Miecolo conçoit une balance pour connecter les ruchers aux apiculteurs - Premium
La balance se place sous la ruche, puis est autonome en énergie. Crédits : Miecolo
La toute jeune startup Miecolo, basée à Pessac, développe un système de rucher connecté autonome en énergie. Grâce à des balances connectées, ses fondateurs veulent prévenir de l’état de santé des essaims, et améliorer les récoltes des apiculteurs.
Créer un rucher connecté pour faciliter le travail des apiculteurs, c’est l’ambition de la startup bordelaise Miecolo. Et pour Quentin Valenti, fondateur du projet, tout a démarré sur les bancs de l’université de Rennes, où il a dû travailler sur un sujet à impact. Lui se positionne sur l’apiculture, et veut créer une balance connectée. Un appareil qui existe déjà dans le secteur, mais qui coûte environ 800 euros. « Une ruche rapporte 200 euros à l’année, un tel investissement n’est pas abordable pour les apiculteurs », résume-t-il. Une fois son projet validé, l’entrepreneur décide de contacter French Tech Bordeaux, « car la Nouvelle-Aquitaine est la principale région apicole de France ». Lauréat du tremplin French Tech, il bénéficie d’un soutien financier de 42.000 euros, puis intègre l’incubateur d’Unitec. Mais les débuts de la jeune pousse sont plus laborieux que prévus. Durant un an et demi, Miecolo n’a pas accès à certains composants électroniques, du fait de la pandémie liée au Covid-19. « Finalement notre R&D aura duré deux ans, nous sommes sur la fin, avec un produit industrialisé et commercialisable », se réjouit Quentin Valenti, aujourd’hui associé avec son frère, Thomas.
Surveiller l'état de santé des ruches
Aujourd’hui, la startup développe deux produits. D’une part, une balance connectée que l’on place sous une ruche, dotée de capteurs de poids, d’humidité et de température. « Le poids permet évidemment aux apiculteurs de connaître leur production de miel en temps réel, présente notre interlocuteur. Mais si l’on constate une diminution, cela peut signifier que la ruche est en mauvaise santé, et l’apiculteur peut donc sauver sa reine ou son essaim. » Idem pour l’humidité ou la température, qui préviennent de l’activité de la ruche selon les variations constatées. Toutes ces données sont matérialisées via une application créée en interne.
Si les balances connectées existent déjà, c’est son second produit que Miecolo a fait breveter, à l’échelle européenne : un système de rucher connecté. Le principe : une balance principale et des balances secondaires, qui communiquent entre elles, pour mieux connaître la santé du rucher en temps réel. « En moyenne un rucher compte trente ruches, installées au même endroit. Souvent les apiculteurs utilisent une balance sur une ruche témoin, censée être représentative de l’état de santé du rucher. Mais ce n’est pas forcément le cas, et nous préconisons trois balances - une sur la ruche témoin, une sur la plus faible, et la dernière sur la plus forte », déroule Quentin Valenti. Ce triptyque permet, selon lui, de véritablement traduire l’état de santé du rucher. D’autant que ce système, doté de panneaux solaires, se veut complètement autonome.
Le choix de ne pas lever de fonds
Aujourd’hui, la startup travaille avec 30 apiculteurs beta-testeurs, et a pré-commercialisé 50 balances. Miecolo travaille avec des sous-traitants aux quatre coins de la France, pour une commercialisation dès la fin de l’année. « La basse saison des apiculteurs, c’est grosso modo à partir de l’automne. C’est là qu’ils renouvellent leur matériel, investissent, pour être prêts pour mars-avril », résume le dirigeant. Le prix de ces balances, lui, n’est pas encore fixé. En cause : l’inflation, qui pèse sur les composants électroniques. « A terme on aimerait s’approcher de 290 euros. Peut-être que nous serons obligés de réduire nos marges au début, pour permettre aux apiculteurs de s’équiper, de tester nos produits… » La distribution sera assurée via une boutique en ligne, et par des distributeurs spécialisés. Objectif affiché, à moyen terme : vendre 1.000 balances par an.
Miecolo ne veut pas lever de fonds pour le moment, et revendique ce choix : « Les apiculteurs n’ont pas forcément beaucoup d’argent. Si on commence à faire entrer des investisseurs à notre capital, j’ai peur qu’on nous impose une rentabilité, une augmentation de nos prix, qui créerait des blocages », résume notre interlocuteur. L’ADI Nouvelle-Aquitaine a soutenu Miecolo à hauteur de 50% pour déposer son premier brevet, et la Région lui a octroyé 50.000 euros pour adapter sa balance aux ruchers plus grands. « Il y a 76.000 apiculteurs en France, et 2.000 d’entre eux possèdent 50% des ruches », illustre Quentin Valenti. Pour autant, le fondateur n’est pas fermé au financement dilutif, « pour aller chercher l’international d’ici 2025. Mais cette année notre objectif est de trouver des distributeurs, de valider la partie industrielle et de tester nos produits dans différents pays européens - l’Espagne bientôt, puis la Belgique ou l’Allemagne ». D’autres produits suivront ensuite comme un tracker pour lutter contre le vol de ruche.
En attendant, Miecolo diversifie ses activités, comme bureau d’études, pour développer d’autres objets connectés dans la domotique. « On a déjà toutes les briques technologiques, on aimerait les réutiliser pour d’autres projets. Comme une cafetière connectée par exemple, illustre Quentin Valenti. Miecolo a besoin d’une béquille financière, et c’est le rôle du bureau d’étude. » La startup espère terminer son premier exercice, en août 2024, avec un chiffre d’affaires de 60.000 euros.
Miecolo
Fondée en 2020
Basée à Pessac
2 fondateurs
