Crédit Agricole : une année 2023 en repli, mais des activités en développement - Premium

L’année 2023 a été « adverse, très difficile », annonce d’emblée Marc Didier, président du conseil d’administration du Crédit Agricole Pyrénées-Gascogne. Marquée par un contexte d’inflation et de tensions géopolitiques, elle a aussi connu une décision « jamais vue depuis le passage à l’euro » : une augmentation des taux directeurs « de quasiment 5% en 18 mois ». « Cela a eu des effets très directs sur l’économie, sur notre activité, notre capacité à pouvoir accompagner nos clients », considère Paul Carite, directeur général de la caisse mutualiste. En 2023, le Crédit Agricole Pyrénées-Gascogne affiche donc un résultat net de 91,5 millions d’euros, en repli de 3,7% par rapport à 2022, et un produit net bancaire de 375,6 millions d’euros, en baisse de 5,6%. « C’est une baisse importante, concède le dirigeant. Il a fallu travailler sur la frugalité de l’entreprise, limiter les charges de fonctionnement ». D’autant que le Crédit Agricole a fait le choix de maintenir l’augmentation de ses tarifs bancaires sous le niveau global de l’inflation, à 2,2% contre 4,9%. Une décision qui « a contribué à préserver le pouvoir d’achat de nos clients », mais a provoqué « un effritement de nos revenus ».« Pour autant, nuance Paul Carite, on a continué à gagner des parts de marché sur le crédit et sur la collecte ». Celle-ci est en progression de 760 millions d’euros en 2023. Le groupe demeure à la fois le principal destinataire de l’épargne sur son territoire, avec un en-cours de 22,06 milliards d’euros et une part de marché de 34,9%, et le premier financeur du territoire : la banque a distribué 2,2 milliards d’euros en 2022 , « dont un peu plus d’un milliard concerne le crédit habitat ». « Près d’un projet sur deux sur notre territoire est financé par notre caisse régionale », revendique le Crédit Agricole.Des secteurs en difficultésCes résultats en repli sont aussi « le reflet de la santé économique de nos territoires », considère-t-on du côté du Crédit Agricole Pyrénées-Gascogne. Certains secteurs d’activité sont convalescents, ou toujours dans la tempête. « Les cafés-hôtels-restaurants sont une activité qui a beaucoup souffert post-Covid et qui reste sous observation », mentionne le directeur général. La filière BTP souffre, « l’aéronautique aussi, ajoute Marc Didier. Pendant la crise Covid, tous les sous-traitants de la région ont vu leur activité s’effondrer, on les a accompagnés en crédits, en capital, on a dégagé des fonds pour eux ». Finalement, conclut le président, « on pensait que la difficulté serait plus durable. Quelques mois après, leur activité est en surchauffe ! »Le cas de la filière agricole est le plus complexe. « On sentait une difficulté poindre depuis plusieurs mois, témoigne Marc Didier. La guerre en Ukraine a fait flamber les prix des céréales, ce qui a d’abord été bénéfique pour les agriculteurs, mais il y a ensuite eu une flambée des intrants qui a fait augmenter les coûts de production ». Or, « depuis quelques mois, les approvisionnements en céréales se sont stabilisés, les prix ont baissé brutalement, et les agriculteurs sont pris entre des charges qui ne diminuent pas et des prix qui s’effondrent ». Pour « accompagner nos clients dans ce mauvais moment » et « donner un signal fort », le Crédit agricole a mis en place en 2022 des prêts à taux zéro aux agriculteurs attendant des indemnisations, des paiements d’assurance ou des aides des pouvoirs publics. « On fera aussi des crédits aux nouveaux installés à des conditions particulières, ajoute Marc Didier. Un tiers à taux zéro, et deux tiers dont on décidera le montant bientôt en conseil d’administration. C’est une façon d’accompagner les crises, mais aussi de favoriser ceux qui ont des projets et qui bâtissent l’avenir ». Au total, en 2023, 253 millions d’euros de crédits à moyen terme ont été attribués au monde agricole.Nouvelles activités en plein essor« Ce qui est important, c’est certes d’évoquer l’activité en termes de résultats financiers, mais aussi de résultat d’activité », assure Marc Didier. « Nous sommes un groupe qui développe de plus en plus d’activités : le crédit, l’épargne, mais aussi assurer nos clients, gérer leurs biens immobiliers, construire des habitations ou des bureaux. Et aussi, produire de l’énergie ». Le groupe mutualiste se targue en effet d’avoir été pionnier dans le domaine des énergies renouvelables. « Nous sommes sur le sujet depuis quinze ans, rappelle Paul Carite. À l’époque, c’était des compléments de revenu pour les agriculteurs, aujourd’hui c’est devenu un enjeu de société ». Capgen, la filiale dédiée aux énergies nouvelles fondée en 2009, affiche en 2023 367 projets accompagnés pour un montant total de 94,8 millions d’euros, soit une hausse de 29% par rapport à 2022. Son parc de 1539 centrales solaires, installées selon un modèle économique innovant où le CAPG loue les toitures de ses clients pour y exploiter des panneaux photovoltaïques, produit 912 GWh d’électricité, soit l’équivalent de la consommation annuelle des départements du Gers et des Hautes-Pyrénées. Et le modèle fait école, puisque durant l’année écoulée, le CAPG a également signé un accord de partenariat avec le Crédit Agricole Aquitaine « pour que Capgen conquière de nouveaux clients sur de nouveaux territoires ».À lire également - Agrivoltaïsme : les caisses Pyrénées Gascogne et Aquitaine du Crédit Agricole unies pour accélérer Le Crédit Agricole entend également se positionner sur l’enjeu de la santé et du vieillissement. « Nous avons créé avec les 39 caisses régionales une nouvelle entreprise, CA Santé et Territoires », annonce Paul Carite. Son objectif : « assurer le service de santé en proximité et à distance, et lutter contre les déserts médicaux avec des alternatives crédibles ». Le groupe a déjà fait l’acquisition d’un opérateur de téléconsultation assistée. « On avance aussi très vite sur l’hébergement des personnes âgées non-dépendantes, avec des petites structures de huit à dix personnes sur le modèle du béguinage », ajoute le directeur général. La résidence Age et Vie, à Sault-de-Navailles, qui a ouvert ses portes fin 2023, « fait partie de ces premières briques que nous avons créées, reprend Paul Carite. C’était la phase d’amorçage, on va maintenant passer à la phase active, de façon très progressive. »

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