Olivier Neys : « Je suis très déçu par la loi de finances » - Premium

Quelle réaction suite à la présentation du projet de loi de finances 2025 ?Olivier Neys : Il y a une vraie déception entre le discours de politique générale, et la présentation du projet de loi de finances (PLF) et du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). À l’époque, on avait senti une vraie volonté d’effort massif de l'État, notamment des efforts en ce qui concerne les dépenses et dans une moindre mesure des efforts aux entreprises. Finalement, lors de la présentation de ces deux projets, on a peu de certitudes sur les efforts de l’Etat. On a l'impression que, comme souvent, la feuille de route est beaucoup plus claire sur les efforts qu’il est demandé aux entreprises que l’effort que va devoir engendrer l’Etat. Les surtaxes pour les grands groupes sont confirmées, avec un report sur les produits finis, et on nous annonce la fin des allégements de charge sur les bas salaires. Sur la partie sécurité sociale, on nous annonce également un transfert de prise à charge vers les mutuelles, vers les salariés au détriment de la sécurité sociale. Donc ça aura un impact aussi pour les entreprises. Les défaillances d'entreprises sont en nette recrudescence depuis juillet. Et ce qui est annoncé n'est pas de bonne augure. Je suis très déçu par cette loi de finances.Le MEDEF a-t-il pris une position ferme au niveau national suite à ces annonces ?Le MEDEF national a exprimé une opposition ferme à la quasi-totalité des mesures présentées. À l’époque, on parlait de mesures transitoires pour les entreprises, et finalement 80% d’entre elles sont pérennes. Nous avons participé à une réunion la semaine dernière à Paris, avec une délégation du Pays Basque. Les échanges ont été nombreux, et il est clair qu’on va se battre, il en va de la survie de nos entreprises. Le MEDEF se bat pour préserver la compétitivité des entreprises, car il en va de la survie de nombreux secteurs. La fiscalité française est déjà l’une des plus élevées parmi les pays de l’OCDE, avec des marges de manœuvres limitées sur les salaires. Alors si l’on continue à supprimer des allègements de charges, ça va être préjudiciable pour nos entreprises, nos salariés et notre compétitivité. C’est pour cette raison que tout le MEDEF est mobilisé.Quels seraient, selon vous, les ajustements nécessaires pour ces projets de loi ?Nous sommes prêts à accepter des mesures temporaires, comme des surtaxes sur les grands groupes, à condition que ces mesures soient réellement transitoires. Cependant, la suppression des allègements de charges sur les bas salaires est inacceptable. Cela affecte particulièrement les petites et moyennes entreprises, qui sont déjà sous pression avec la hausse des coûts, notamment dans des secteurs comme le tourisme et l'hôtellerie. Si l’on continue dans cette direction, nous risquons de voir un déclin de la compétitivité, ce qui entraînera des pertes d’emplois en cascade derrière.Quel impact estimez-vous que la suppression des allègements de charges pourrait avoir sur les entreprises ?La suppression des allègements de charges sur les bas salaires aura un impact direct et immédiat. Globalement, cela représente un surcoût de 5,6 milliards d'euros pour les entreprises au niveau national. Quelle est la perception générale au sein du MEDEF Pays Basque sur l’évolution de la situation économique ?Il y a quelques semaines encore, il y avait une certaine forme d’optimisme. Mais aujourd’hui, cet optimisme s’est largement dissipé. Dans ce qu’ils avaient laissé entrevoir pendant la politique générale, c’était une vraie volonté. Concernant le déficit de l’Etat, on parlait de 40 milliards pour l’Etat et 20 milliards pour les entreprises. Aujourd’hui, on se demande où ils vont chercher ces 40 milliards, hormis dans la réduction des dotations aux collectivités. Sur la réduction du déficit d’un point en un an, je suis sceptique. Je pense qu’on n’a pas encore pris le sujet en main, et c’est un vrai problème. De manière globale, pensez-vous que ce nouveau gouvernement peut relancer l’économie ? Qui était un peu en suspens pendant cette période de trouble politique.J’ai un certain scepticisme en la capacité de ce gouvernement de relancer l’économie. Ce ne sont pas les mesures qu’on nous annonce qui vont relancer notre économie. Au contraire, ça alourdit la situation. Nous sommes déjà dans une situation délicate, nos voisins ont réussi à prendre le virage, et nous sommes en train de creuser l’écart.

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