Pure Salmon au Verdon : 275M€ d’investissements et 250 emplois attendus - Premium

D’abord envisagé à Landacres, dans le Pas-de-Calais, le projet de ferme aquacole porté par la société Pure Salmon France devrait finalement voir le jour au Verdon-sur-Mer, au sein d’un site de 37 hectares situé juste à l’arrière des quais du terminal portuaire. Géré par le Grand Port Maritime de Bordeaux (GPMB), ce site fait partie des 49 nouveaux sites « clés en main » sélectionnés en septembre dernier dans le cadre de sa politique visant à renforcer le maillage des implantations industrielles et favoriser la reconversion de zones délaissées. Un statut par l’intermédiaire duquel l’Etat promet aux porteurs de projet une implantation facilitée et accélérée, grâce à la purge anticipée d’un certain nombre de recours. Une ferme basée sur l’eau de merL’atout est bienvenu pour Pure Salmon, dont le projet initial d’implantation en France concernait la commune de Landacres, près de Boulogne dans le Pas-de-Calais. Annoncé en janvier 2020, il avait suscité des critiques en local, plusieurs élus et associations dénonçant une incertitude quant à la consommation réelle en eau de la ferme. Pour Xavier Govare, président du conseil d’administration de Pure Salmon France, ce n’est cependant pas ce statut qui fait le principal intérêt du site du Verdon. « À Boulogne, le projet prévoyait d’utiliser de l’eau douce, qui entre en concurrence avec des usages tels que l’alimentation humaine, l’agriculture ou l’élevage. Entre temps, Pure Salmon a fait l’acquisition de Kruger Kaldnes, une filiale de Veolia leader mondial du traitement de l’eau en pisciculture, qui nous donne la capacité de traiter de l’eau saumâtre », explique-t-il. Au Verdon, Pure Salmon prévoit ainsi d’exploiter l’eau salée d’une nappe phréatique située 50 mètres sous le site, régénérée par l’eau de mer et donc virtuellement inépuisable, en adoucissant grâce aux outils de Kruger Kaldnes les volumes nécessaires aux phases d’éclosion des saumons ainsi qu’à leur transformation. La ferme envisagée par Pure Salmon aurait une capacité de l’ordre de 10.000 tonnes de saumon par an. Le projet prévoit d’occuper 15 hectares, avec une écloserie, 30 bassins d’élevage de 24 mètres de diamètre sur 7 mètres de profondeur, et une unité de transformation dédiée aux produits finaux, filets, darnes et autres saumons fumés, pour lesquels Pure Salmon affirme avoir déjà signé des contrats de pré-réservation couvrant l’intégralité de sa production potentielle. Pure Salmon France promet un projet vertueux sur le volet énergétique, avec une production d’énergie solaire en propre, grâce à des panneaux placés sur le toit des bâtiments, complétée par de l’électricité fournie par une future ferme photovoltaïque de 45 hectares, pour laquelle le GPMB avait récemment lancé un appel à manifestation d’intérêt. La société envisage également la création d’une unité de méthanisation capable de valoriser les boues extraites du traitement de l’eau des bassins d’élevage. Elle prévoit enfin de transformer les coproduits de l’élevage - les parties du saumon qui ne sont pas destinées à la consommation humaine - par le biais d’aliments pour animaux de compagnie. 275 millions d’euros d’investissementsL’ensemble du projet représente, d’après Pure Salmon France, un investissement de plus de 275 millions d’euros et devrait, à terme, créer plus de 250 emplois directs, répartis entre l’élevage, la transformation, les activités transverses et les fonctions support. Un montant qui dépasse assez largement l’enveloppe de 175 millions d’euros initialement prévues pour le projet de Landacres. « Nous avons recalibré certaines dépenses, et la mise en œuvre de la technologie de Kaldnes représente également un surcoût, mais il faut préciser que cette enveloppe intègre à la fois la partie capex, liée à l’investissement industriel, et notre besoin en fonds de roulement, puisque le cycle d’élevage du saumon représente une durée de deux à cinq ans », explique Xavier Govare.Nouveau venu sur la scène de l’élevage de poisson, Pure Salmon est une société fondée en 2018, soutenue et financée par un ensemble de fonds d’investissements gérés par la société singapourienne 8F Asset Management. L’entreprise, qui affirme avoir déjà levé quelque 360 millions de dollars, ambitionne de construire des sites de production aquacole d’une capacité unitaire de 10.000 à 20.000 tonnes de saumon par an, en France mais aussi aux Etats-Unis, en Pologne et au Japon, pour atteindre progressivement un objectif global de 260.000 tonnes par an. Si jeune soit-elle, la structure assure avoir les compétences nécessaires à la réalisation de ses ambitions, même si elle ne dispose aujourd’hui d’aucune unité industrielle fonctionnant à plein régime. Un projet compatible avec le territoire ? « Nous nous sommes dotés de la technologie qui constitue le cœur du réacteur, à savoir le traitement de l’eau », répond Xavier Govare, qui a présidé pendant près de 15 ans le groupe Labeyrie. « Nous opérons également depuis quatre ans une ferme miniature, installée en Pologne, qui tourne pour l’instant à 350 ou 400 tonnes de saumon par an. Elle nous a permis de monitorer et de paramétrer tous les éléments de performance de l'élevage, qu’il s’agisse de bien-être animal, bien supérieur à celui de l’élevage en mer, ou de performance économique », ajoute-t-il. Pure Salmon s’est par ailleurs dotée d’un atelier de transformation et de fumage, installé à Boulogne, qui lui permet d’avoir déjà une présence en grande surface - à partir de poissons de mer, ainsi que d’une première unité dédiée à la production de pet food. « Nous avons travaillé l’ensemble des aspects qui nous permettent de revendiquer une approche réellement circulaire, avec une ingénierie qui garantit une véritable ferme écologique », revendique le président. La signature de la convention d’occupation des sols formalisée lundi avec le Port de Bordeaux donne à Pure Salmon de bonnes raisons d’espérer que la ferme du Verdon voie le jour dans un calendrier raisonnable. « Rien n’est fait tant que nous n’avons pas obtenu l’ICPE (Installation classée protection de l’environnement), rappelle Xavier Govare, mais si nous avons abouti à cette signature, c'est que l'ensemble des parties prenantes, des services de l’Etat aux associations en passant par les élus, considèrent que ce projet est le meilleur pour le Verdon, avec une composante économique dont le territoire a grand besoin, et une activité industrielle compatible avec ce territoire très protégé ». Pure Salmon espère pouvoir débuter les travaux début 2023, puis recevoir ses premiers oeufs en 2024 pour un début de commercialisation à horizon 2026.

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