Météorage vise la croissance hors de France - Premium

Dominique Lapeyre de Chavardès est peut-être la seule personne d’Hélioparc à porter une cravate au bureau. Logique, sans doute, pour le PDG de ce qu’il définit avec un sourire comme « une vieille startup ». Fondée en 1987 sur la base d’une technologie de détection de la foudre et d’anticipation des orages développée dans une université américaine et rachetée par des entrepreneurs français, Météorage s’est installée à Pau en 1993. En cette fin de XXe siècle, les débuts sont laborieux, et l’entreprise peine à rentabiliser son activité. En 2000, les investisseurs initiaux décident alors de se retirer, et se tournent, pour la reprise de Météorage, vers son principal client Météo France. À l’époque directeur commercial de l’établissement public, Dominique Lapeyre de Chavardès participe à la reprise : « On a décidé d’y aller. » L’opération est finalisée en 2001, avec une montée au capital de Météo France à hauteur de 65%. « À l’époque, la société comptait une dizaine de personnes et moins d’un million d’euros de chiffre d’affaires », se souvient celui qui est alors nommé PDG de Météorage. L’entreprise a depuis bien grandi… et structuré un modèle économique robuste. « Nous avons une structure de gros investissements initiaux : avant de faire du service, il faut investir dans des capteurs et toute une plateforme informatique qui coûte très cher également », explique le PDG. Le coût marginal du service, lui, est proche de zéro. L’enjeu est donc de convaincre une diversité de clients de la valeur ajoutée du service. « Le coût d’acquisition d’un nouveau client est élevé, il ne se justifie que parce qu’on les garde. Notre taux de renouvellement est de 98%, et ce sont quasi-exclusivement des abonnements. »« Si une pale d'éolienne est touchée par un éclair, on peut la réparer tout de suite »Tout l’enjeu a donc été, pour l’entreprise, de faire connaître ses services… et de convaincre de leur utilité. « Il n’y a que quelques très rares secteurs qui savaient dès le début qu’ils avaient besoin de nos informations, se souvient Dominique Lapeyre de Chavardès. Les agences météo, bien sûr, mais aussi les transporteurs d’énergie électrique, comme RTE et autres… Pour les autres, il a fallu, et c’est encore notre challenge aujourd’hui, leur faire comprendre que l’on vit mieux avec nos services, que l’on diminue ses risques et que l’on améliore sa rentabilité ».Progressivement, Météorage élargit sa base clients : télécoms, réseaux d’eau, parcs éoliens, sites industriels ou data centers… « Nous sommes capables d’alerter de l’arrivée d’un orage entre 30 minutes et une heure en avance, détaille le dirigeant. Cela permet à tous ceux qui ont des activités dangereuses de les arrêter : quand on fait du dépotage de gaz, des activités inflammables, explosives… on leur dit quand ils doivent arrêter et quand ils peuvent recommencer. » L’entreprise est également capable d’informer ses clients a postériori des impacts de foudre avec une précision d’environ trois mètres. Dans l’éolien, par exemple, « si une pale d’éolienne est touchée par un éclair, elle a un petit trou, on ne la voit pas, mais des mois plus tard elle tombe et coûte des dizaines de millions. Si on est informés par Météorage qu’elle a été touchée, on peut la réparer tout de suite. »À lire également - Héli-Béarn lance à Pau sa nouvelle école de pilotage« En valeur, 80% de notre chiffre d’affaires est représenté par la prévention en temps réel, et 20% par l’analyse a posteriori, précise le PDG de Météorage. En nombre, nous avons beaucoup d’utilisateurs qui nous achètent nos services d’analyse, qui sont peu chers ». Développement dans toute l’Europe L’entreprise couvre aujourd’hui la quasi-totalité de l’Europe : « On couvre à peu près toute l’Europe, en tout cas celle qui a des besoins avérés, seul l’extrême-est est laissé de côté, précise le PDG. Nous n’avons pas de plans supplémentaires, nous couvrons toute la zone que nous voulions couvrir, avec des niveaux de développement très différents selon les pays. Aujourd’hui, nos plus gros marchés sont l’Italie et le Royaume-Uni, et nous sommes en pleine phase de décollage en Allemagne. Nous couvrons aussi les pays scandinaves, mais sans y avoir d’approche commerciale, nous faisons simplement du service pour les clients étrangers implantés là-bas ». Météorage propose également des services dans le reste du monde, même si leur précision est moindre qu'en Europe. « On est donc capables de faire des services équivalents partout dans le monde, et on a donc une activité notamment en Afrique. »French Tech Pau Béarn : « Il faut se remettre en question pour tirer un maximum de bénéfices de l'IA » Quant au marché français, il est « à un stade de maturité sans équivalent dans le monde, et pour autant il continue à se développer, explique Dominique Lapeyre de Chavardès. Ce sont maintenant nos clients qui en ramènent de nouveaux, et on voit bien que même dans un segment très mature comme l’éolien, il reste encore des choses à faire. C’est pareil dans l’industrie, nous y avons de nombreux clients, mais toutes les usines ne sont pas encore abonnées chez nous ». L’entreprise compte aujourd’hui 30 salariés et a présenté récemment son nouveau plan stratégique. « Le précédent, qui allait de 2019 à 2024, on n’en est pas mécontents, sourit le PDG. On a fait 2 % de plus que prévu en chiffre d’affaires cumulé. » Pour les cinq prochaines années, Météorage vise « une croissance à deux chiffres hors de France, à un chiffre en France », avec un objectif de « plus de 7 millions d’euros de chiffre d’affaires » et « une rentabilité nette qu’on veut maintenir à deux chiffres ».MétéorageFondation en 1987Siège social : PauChiffre d'affaires : 6,5 millions d'euros (2022)30 salariés

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