Placéco Pays Basque, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Espagne : quatre régions créent un « lobby » pour une LGV d’ici 2030

Écosystème
lundi 13 mars 2023

Miguel Ángel Revilla (Cantabrie), Iñigo Urkullu (Pays basque), Alfonso Rueda (Galice) et Adrián Barbón (Asturies) portent l’idée d’une « macro-région Atlantique » pour défendre leurs intérêts communs – crédit Irekia

Galice, Asturies, Cantabrie et Pays basque : les quatre communautés autonomes de l’Arc Atlantique espagnol ont annoncé lundi la création d’un lobby commun pour demander à leur gouvernement ainsi qu’à la Commission européenne la réalisation, d’ici 2030, de l’interconnexion ferroviaire avec la France.

S’il a, en France, ravivé la contestation des opposants aux projets de nouvelles lignes à grande vitesse au départ de Bordeaux, le récent rapport du Comité d’orientation des infrastructures (COI) fait aussi des vagues de l’autre côté de la frontière espagnole. Le document, remis officiellement fin février à la Première ministre Elisabeth Borne, recommande en effet de reporter de deux ans la LGV entre Bordeaux et Toulouse, mais aussi d’étaler dans le temps les autres phases du Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), à commencer par la LGV entre Bordeaux et Dax, qui se verrait programmée à horizon 2042.

Un report inacceptable pour les présidents des quatre communautés autonomes de l’Arc Atlantique espagnol. Réunis lundi pour une réunion de travail à l’initiative d’Iñigo Urkullu, président du Pays basque espagnol, les quatre ont annoncé dans la foulée la création d’un « lobby », par l’intermédiaire duquel ils entendent obtenir de leur gouvernement et de la Commission européenne, actuellement sous présidence espagnole, la réalisation d’ici 2030 de la première étape du corridor ferroviaire entre la France et l’Espagne, conformément aux objectifs initiaux fixés par l’Union européenne.

Peser en faveur d’une construction rapide

« Le scénario du gouvernement français suggère que la connexion à grande vitesse Bordeaux - Dax n'arrivera pas avant 2042. Il ne précise pas la date de son arrivée à Hendaye, à Irún. Il s'agirait d'un manquement très grave aux obligations de l'Etat français en ce qui concerne le Corridor Atlantique Européen », déclare Iñigo Urkullu, aligné sur cette ambition avec le président de la Nouvelle-Aquitaine. Nous demandons donc à la Commission européenne et au gouvernement espagnol de faire de tout mettre en œuvre pour que la date de 2030 devienne une réalité, y compris en France ». Les quatre présidents fustigent dans le même temps les « manquements » du gouvernement espagnol, et les retards pris dans le projet de construction du tronçon reliant Vitoria-Gasteiz à Burgos, dont la mise en service « ne se fera pas avant la prochaine décennie ».

Si peu réaliste que paraisse la construction d’une LGV française jusqu’à l’Espagne d’ici 2030, tout l’enjeu pour le « lobby Atlantique » espagnol consiste à faire entendre sa voix auprès des différentes instances concernées, de façon à ce que le projet ne soit pas dépriorisé, à plus forte raison quand les opposants au GPSO, parmi lesquels les maires de Bordeaux, Bayonne et Irún, poussent pour une alternative basée sur la modernisation des voies ferrées existantes. Le gouvernement français n’a, en effet, pas encore précisé dans quelle mesure les recommandations du COI pourraient influencer le calendrier du GPSO, Matignon ayant simplement évoqué « la poursuite des projets de lignes nouvelles engagés », sans plus de précision.

La concurrence de l’arc méditerranéen sur l’hydrogène

Au-delà de la grande vitesse, la prise de parole conjointe des quatre communautés autonomes du nord de l’Espagne vise aussi à afficher un front uni sur les grands sujets d’aménagement susceptibles de contribuer à l’attractivité économique de leurs territoires. Dans leur appel conjoint, les quatre s’inquiètent par exemple des cartes prévisionnelles relatives à la création d’une « colonne vertébrale européenne de l’hydrogène » qui ne franchirait les Pyrénées que du côté Méditerranée.

« En ce sens, il est demandé que le versant atlantique du corridor ne reste pas à la frontière des Pyrénées et qu'il pénètre dans la péninsule par l'ouest en 2030, tout comme il le fera par l'est. De cette façon, l'anneau autour des Pyrénées serait refermé, renforçant ainsi la connexion énergétique des ports atlantiques et méditerranéens de France et d'Espagne pour le transport de l'hydrogène, et assurant surtout une double connexion qui ne laisserait pas la péninsule ibérique isolée de l'Europe en cas de problème de fonctionnement ou de besoin de maintenance sur l'un des hydroducs », écrivent les quatre.

Sur le même sujet