Lahonce développe une activité d’énergie verte et renouvelable. Une entreprise dont elle a hérité en 2023. L'occasion d'aborder avec elle sa prise de fonction, et sa place de femme à la tête d’une entreprise de BTP. Extraits.

Comment êtes-vous arrivée à la tête du groupe ?
J'ai un parcours atypique. Au départ, je n'étais pas vraiment tournée vers l'entrepreneuriat, je voulais faire une fac de médecine. J’ai été un peu déçue. Je cherchais vraiment du social, mais on parlait de clients et pas de patient, ça m’a moyennement plu. J'avais un modèle vraiment tourné vers la médecine du côté de mon grand-père et un modèle entrepreneurial du côté de mon père qui avait l'entreprise familiale. Je suis partie un peu voyager après cette année-là d'études et je suis revenue avec l'envie de me lancer dans la gestion. Ce que j'ai fait, d'abord en alternance. Puis mon père m'a sollicitée pour venir dans l'entreprise et c'est comme cela que j'y suis entrée. Au départ pas du tout dans l'optique de la reprendre, mais au fil du temps, j’ai eu de plus en plus de projets, de nouvelles tâches à faire que j'ai beaucoup aimé ça, j'y ai pris goût. Il y a une équipe super, avec qui je me suis très bien entendue, des gens très attachants, ça donnait envie de s'investir. Il y a un maintenant un an mon papa a eu des gros soucis de santé, et je me suis retrouvée à la tête de l'entreprise après un an et demi à l’intérieur. C'était donc un peu particulier de changer de prisme, de passer de la collègue en alternance qui envisage peut-être de reprendre la boite à celle qui la reprend finalement.

Comment s’est passée la prise de fonction ?
Je suis arrivée le lundi matin. Mon père était toujours en réanimation, donc je n’avais pas eu la possibilité d'échanger avec lui. Moi, je ne me voyais pas arriver au bureau sans en parler à l'équipe donc j'ai convoqué tout le monde et on a fait une réunion. J'ai expliqué que j'allais faire l'intérim, parce que c'est moi qui connaissais le mieux la boite, et que j'ai appris pas mal de choses en un an et demi. Mais si effectivement, il y avait besoin, on recruterait. Pour moi, ça a été vraiment un gros moment de solidarité, l'équipe a été soudée et m'a fait part du fait qu'ils voulaient que ce soit moi. Ça a commencé comme ça, et c'est sûr que ça donne vraiment envie de s'investir. En plus, on avait lancé de nouveaux projets comme sur la partie photovoltaïque. Après, c’était un peu particulier, parce que moi, je ne suis pas du tout technique. J'ai justement un peu revu le mode de management. J'étais obligée de me reposer techniquement sur l’équipe. Donc on a fait beaucoup plus de participatif, on a échangé beaucoup plus et notamment sur toutes les phases de développement.


Les femmes sont rares à la tête d’entreprises du BTP, et à 25 ans encore plus. Comment cela se passe pour vous ? Est-il facile d’asseoir son autorité dans un milieu majoritairement masculin ?
Je pense qu'il y a beaucoup de préjugés sur le monde du bâtiment. Moi, j'aime beaucoup ce milieu. Je trouve que nous les femmes apportons vraiment quelque chose, une certaine sérénité. On est peut-être aussi plus dans le dialogue. Il y a un certain ego masculin, parfois quand ils sont en rivalité, c'est plus compliqué. Mais globalement ça se passe assez bien. Après, forcément, on a essayé de chercher mon autorité, et c'est normal. Ça aurait été pareil avec n'importe qui. Même si parfois il y a des moments où je me dis qu'ils ne l'auraient pas fait avec mon père... Aujourd'hui, je manage des gens qui m'ont connue quand j'avais cinq ans, donc c'est difficile. Parfois, ils ont envie de m'aider, et parfois comme j'ai l'âge de leur fille, ils ont envie de m'engueuler. Donc j'accepte qu'on me dise que je me trompe, mais il y a des manières de faire. Ça a rendu les choses un peu plus claires. On s'est posé, on s'est demandé les valeurs que l’on veut dans l'entreprise, quelles sont les règles de vie. Maintenant, il y a un cadre. Ce rapport de force est peut-être encore trop ancré ici, juste parce qu'il y a beaucoup de masculinité et qu'en fait, au final, ça leur fait du bien d’avoir une femme. J’ai eu des réunions de chantier ou j'ai dit que je ne comprenais pas, et que si je n'avais pas les réponses, je me renseignerais pour répondre plus tard. Il y a peut-être moins cette transparence chez les hommes, ils ont plus de mal à dire qu'ils ne maîtrisent pas ou qu'ils ne connaissent pas.

Comment se passent les rapports dans l’entreprise aujourd’hui ? Est-ce que votre autorité est écoutée ?
L'idée, ce n'est pas vraiment de m'écouter particulièrement. Quand on a une problématique, plutôt que de s'agacer par email, on va se poser autour d'une table, on réfléchit à la question et on propose des solutions. Et c'est ce que j'ai beaucoup aimé faire, tout ce qui concerne le participatif. Il y a certains salariés qu'on entend tout le temps, qui ne disent pas toujours des choses constructives. Et il y a certains caractères qu'on n'entend jamais. Et quand on les met autour de la table, qu'on leur demande de participer, au début c'est un peu difficile. Mais une fois qu'ils se lancent, les meilleures réflexions viennent souvent des introvertis.

Quelles sont les problématiques actuelles de votre entreprise ?
On a des problèmes dans le bâtiment parce qu'aujourd'hui, les taux d'intérêt sont très hauts, les gens n'ont pas forcément le budget pour réaliser des travaux. On tire tous les prix vers le bas parce qu'on a tous besoin de volume et de remplir nos carnets de commandes. La période n'est pas forcément hyper prospère pour nous, donc il faut essayer de s'orienter vers de nouveaux marchés, et de créer de nouvelles synergies. C'est ce qu'on fait, là. On le faisait déjà depuis plus de sept ans avec l'installation de bornes de recharge pour les véhicules électriques. On travaille notamment avec beaucoup de concessionnaires automobiles qui nous ont poussés. Du coup, depuis un an, on fait aussi du photovoltaïque, et du solaire thermique. Là, on est en train de développer le marché des ombrières. On essaie de favoriser le réemploi, notamment les filières de circuits courts, d'essayer de les développer vraiment. Pas juste importer des structures de Chine.

Côté RSE, comment le Groupe Capet s’engage ?
Le développement de ces énergies vertes déjà, ça rentre dans la RSE. On travaille aussi sur le réemploi. On est dans cette ambition-là. On a également toujours été dans le service, dans le dépannage, la maintenance pour conserver ces installations là-bas. Et en interne, on fait donc du participatif, les salariés font du sport entre midi et deux. On fait des choses après le boulot. Puis on est en train de monter un projet avec Électriciens sans frontières pour faire du bénévolat pour eux.

Sur le même sujet