« L'IA m'a sauvée » : revivez B to Biarnes avec Rosemary Baudru - Premium

Pourquoi avoir choisi de vous lancer dans l’entrepreneuriat ? Tout simplement parce que j'avais une vision de l’importance de la RSE, et que les cabinets comptables existants ne s’y intéressaient pas vraiment. Personne ne voulait investir là-dedans parce qu'il faut quand même du temps pour rentabiliser la RSE. Je ne trouvais pas ma place, j'étais atypique, j'avais besoin de concevoir par moi-même, et je pense que c'est le meilleur choix que j'ai fait de ma vie professionnelle. C’était en 2017, je croyais déjà beaucoup en l’IA. Surtout, à ce moment-là, je n'avais pas d'autre choix parce que je n'avais pas les moyens financiers d’embaucher.C’était en 2017, donc avant l’arrivée des IA génératives de type ChatGPT. Parlait-on déjà d’IA à l’époque ?En fait, l’IA existe depuis très longtemps, on l’appelait juste autrement, on parlait de machine learning… Donc, effectivement, en 2017 j’ai commencé à utiliser l’IA dans la production comptable. Ensuite, j’ai commencé à utiliser l’IA générative, puis l’IA prédictive.Gagner du temps et de la rentabilitéComment utilise-t-on l’IA en expertise comptable ? Quand un client arrive, on fait d’abord un onboarding, c'est-à-dire que l’on paramètre tous les éléments possibles dans le dossier. C’est là que tout se joue, qu’il faut être bon, essayer de tout anticiper. Et on peut se faire aider par des systèmes qui font, par exemple, de la reconnaissance de caractères, vont automatiquement analyser une facture, reconnaître le fournisseur, savoir quel taux de TVA s’applique selon son activité… Ce sont des outils très élaborés, pensés en amont. Par contre, il faut garder un humain au cœur du système, pour analyser le flux de données, voir s’il est bien fait, corriger s’il le fait, et analyser également les données finales.À lire également - RSE : « Le télétravail est insuffisamment pratiqué dans l'expertise-comptable »Et même avec des gens pour faire ce travail de prompt, de vérification, d’analyse, on gagne tout de même du temps ? Oui, on gagne un temps fou. Déjà, en matière de rentabilité, puisque l’on facture tout ce paramétrage au départ, et qu’une fois que le système est en place, il coûte moins cher. Ça donne aussi une stabilité au-delà des changements de collaborateurs. Mais, pour vous donner un exemple, quand je reçois des factures de fournisseurs, elles vont dans une adresse mail qui est reliée directement à notre plateforme, celle-ci l’analyse, reconnaît automatiquement le fournisseur, la charge, la TVA applicable. Il n’y a plus qu’à valider. Tout se fait au jour le jour.Ce sont des outils que vous avez développé vous-mêmes, sur une plateforme donnée ? Comment s’y prendre, pour un entrepreneur qui n’aurait pas encore de système comme celui-ci ? Faut-il forcément entraîner sa propre IA, ou peut-on se servir de solutions déjà existantes ? Nous on utilise un outil qui existe déjà, on ne pourrait jamais arriver à faire ce niveau-là. Pour rester sur cet exemple, dans la facture électronique, il y a dix éditeurs de logiciels qui ont été reconnus par l'administration fiscale pour aller récupérer la donnée, et à peu près 80 éditeurs qui se sont positionnés. Je suis simplement allée chercher un éditeur qui maîtrise ce sujet. Aujourd’hui, il y a des outils exceptionnels sur le marché. On peut faire des prévisionnels fabuleux, que l’on ne pourrait jamais faire avec Excel, avec des outils d’IA prédictive qui testent différentes hypothèses. La première chose à faire pour adopter l’IA, ce n’est pas d’aller s’inscrire sur ChatGPT, ou Mistral, ou autre : c’est de voir ce qui existe sur le marché. Il y a des gens qui ont pensé à ces sujets avant nous, et qui l’ont fait mieux que ce que l’on pourrait faire.Les outils existent déjà« Adopter l’IA » pour une entreprise, ce n’est donc pas nécessairement apprendre à faire des prompts pour ChatGPT ou développer son propre chatbot ?Oui, il faut aller voir les outils existants. L'IA, c'est principalement de l'automatisation de traitement en fait. C’est s'enlever les tâches récurrentes, répétitives pour gagner du temps et monter en compétence sur d'autres choses. Moi, quand je montais ma boîte, je n'avais pas le temps. Il fallait que je fasse mon métier technique, expert comptable, commissaire au compte, faire de la formation, et en plus et je devais être entrepreneure, mais ce sont deux métiers différents. Comment peut-on piloter une boîte dans ces conditions, c’est un enfer. Moi, je ne peux pas me démultiplier pour faire 150 heures par semaine. L’IA m’a sauvée. Elle m’a permis de monter en productivité, et donc de générer du cash pour investir et embaucher.Ce qui m’amène à une crainte souvent évoquée quand il est question d’IA : ne craignez-vous pas qu’en entraînant une IA à faire votre métier, il ne finisse par disparaître ?Mais il a déjà disparu ! Il faut arrêter avec la langue de bois, la compta a déjà disparu. La saisie comptable, ça n’existe plus. En revanche, il y a un nouveau métier qui est apparu, le « welcomer », qui accueille un nouveau client et paramètre tout le process. Ensuite, tout se fait automatiquement.

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