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CES 2024 : les 4 leçons de la délégation néo-aquitaine

Innovation
mardi 13 février 2024

Six startups néo-aquitaines débriefaient mardi leur participation au CES de Las Vegas - crédit AL

Entrepreneurs et structures d’accompagnement se sont retrouvés ce mardi à Bordeaux pour un premier bilan à chaud de l’édition 2024 du CES de Las Vegas, à laquelle participaient 22 startups accompagnées par la Région Nouvelle-Aquitaine et ses partenaires. Au-delà du satisfecit général, quels enseignements concrets tirer de l’expérience ? Morceaux choisis, en quatre temps.

Ce qui se passe à Vegas n’y reste pas toujours, surtout quand il s’agit de partager de bons souvenirs. Et les échanges qui ont réuni mardi une cinquantaine de personnes à la Cité numérique de Bègles, dans les locaux d’Unitec, ont souligné à quel point le CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas, en tant que premier événement mondial dédié à l’innovation, n’avait rien perdu de son pouvoir d’attraction. Qu’on soit visiteur ou exposant, participer au CES suppose toutefois un engagement, en temps comme en finances, et donc a priori une recherche de retour sur investissement.

Un CES, ça se prépare

Et sur ce point, startups comme structures d’accompagnement (French Tech régionales, Sirena, Digital Aquitaine, Team France Export, CCI) sont unanimes : un salon comme le CES ne s’improvise pas, à tout le moins si l’on veut y participer dans le cadre de la délégation régionale. « C’est neuf mois de préparation, et l’effort se poursuit pendant des mois après le salon », indique Philippe Métayer, directeur de la French Tech Bordeaux.

Un constat encore plus vrai pour les startups des marchés BtoB, où les cycles de décision sont longs. « J’ai par exemple cet après-midi une visio avec le cluster qui gère les grands Lacs aux Etats-Unis, mais nous n'avons encore rien signé depuis notre retour du CES. Il nous faut généralement entre 9 et 18 mois, on espère que certains projets iront plus vite », témoigne Ludovic Quinault, cofondateur de Molluscan, une solution de biosurveillance de la qualité de l’eau qui « connecte » des mollusques.

La phase amont, rappelée lors de la présentation de la délégation, implique de réfléchir à ses objectifs de participation, mais aussi à la préqualification d’un certain nombre de contacts ou de prospects, sans oublier un travail sur la présentation de son offre, la visibilité de son stand et, bien sûr, son pitch.

Ensemble, on va plus loin

« Nous sommes la seule région française à aller aussi loin dans notre présence sur le salon », s’exclame Andréa Brouille, vice-présidente du conseil régional en charge du développement économique et de l’innovation. Le commentaire ne se veut pas quantitatif (la Région a revu à la baisse son investissement lié au CES par rapport à 2023, et ne se targue plus d’être la plus importante délégation en nombre de startups) mais qualitatif : la Nouvelle-Aquitaine serait ainsi la seule à pousser aussi loin cette logique de préparation et de travail collectif, regroupé sous la casquette « Team NAqui ».

Sur place, cette logique s’incarne notamment au travers d’une « meeting room » réservée pour toute la durée du salon, où se déroulent briefings, débriefings, rendez-vous d’affaire et soupapes de décompression. A défaut de pouvoir comparer avec les autres délégations, les participants étaient mardi unanimes quant à la force et l’importance de cet esprit d’équipe, ainsi qu’au soutien d’accompagnateurs rompus aux subtilités de l’événement.

Les débouchés ne sont pas forcément ceux que l’on attend

Si préparé qu’on soit, le hasard des rencontres engendre parfois quelques surprises. « Nous sommes revenus avec plus de 250 contacts, à qui nous avons pitché notre solution et qui ont manifesté un intérêt. La moitié sont des contacts européens. Aller au CES, c’est donc aussi être capable de trouver sa cible européenne », se réjouit Damien Garot, fondateur de Stellar Telecommunications, qui partait à Las Vegas afin de tester l’appétence du marché pour ses solutions de connectivité en mouvement. « J’ai rencontré des gens qui évoluent dans le monde de l’eau, mais aussi beaucoup de professionnels qui ne se pensaient pas concernés par nos sujets », ajoute Ludovic Quinault. Reste à transformer ces contacts en clients, un travail de longue haleine.

Ce n’est pas la taille qui compte, mais la maturité produit (et la qualité du pitch)

L’exercice du bilan ne livre logiquement pas les mêmes résultats, entre une startup qui entame son développement produit, et celle dont les produits ou les services sont déjà sur le marché. Mais dans les deux cas, la capacité à présenter très rapidement sa proposition de valeur fait la différence. « Nous avions un stand bien placé, et nous avions préparé plein de démos très visuelles », commente Laurie Pinson, de VRD Studio, qui conçoit des environnements en réalité virtuelle sur mesure, et doit déjà une part significative de son chiffre d’affaires 2023 au CES, après une participation en tant que visiteur.

Les retombées médiatiques font également partie des bénéfices espérés et attendus d’une participation au CES. Et sur ce point, Molluscan (3 personnes) peut se targuer d’avoir attiré l’attention de Techcrunch, l’une des publications en ligne de référence dans le monde de la tech. « Depuis, nous avons eu un reportage avec BBC News cette semaine, il y a un effet de traîne très intéressant pour nous qui cherchions de la notoriété à l’international », précise Ludovic Quinault. Recette du succès ? Une accroche à base d’huître connectée, taillée pour faire s’arrêter même un journaliste pressé.

Sur le sujet, retrouvez aussi notre numéro spécial de Digitéco consacré au CES 2024