Pour Philippe Cazes-Carrère, « si on veut gagner de l’argent en cinq minutes, on ne devient pas patron » - Premium

Autodidacte, le Béarnais Philippe Cazes-Carrère a commencé à travailler à 17 ans, avant de se lancer dans l’entrepreneuriat cinq ans plus tard. Aujourd’hui, son entreprise APR emploie 1.600 équivalents temps plein, pour un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros. Il a récemment gagné le prix de l'engagement lors des Victoires des Autodidactes de Nouvelle-Aquitaine, organisées par BPFT et la Banque de France. La transmission est une valeur qui semble omniprésente chez vous. Pourquoi vous tient-elle à cœur ?Parce que transmettre, c’est ne pas disparaître. Je vais dans des écoles pour transmettre mon expérience, dire aux jeunes que quel que soit leur milieu, ils peuvent y arriver. Il faut croire en ses rêves, c’est un peu mon discours. J’ai des dizaines de témoignages de gens qui ont décidé de changer de vie, qui en ont eu marre d’être salariés et qui se sont lancés. Ça, ça me plaît beaucoup. Vous souvenez-vous de ce qui vous a vous-même donné envie, à l’époque ? Pour moi c’est une grande liberté d’être son propre patron. J’ai toujours eu des envies, des rêves - j’ai toujours été bling-bling avant l’heure. Pour me payer des voitures et des choses inutiles, j’ai rapidement compris qu’il fallait travailler. J’ai eu une enfance compliquée, mais mon père m’a inculqué une chose, c’est « 1 le travail, 2 le travail, 3 le travail et jamais de vacances ». Mais tout n’est pas qu’une question d’argent et c’est d’ailleurs ce que je reproche à la jeunesse actuelle, ils veulent tous faire des ronds - être influenceurs ou que sais-je… Pourtant c’était aussi votre cas, à leur âge ? Vous vouliez faire de l’argent ? Oui, mais je savais qu’il fallait du temps. « Step by step. » L’argent, ça prend une vie ! À moins d’être Zuckerberg, pour la plupart des entrepreneurs c’est beaucoup, beaucoup de travail. Et si on veut gagner de l’argent en cinq minutes, on ne devient pas patron. C’est aussi pour cela que j’aime autant transmettre, car si on m’avait expliqué plus de choses, j’aurais été plus vite, plus loin. Les gosses doivent apprendre des leçons par cœur - on ferait mieux de leur apprendre à avoir confiance en eux ! Moi j’étais un bon à rien, j’ai fait toutes les écoles de curés de la région. J’ai arrêté à 17 ans - pourtant aujourd’hui APR édite 3.000 bulletins de salaires chaque mois [ndlr, l’entreprise emploie 1.600 ETP].Rester optimiste pour entreprendrePensez-vous qu’il y a une déconnexion entre ce que l’on apprend aux jeunes au collège, au lycée, et la réalité du monde de l’entreprise ? Je pense. J’en veux à l’école, car elle ne vient pas dans les entreprises, et les dirigeants ne vont pas dans les écoles. Ce sont deux mondes encore différents. Je crois que c’est Tony Blair [ndlr, Premier ministre du Royaume-Uni de 1997 à 2007], qui disait que le jour où les gens aimeront autant les patrons que les footballeurs, ce sera gagné. Car on ne se parle pas, et on pense souvent qu’un patron c’est un mec blindé. Non, c’est un mec qui a travaillé, souvent au détriment de sa santé, de sa famille. Moi, mes gosses, je ne les ai pas trop vus grandir. Peut-on encore entreprendre « comme avant », selon vous ? Je ne vais pas faire le vieux con. Comme j’ai dit dans mon livre, pour reprendre John Lennon, « regarder en arrière ce n’est pas rock’n’roll. » Je pense que l’époque actuelle est plus difficile, mais si vous êtes malin ou que vous êtes opportunistes, vous pouvez monter une startup de chez vous sans argent. Il y a plein d’exemples autour de nous - bien sûr, beaucoup sont américains. Mais il suffit d’une bonne idée. Regardez l’historique de Spotify, c’est ce qu’il s’est passé ! Et à mon époque, ce n’était pas possible de se lancer de chez soi. Donc je dirais qu’il faut être optimiste. APRSAS fondée en 1976Siège social à Lons1.600 ETPCA : 60M€

Pour Philippe Cazes-Carrère, « si on veut gagner de l’argent en cinq minutes, on ne devient pas patron » - Premium

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