Un plan régional pour booster l’hébergement des saisonniers
Crédit : Françoise Roch
Le Conseil régional annonce le lancement d’un plan d’actions en faveur de l’hébergement saisonnier. Au travers d’une méthode en 4 axes, il s’agira notamment de se doter d’une vision précise des besoins et d’expérimenter une approche frugale, par territoire, tout en accompagnant l’émergence d’une offre nouvelle.
Selon les données INSEE, la Nouvelle-Aquitaine est la 4e région française la plus pourvoyeuse d’emplois saisonniers, avec 205.747 postes pourvus en une année (chiffres 2019), se classant derrière la Corse et les régions Sud (Provence-Alpes-Côte d’Azur) et Ile-de-France. Et la période post-covid « a mis en exergue des difficultés majeures liées au manque d’attractivité de certains métiers et, plus largement, du modèle saisonnier », souligne le Conseil régional dans un communiqué où ce constat est posé : « les logements pour les saisonniers, insuffisants en nombre ou trop chers et en concurrence avec d’autres types de locations saisonnières, sont également un frein ». Dans ce contexte, la région a validé il y a quelques jours la mise en œuvre d’un plan d’actions dédié. « La Nouvelle-Aquitaine souhaite renforcer son action pour favoriser le développement et l’amélioration des conditions d’hébergement des saisonniers du tourisme et de l’agriculture, et impulser un effet d’entraînement auprès des opérateurs et des territoires », explique Michel Durrieu, conseiller régional délégué à la structuration et au développement touristique.
Premier axe d’approche : améliorer la connaissance des besoins et des expériences passées. Plusieurs études existent déjà, à différentes échelles territoriales : données INSEE par zones d’emploi, études qualitatives, enquêtes menées par DREETS (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités)… Enjeu dès cette année : compiler ces approches « pour améliorer le diagnostic des besoins et des saisonnalités sur les secteurs à enjeux identifiés », afin « d’adapter en continu les dispositifs de soutien financier ».
Des ressources locales inexploitées
Par définition, la main d’œuvre potentielle déjà présente à l’année sur le bassin d’emploi n’est pas en recherche d’une solution d’hébergement ; éviter de créer un nouveau besoin est donc « un élément de réponse ». Ainsi, le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine veut promouvoir auprès des publics lycéens mais aussi universitaires les postes saisonniers disponibles « dans leur environnement géographique de proximité, en lien ou non avec leur formation ». Début mars dernier, lors de la première réunion du Comité d’Orientations Stratégiques de la SEML Nouvelle-Aquitaine Croissance Tourisme, le directeur régional de la Banque des Territoires Patrick Martinez lançait un appel « aux élus détenteurs de disponibilités immobilières et foncières pour la question du logement saisonnier ». Dans cette logique, la Région « mobilise ses propres équipements » et veut « libérer les freins à l’utilisation des internats des lycées ». Une analyse quantitative et qualitative est en cours pour définir le nombre de lits « réellement mobilisables par territoire ». Un premier secteur test sera ainsi identifié, permettant d’expérimenter une gestion mutualisée de plusieurs internats pour l’été 2023 « et en évaluer la plus-value par rapport à une approche ponctuelle par lycée ». Dans son sillage, la Région espère que ce type d’usage « intercalaire » sera adopté par des opérateurs tels que le CROUS ou les Maisons Familiales Rurales « qui observent une vacance locative pendant certaines périodes de l’année ».
Un appel à projets pour susciter une offre nouvelle
Plutôt que de chercher à réinventer la roue, la Région veut « donner davantage de visibilité et d’efficience » aux dispositifs existants. Un appel à projets (AaP) est annoncé. Il permettra de sélectionner de futures réalisations permettant de développer, en nombre et en qualité, les solutions d’hébergement ou de logement pour les saisonniers de l’agriculture et du tourisme. A la clef, un accompagnement financier pouvant atteindre 150.000 euros, avec l’objectif « de proposer un coût compatible avec les revenus de l’activité saisonnière », soit un maximum de 12 euros par nuitée à la charge du saisonnier. Le budget primitif 2023 du Conseil régional permet de mobiliser 1,5 million d’euros pour cet AaP, dont les résultats seront évalués et éventuellement adaptés en vue d’une reconduction chaque année.