Garlin : Comment Miraïa veut faire accepter son projet de biochar - Premium

Miraïa prévoit de déposer son dossier d’autorisation environnementale à l’automne 2025. « On est actuellement dans les travaux de développement autour du projet, explique Julien Marchal, directeur commercial de l’entreprise. On a fait un travail important pour adapter le projet au territoire, avec une technologie moins gourmande en biomasse, plus économe en matière première. » Par rapport au projet initial, ajoute-t-il, l’usine pourra fonctionner avec un éventail plus large d’intrants : broyat de biomasse, bois hors d’œuvre, voire résidus agricoles. Les anciens réacteurs verticaux de 26 mètres, critiqués pour leur impact visuel, sont également remplacés par des fours horizontaux, plus compacts. « Ces débats nous font beaucoup avancer. On a fait évoluer notre technologie suite à certaines critiques », se félicite Julien Marchal. L’entreprise développe en parallèle un site pilote en périphérie de Toulouse. Ce site accueillera une ligne de production réduite destinée à valider les procédés, affiner les produits et sécuriser les premières commandes. « La technologie est mature, considère le dirigeant, mais on a besoin d’être capables de produire pour convaincre de futurs clients et sécuriser un carnet de commande sur l’usine de Garlin. » Dialoguer avec les opposants Les futurs clients ne sont pas les seuls à convaincre. Sur un territoire où les projets industriels consommateurs de biomasse sont très critiqués, Miraïa est souvent dénoncée au même titre que l’est Elyse Energy et son projet E-CHO de production d’e-biocarburants à Lacq. En pointe, l’association Forêts Vivantes Pyrénées, avec laquelle l’entreprise toulousaine échange régulièrement. « On est en contact avec eux, on a organisé plusieurs réunions, des échanges lors d’une permanence à Garlin, des réunions téléphoniques, détaille Julien Marchal. On approche l’acceptabilité en étant au contact, avec un maximum de transparence. On a partagé des documents-clés, comme un audit de biomasse, et nous avons été plusieurs fois remerciés par les associations, de jouer le jeu de la transparence et du dialogue ». Les dimensions relativement modestes de l’unité prévue à Garlin, avec sa production annuelle de 20.000 tonnes de biochar, soit un volume bien moindre que d’autres projets industriels consommateurs de biomasse, joue sans doute en sa faveur. « En termes de volume, on est beaucoup plus petit, on nous fait comprendre qu’on gêne un peu moins » que d’autres projets, note Julien Marchal.À lire également - Elyse Energy : sur le débat public, « on a peut-être été un peu naïfs » L’entreprise insiste aussi sur les usages de son produit : « Le biochar sert à l’agriculture, la construction et la métallurgie, énumère Julien Marchal. Cela correspond aux usages prioritaires définis par la stratégie nationale : biofertilisants et matériaux. » Certaines critiques persistent néanmoins. « Ce qui nous chagrine, c’est que l’association continue parfois à communiquer sur d’anciennes données, malgré les mises à jour qu’on leur transmet », déplore Julien Marchal, citant notamment des chiffres de consommation de biomasse ne prenant pas en compte les ajustements faits par l’entreprise à son projet, ou certaines critiques sur la nature du biochar. « Quand ils écrivent que le biochar est un polluant, alors que toute une littérature scientifique encadre son usage, c’est injuste. » Comment y répondre ? Pour le dirigeant, le défi est de « ne pas tomber dans un dialogue d’experts », mais de faire œuvre de pédagogie, notamment lors de l’enquête publique à venir en 2026. « Corriger une fausse information prend entre cinq et dix fois plus de temps que de la dire », constate-t-il.Participer à la gestion de la biomasse L’un des enjeux majeurs pour Miraïa reste l’accès à une ressource de plus en plus convoitée. Selon un audit commandé par l’entreprise, les besoins cumulés de projets similaires dans le Sud-Ouest dépasseraient les trois millions de tonnes de bois par an. Miraïa affirme avoir intégré les projets concurrents (notamment Elyse et Nacre) dans ses calculs d’approvisionnement. « Il y a aussi un travail de recoupement avec les services de l’État, c’est un garde-fou », rappelle Julien Marchal.À lire également - Biomasse : la préfecture veut structurer la gestion L’entreprise suit également les réflexions engagées autour de l’évolution de la ressource forestière dans un contexte de réchauffement climatique. « Le réchauffement engendre une mortalité accrue, ce qui peut, paradoxalement, générer plus de biomasse disponible à court terme. Mais à moyen terme, oui, ça nous inquiète », reconnaît Julien Marchal. L’entreprise réfléchit à participer directement à la reforestation de certaines zones, notamment sur des terres agricoles en déprise : façon, pour Miraïa, de produire elle-même une partie de la précieuse biomasse.Cette réflexion s’inscrit dans le cadre plus large du Comité départemental de gestion de la biomasse, mis en place en juin 2025 par la préfecture des Pyrénées-Atlantiques. « C’est très intéressant, salue Julien Marchal. Tous les porteurs de projet, les services de l’État, les associations opposantes étaient autour de la table. C’est indispensable pour mettre tout le monde au diapason ».

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