Medtech : RebrAIn lève 3,7M€ pour traiter les tremblements des maladies dégénératives - Premium

Comment réduire le temps d’opération, pour traiter les symptômes de deux maladies dégénératives : les tremblements essentiels et ceux de la maladie de Parkinson ? C’est à cette question que travaillent deux hommes depuis 2015. Emmanuel Cuny et Nejib Zemzemi, respectivement professeur de neurochirurgie au CHU de Bordeaux et chercheur au centre de recherche INRIA, ont cofondé la medtech RebrAIn. « Actuellement, il est nécessaire de réveiller les patients lors des opérations, pour trouver les zones du cerveau qui sont cliniquement les plus efficaces pour traiter ces maladies. Nous avons conçu un algorithme basé sur l’intelligence artificielle, qui détermine les zones à cibler, mais aussi un logiciel qui permet de lire et de marquer les IRM », expliquait à Placéco Emmanuel Cuny, en 2021. Les neurochirurgiens envoient l’IRM d’un patient via une plateforme d’échange de données sécurisées, RebrAIn la traite en quelques minutes puis la renvoie marquée. Trois ans après, la startup a décroché en plus du marquage européen CE, celui de la FDA (Food and drug administration) qui l’autorise à se déployer aux Etats-Unis. Et la technologie de RebrAIn, destinée aux neurochirurgiens, est utilisée dans 55 centres à travers le monde, de Los Angeles à Toronto, en passant par Hong Kong, Singapour, et bien sûr les pays européens. De quoi conforter la medtech dans l’utilité de sa solution. « Nous allons incessamment publier notre première étude sur les tremblements essentiels, affirme aujourd’hui Emmanuel Cuny. Elle montre des résultats supérieurs à ceux publiés dans la littérature, et un temps d’opération réduit plutôt par trois que par deux. Notre objectif est vraiment de rendre les chirurgies plus simples, accessibles, moins chères et plus rapides. Ce n’est plus possible de prendre des patients au bloc six heures d’affilée, on n’en a pas les moyens. »Atteindre 300.000 euros de CA en 2024 Pour massifier le déploiement de sa technologie, RebrAIn annonce sa première ouverture conséquente de capital : 3,7 millions d’euros, levés auprès du fonds d’investissement Karista, spécialisé dans la health tech, et du fonds régional NACO. « Ce tour de table a été drivé par l’ADI [ndlr, agence de développement et d’innovation de Nouvelle-Aquitaine], c’est eux qui nous ont présenté Karista », précise notre interlocuteur. Qui rappelle que RebrAIn avait déjà collecté 300.000 euros en 2021, auprès de business angels, en plus de bénéficier de subventions régionales et nationales. Pour accélérer, la startup a récemment recruté David Comartin en tant que CEO - Emmanuel Cuny restant président du board. « C’est un homme qui connaît bien le monde des health tech, il est là pour structurer notre développement économique », se réjouit le cofondateur. Cette levée de fonds permettra à la jeune pousse de consolider ses équipes, de 13 salariés aujourd’hui, pour grimper à 17 d’ici la fin de l’année. Deux types de profils sont logiquement recherchés : d’un côté, les « tech » et notamment des ingénieurs logiciels, des data scientists et des mathématiciens, et de l’autre, des profils commerciaux. Objectif n°1, « majeur et immédiat » : les Etats-Unis. « On y a créé une filiale il y a presque un an, RebrAIn U. S. Corp. Elle est encore dormante, mais des centres ont déjà testé notre technologie, et nous sommes en train de signer les premiers contrats commerciaux. Comme pour la plupart des boîtes medtech, les Etats-Unis représentent 50% du marché mondial, nous développer là-bas est obligatoire », affirme Emmanuel Cuny. RebrAIn se positionne sur un modèle d’abonnement, et si son chiffre d’affaires 2023 ne dépasse pas les 30.000 euros, la startup entend boucler l’année à 300.000 euros, avant de le doubler en 2025. « On ne cherche pas immédiatement la rentabilité, mais d’abord à développer la technologie et la commercialisation pour faire notre preuve de marché. Avoir des contrats, et commencer à vendre », commente Emmanuel Cuny.Poursuivre la R&D Outre ce déploiement commercial, RebrAIn maintient ses efforts de recherche. Si la startup ne cible pas d’autres pathologies pour le moment, elle entend augmenter son pouvoir de prédiction, pour cibler encore plus précisément les zones à opérer, et marquer au mieux les IRM. Mais le neurochirurgien insiste : « Nous sommes positionnés sur le traitement symptomatique. Nous ne soignons pas la maladie de Parkinson, mais nous modifions les symptômes pour augmenter la qualité de vie des patients. » La startup s’intéresse notamment à une technologie en développement, les ultrasons focalisés, qui permet de réaliser des lésions dans le cerveau avec beaucoup plus de précision qu’actuellement. Une technologie « novatrice, attendue par les patients », mais encore très peu présente en France. « Chez RebrAIn, nous sommes fournisseurs d’un ciblage performant sur cette technologie. Mais aujourd’hui, on doit envoyer des patients à l’étranger, en Espagne, en Italie, en Allemagne, car les autorités françaises n’ont pas mis de fonds pour financer cette technologie dans les hôpitaux publics. Moi je dois faire 40 stimulations cérébrales par an, les très gros centres comme celui de Grenoble doivent en faire 70, et rien qu’à Pampelune, il y en a 100 par an », illustre le neurochirurgien. Qui précise que RebrAIn a récemment déposé un dossier auprès de l’Union européenne, pour mener des essais cliniques, et pouvoir standardiser la technologie en Europe. En attendant que ce soit chose faite, RebrAIn projette de déménager, toujours à Bordeaux mais dans un local plus grand. Et pense déjà à sa prochaine levée de fonds, qui devrait intervenir d’ici deux ans et demi. RebrAInCréée en 2015Basée à Pessac13 salariés

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