Pollen Robotics lève 2,4M€ pour déployer ses solutions modulaires - Premium

Quelle meilleure occasion que la RoboCup 2023, qui va se dérouler du 4 au 10 juillet à Bordeaux, pour sortir du bois quand on est une entreprise girondine de la robotique interactive ? Fondée en 2016, la jeune pousse Pollen Robotics n’est pas totalement une inconnue. En fin d’année dernière, elle avait fait parler d’elle lors du concours international d’innovation XPrize, en se classant deuxième, décrochant à cette occasion 2 millions de dollars (environ 1,8 million d’euros). Aujourd’hui, elle annonce avoir bouclé une levée de fonds, la première depuis sa création. L’opération, d’un montant de 2,4 millions d’euros, voit notamment intervenir Bpifrance ainsi que deux banques (Société Générale et BNP Paribas). Elle a principalement été réalisée auprès d’un investisseur privé, visiblement très désireux de rester dans la coulisse. Tout juste peut-on apprendre que cette personne, versée dans les sciences et les défis technologiques, est française mais n’appartient pas à l’écosystème tech régional.Faciliter la manipulation robotisée en environnement du quotidienForte de ce financement global de quelque 4,2 millions, la startup va s’employer à accélérer son développement. Lequel s’appuiera sur son robot Reachy, lancé en 2020 et jusque-là principalement cantonné au rang de plate-forme humanoïde et de prototypage. « Depuis deux ans, on a fait un gros travail pour rendre le robot et nos technos plus solides et performantes, qu’il soit capable de travailler dix heures et non plus une, de soulever 3 kg et plus 300 grammes, en portant sa précision du centimètre au millimètre. On a fait un corps robotique plus capable », pose Matthieu Lapeyre. Cofondateur avec Pierre Rouanet (tous deux sont anciens chercheurs à l’Inria) et président de l’entreprise, il déroule : « Beaucoup d’autres entreprises vont proposer un robot très complet, à prendre comme il est et qui sera industrialisé en masse ; il faudra prendre tout le truc. Nous préférons les technos plus sobres et modulaires. Reachy est une bonne base de travail sur laquelle on peut choisir. Il peut être découpé en briques technologiques - du hardware, du software, de l’IA - qui peuvent être intégrées dans les cas d’usage de nos clients. Nous voulons sortir les robots des laboratoires et les mettre en milieu non contraint, dans des magasins, des maisons de retraites, des hôpitaux… » Le positionnement est donc celui d’une plate-forme dédiée à la robotique de services, « en se focalisant sur la manipulation, qui représente un des plus gros challenges du domaine de la robotique de service et sociale », explique-t-il.Autre défi : l’acceptabilité, voire l’adoption. « Nous sommes convaincus que développer des formats humanoïdes ou bio-inspirés permettra une meilleure acceptation des robots dans nos contextes quotidiens », complète Matthieu Lapeyre, dont l’équipe est persuadée qu’un design qui inspire confiance augmente l’usabilité. Outre le faible d’avoir renoncé à la bipédie en phase de mobilité, au profit d’un système à trois roues autrement plus aisé à mettre au point, Reachy dispose d’une caméra 3D, cachée derrière des yeux asymétriques qui lui donnent un air moins froid. Au bout de chacun des deux bras, une main à deux doigts capables aussi de ressentir la texture des objets, la résistance… Chaque détail compte pour rendre le tout sympathique, jusqu’à la marinière Armor Lux !Des utilisateurs souvent différents des clientsL’offre de Pollen Robotics « permettra aux acteurs de la robotique et aux entreprises de services de facilement déployer la robotique dans des applications du monde réel. Elle sera disponible en modules séparés », nous explique-t-on, mais également intégrée à la future version de Reachy qui sera dévoilé en 2024. La clientèle sera donc principalement professionnelle, même si les utilisateurs finaux ne le seront pas forcément. « Il faut que ça soit simple à s’approprier », insiste encore Matthieu Lapeyre, qui estime qu’il est désormais possible d’expliquer à un robot, avec un langage simple, la tâche à effectuer. Le champ des possibles est vaste : « Ca peut être dans l’industrie, dans le BTP, pour de la mise en rayon de supermarché, sur le travail de nuit en général », suggère le dirigeant, qui rêve dans un coin de sa tête à un robot de rangement. « Ça pourrait être un bon cas d’usage, très utile. »L’entreprise va vendre son hardware, mais aussi céder des licences sur des logiciels de développement d’applications ou des outils d’intelligence artificielle. « Les trois quarts de notre équipe travaillent sur du logiciel », souligne le CEO, qui détaille : « On a plusieurs sources de monétisation. La première historiquement c’est la vente de matériel. S’y associent des services de personnalisation ou de développement applicatif. Il y a un gros effort d’amélioration continue, qui permet d’intégrer des fonctionnalités d’intelligence artificielle. Beaucoup de nos briques logicielles sont commercialisées sous forme d’abonnement. » L’ensemble reposera sur un plate-forme SaaS (software as a service), avec un avantage interne énorme pour Pollen Robotics : « Les clients vont utiliser nos algorithmes qui vont être peaufinés, les serveurs sur lesquels ils sont hébergés feront du machine learning », permettant un apprentissage et une amélioration continue grâce à la collecte et l’exploitation des données d’usage.Encore grandirL’équipe, qui a doublé de taille l’an dernier, est actuellement composée de 19 personnes dont 11 ingénieurs R&D. Elle attend avec impatience la RoboCup. « L’écosystème mondial de la robotique nous connaît mais n’est pas au courant de nos dernières évolutions. On va montrer le dernier prototype de notre nouveau bras. C’est une des briques les plus importantes de ce qu’on va sortir en 2024. On a nous-mêmes été surpris quand on l’a vu fonctionner, ça va au-delà de ce qu’on attendait. On voit qu’il y a un gros potentiel », s’enthousiasme le dirigeant. En attendant, quatre ou cinq recrutements sont encore prévus, notamment pour booster le développement commercial. « On va essayer de continuer à doubler notre chiffre d’affaires. C’est ce qu’on fait depuis la création, ça nous a permis de nous financer jusque-là. Cette année, on veut dépasser le million d’euros de chiffre d'affaires. Là, il y avait de gros besoins, d’où la levée de fonds. On réfléchit déjà à une autre levée dans un an environ », dévoile Matthieu Lapeyre. Il s’agira de s’entourer de nouveaux partenaires, mais aussi d’encore accélérer.La 2e version du bras Reachy, plus forte et adaptée aux usages industriels. Crédit : Pollen Robotics.« On est en train de de transformer notre deuxième génération en un produit qui va être industrialisé. Pour la fabrication, nous avons un ensemble de partenaires essentiellement français. » Les moteurs sont ainsi achetés au fournisseur girondin Génération Robots, la plupart des pièces sont fabriquées à Limoges par Axis et l’assemblage final est assuré par ETSA, à Angoulême. Et de livrer une dernière révélation. « On est très satisfait de ce montage industriel. Mais on s’interroge aussi sur l’éventualité de nous doter de notre propre usine. Ou bien de créer une usine commune, avec d’autres entreprises de la robotique en France », réfléchit-il tout haut.Pollen RoboticsSAS créée en mai 2016Siège social à BordeauxEffectif : 19 personnesCA : NC

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