Vincent Bost : "ADI a vocation à accompagner des projets de plus en plus vertueux" - Premium

Dans une Région qui ne manque pas de structures de soutien au développement économique, ADI revendique un positionnement unique. Quelles sont ses spécificités ?ADI est une association loi 1901 à but non lucratif qui réunit 82 collaborateurs sur 6 sites, de Poitiers à Pau en passant par Bordeaux ou Bidart, et qui a pour objet d’accompagner les entreprises de la Nouvelle-Aquitaine dans leur démarche d’innovation principalement tournée vers leur transition. On agit dans le cadre d’une mission d’intérêt général, sous gouvernance de la Région. Cela signifie que l’intégralité des services ADI sont gratuits parce qu’ils sont financés par les puissances publiques, la Région principalement, mais aussi par l’Europe et par nos adhérents. Nos bénéficiaires sont principalement des entreprises, PME et startups. C’est le volet le plus connu de notre action, mais nous accompagnons aussi les territoires dans leurs projets de développement économique, leurs expérimentations et l’accueil de nouvelles activités. Quelle est la nature de votre intervention ? Au quotidien, notre mission est de sensibiliser, mettre en relation et accompagner les entreprises ou les territoires dans leurs démarches d’innovation, avec une approche très ouverte. Technologique, bien sûr, mais aussi tournée vers des approches liées au design, à la transformation digitale, aux nouveaux modèles économiques ou à l’innovation sociale, toujours dans une logique de renforcement de l’impact positif que peut avoir l’activité concernée sur les enjeux environnementaux, sociétaux ou territoriaux. En termes de positionnement, on intervient en amont du monde du conseil. Le profil type d’une entreprise qu’on accompagne, c’est un dirigeant ou une dirigeante qui veut mener un projet, qui veut agir mais qui ne sait pas forcément comment s’y prendre, qui n’a pas forcément réuni toutes les compétences nécessaires à la conduite de son projet, ni tous les financements. Les spécialistes ADI vont travailler avec eux pour bien comprendre leur besoin et les aider à formaliser leur projet, pour ensuite faciliter le passage à l’acte. En réalité, nous proposons du temps aux dirigeants, avant qu’ils ne se tournent vers les pouvoirs publics pour solliciter des subventions. De notre côté, nous n’en distribuons pas. Nous sommes de ce fait dans une posture de neutralité, ce qui a beaucoup de valeur pour les entreprises. Nous n’avons rien à vendre, et si nous n’avons pas la compétence recherchée, nous assurons la mise en relation avec l’interlocuteur adéquat. Comment se matérialise cette promesse ? Notre offre de services se décline selon plusieurs axes, qui vont de l’accompagnement individuel à des dispositifs collectifs, de type programme thématiques ou parcours d’accélération, avec l’ambition de rendre accessible ces services aux PME et ETI de toute la Région, y compris dans les territoires ruraux. Elle s’incarne également au travers d’événements, qui sont pour nous le moyen idéal de faire se rencontrer des entreprises du territoire, les sensibiliser aux enjeux de transition et puis leur permettre d’identifier des opportunités, innovations ou marchés. On se positionne aussi comme un réseau de réseau à l’échelle régionale, où l’écosystème est très riche, très dense, mais où comme je le dis souvent, il n’y a pas deux agences comme ADI ! On essaie donc de coordonner les interlocuteurs à même de répondre à un besoin, qu’il s’agisse de laboratoires, de consultants, d’acteurs institutionnels, ou de filières, via les pôles et les clusters. Nous soutenons par ailleurs quelques grands projets structurants. ADI a par exemple réalisé la phase d’étude et de préfiguration du nouveau campus régional dédié à la cybersécurité, qui associe de nombreux partenaires. Nous avons également organisé fin 2022 une grande rencontre régionale, NéoBusiness, qui a réuni 600 participants et permis 700 rendez-vous B2B qualifiés, entre de grands donneurs d’ordre et des offreurs de solution régionaux. Engager les entreprises dans une réflexion sur leurs stratégies d’achat, avec un approvisionnement au plus près du lieu de production, c’est aussi l’un de nos enjeux, et nous renouvelons l’événement en 2023. Qui sont les entreprises éligibles à un accompagnement ? Les entreprises accompagnées vont de la startup à l’ETI, avec entre 800 et 900 projets actifs par an, dont 400 à 500 nouveaux projets, répartis sur tout le territoire. Notre sélection croise les enjeux d’innovation et ceux du développement durable, de l’aménagement du territoire ou de la présence territoriale, conformément à la feuille de route que nous indique notre gouvernance. Nous avons eu l’an dernier quelques beaux succès d’implantation, autour d’Angoulême ou du bassin de Lacq par exemple, qui soulignent que certaines activités peuvent être positionnées en milieu rural, même quand le monde économique a tendance à se polariser sur les grands centres. On regarde donc en priorité la finalité du projet, ses impacts et la nature de l’entreprise, en sachant que notre accompagnement ne se limite pas aux entreprises à impact. Nous avons beaucoup d’appels entrants, donc nous ne pouvons pas répondre à tout le monde, mais là encore nous nous efforçons, pour les projets qui ne répondent pas à nos propres critères, de faciliter la mise en relation ou l’orientation vers d’autres programmes régionaux. Comment mesurez-vous l’efficacité de votre action ? Nous suivons bien sûr des indicateurs d’activité. Sur l’impact, c’est plus difficile à mesurer, mais nous accompagnons les entreprises dans la durée, souvent sur deux ou trois ans, ce qui permet d’en observer l’évolution, notamment parce que le besoin change au fil du temps, passant d’un domaine à un autre, et faisant appel à de nouvelles compétences. Notre intervention a vocation à permettre aux entreprises de s’ancrer dans un écosystème de confiance et donc à se développer. En revanche, nous n'accompagnons pas les entreprises en difficultés, ça n’est pas notre mission. Vous revendiquez également une posture de pionnier sur le terrain de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, de quoi s’agit-il ?Missionné par la Région et l’Ademe, l’EFC est un nouveau parcours proposé par ADI, qui a permis de former 26 entreprises en 2022. Nous sommes la première structure régionale à déployer un tel programme. Pour faire simple, la démarche consiste à privilégier l’usage d’un bien ou d’un produit plutôt que sa possession, sa propriété. On cherche donc à réinventer la relation client fournisseur, en axant le discours sur une performance d’usage plutôt que sur un produit. En travaillant de cette manière, on économise des ressources et on construit une relation dans la durée. L’accompagnement prend la forme d’un parcours collectif sur un an, pendant lequel les dirigeants accèdent à des ressources dédiées, une méthodologie, des ateliers et des retours d’expérience. Quels sont les autres grands axes de travail de l’agence pour 2023 ?L’ambition est de continuer à accélérer ce mouvement d’accompagnement des entreprises autour des projets d’innovation tournés vers l’impact positif, en essayant d’être encore plus ambitieux, et de diffuser plus largement les connaissances, notamment autour d’un réseau régional dédié aux problématiques RSE, Résonances. Nous allons donc déployer de nouvelles offres autour de l’impact, en parallèle de notre propre démarche RSE, qui vise à améliorer notre propre contribution en la matière. Nous venons également de créer un incubateur régional dédié au sport, Impulsion, construit sur le modèle de Tipi 535, notre structure dédiée au tourisme. Ces activités s’éloignent du positionnement historique d’ADI en direction de l’industrie, mais elles sont des vecteurs de développement économique, et d’une certaine façon, des industries. La Région vient de voter le principe d’éco-socio-conditionnalité des aides aux entreprises. Aura-t-il un impact sur les activités d’ADI ? La Région fait évoluer ses règlements d’intervention pour se montrer à la fois plus exigeante et plus ambitieuse au regard des objectifs fixés par sa feuille de route Néo Terra. Nous devons nous aussi chercher à accompagner des projets de plus en plus vertueux, mais ce n’est jamais l’agence qui instruit les projets étudiés par la Région ou qui décide des financements.

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