Valorisation des invendus : après l'alimentaire, Comerso se renforce dans le secteur de la santé - Premium

Depuis 2013, Pierre-Yves Pasquier et ses équipes s’attachent à réduire le gaspillage des invendus, alimentaires comme non alimentaires. Une préoccupation née d’abord en 2008, lorsque le fondateur et dirigeant de Comerso, « pur produit Danone », réalise que certains supermarchés jettent des denrées alimentaires, « alors qu’aux sorties des magasins, des gens font la manche ». L’entrepreneur pense son projet en pleine crise des subprimes, et crée sa startup. « Selon les derniers chiffres du gaspillage alimentaire, en France ce sont 9 millions de tonnes de produits jetés, et 4 milliards d’euros de produits non alimentaires invendus, dont 600 millions d’euros détruits, met en avant Pierre-Yves Pasquier. À l’échelle mondiale, si le gaspillage alimentaire était un pays producteur de CO2, ce serait le troisième plus gros derrière la Chine et les Etats-Unis. » 11 ans après ses débuts, Comerso a bien grandi. L’entreprise bordelaise couvre quatre grands domaines d’activité : la distribution alimentaire, non alimentaire, les fabricants alimentaires, et ceux non alimentaires. Elle travaille désormais avec de grands noms tels que Carrefour, Leclerc, mais aussi Décathlon, Darty, ou encore Danone. La solution de Comerso prend la forme d’une plateforme digitale, qui connecte 2.500 associations vérifiées, et en recherche de marchandises, avec le surplus de marchandises des 2.300 entreprises clientes. « Pour les associations, c’est 100% gratuit », précise le dirigeant.Un modèle gagnant-gagnant Mais pourquoi ces entreprises ont-elles un intérêt à payer un service, pour écouler du stock déjà invendu ? « En fait, les entreprises génèrent des économies grâce à notre système. Jeter coûte de l’argent, il faut payer des acteurs du traitement des déchets. Et donner rapporte ! Elles vont récupérer 60% de la valeur de leur stock en réduction d’impôts, du fait de donner des produits par notre intermédiaire », explique Pierre-Yves Pasquier. En 2023, les clients de Comerso ont ainsi évité à 30.000 tonnes de produits de se retrouver à la poubelle, ce qui a généré 111 millions d’euros d’économies, entre la valorisation des stocks et l’évitement du coût de traitement. « Et en contrepartie, on prend une partie de cette valeur qu’on facture. » Car pour assurer une fluidité, Comerso accompagne opérationnellement et logistiquement ses clients. De la relation avec les associations à la formation d’équipes si besoin, « il faut que le processus de mise en place de notre solution soit aussi fluide que pour jeter un produit ». Si cette surproduction fait le bonheur des associations, une autre question vient rapidement à l’esprit, quand Pierre-Yves Pasquier parle de son activité : pourquoi continuer de produire autant ? « On est exactement sur un sujet de sobriété, tout comme on a parlé de l’électricité, de l’eau. Par contre, ça se saurait si manager sa sobriété était aussi simple à internaliser, analyse notre interlocuteur. On les aide à basculer vers un modèle plus durable, soutenable, avec des impacts RSE [ndlr, responsabilité sociale des entreprises] tangibles. »Revaloriser le lait infantile Après avoir développé géographiquement Comerso, en ouvrant notamment une filiale espagnole l’an dernier, Pierre-Yves Pasquier s’attaque à la valorisation d’autres types de produits. En l’occurrence, dans le domaine de la santé - une verticale explorée depuis 2020, mais que Comerso renforce aujourd'hui. « Le groupe L’Oréal par exemple, avec lequel on travaille, a une division baptisée Cosmétique Active, qui vend des produits en pharmacies. Et ces produits sont soumis aux mêmes règles de marché que les autres », affirme Pierre-Yves Pasquier. L’entreprise vient donc de nouer un partenariat avec le laboratoire Gallia, pour valoriser le stock de pharmacies, parmi les 22.000 officines françaises. Un choix stratégique, pour éviter à Comerso de traiter directement avec chaque établissement - Gallia ayant déjà des partenariats avec des pharmaciens.Si l’alimentaire représente historiquement les trois quarts de son activité, l’entreprise, qui génère un chiffre d’affaires de « plusieurs millions d’euros », entend bien accélérer notamment sur la nutrition infantile. Des produits prioritaires et onéreux, « mais surtout très demandés par les associations ». Et ensuite ? « Bien sûr, la vocation de Comerso sera de se déployer en Europe. Nous ouvrirons les pays au gré des politiques, comme ça a été le cas pour l’Espagne. Il y a par exemple un sujet en Belgique. Mais nous poursuivrons toujours notre développement en France, car il y a encore beaucoup de choses à faire », conclut Pierre-Yves Pasquier.ComersoFondée en 2013Basée à Bordeaux50 salariésCA : n. c.

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