Thermalisme : les Landes vent debout contre la Cour des Comptes - Premium

Dans le sud-ouest, le thermalisme n’est pas une mince affaire. Deuxième région de France derrière l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine a accueilli un quart des curistes du pays, soit 119.935 personnes. La moitié d’entre elles ont choisi les Landes pour effectuer leur cure dans l’un des 19 établissements répartis dans les cinq stations thermales du département : Dax, Saint-Paul-lès-Dax, Eugénie-les-Bains, Préchacq-les-Bains et Saubusse-les-Bains. Sur l’ensemble de la région, la filière pèse 119 millions d’euros de chiffre d'affaires. Alors forcément, le dernier rapport de la Cour des Comptes n’est pas au goût des acteurs locaux. Cela fait plusieurs années que le thermalisme se trouve dans le viseur de la juridiction financière. Mais en cette période de crise budgétaire, les attaques se font plus précises. Ainsi, dans un souci de rationalisation des dépenses publiques, la Cour des Comptes estime que la prise en charge par la Sécurité Sociale doit être remise en cause. « Je suis très surpris de cette position », déclare Julien Bazus. Si le trou de la Sécurité Sociale d’élève à 22 milliards d’euros, le remboursement des cures thermales ne représente que 0,14% de son budget, soit 350 millions d’euros. « C’est un mauvais combat mené par la Cour des Comptes », estime le maire de Saint-Paul-lès-Dax, également conseiller régional délégué au thermalisme. « Les cures d’aujourd’hui sont des soins en moins pour demain, elles génèrent en réalité des économies bien plus fortes pour la Sécurité Sociale puisque les patients vont prendre moins de médicaments ensuite ». Une action préventive génératrice d’économies Dans les établissements thermaux, on relativise également le coût pointé par la Cour des Comptes. « Une cure coûte 700 euros pour trois semaines, 65% est remboursé par la Sécu. Si on divise par dix-huit jours, cela fait un coût quotidien très raisonnable qui fait ensuite économiser des millions d’euros en traitement grâce à nos actions préventives », explique Arthur Laborde. Directeur des Thermes Saubusse à Saubusse-les-Bains, le landais en est persuadé : « ce n’est pas cher par rapport au service médical rendu ». Rhumatologie, fibromyalgie, phlébologie, accompagnement post-cancer… les cures thermales agissent sur diverses pathologies. « On soigne les gens pour leurs douleurs physiques mais aussi sur leurs douleurs mentales », souligne Arthur Laborde. Pour autant la Cour des Comptes les remet en cause estimant que leur efficacité médicale n’est pas clairement démontrée. « C’est faux », s’insurge Julien Bazus. « Plusieurs études et rapports existent prouvant l’effet positif des cures ». Quant au dirigeant des Thermes Saubusse, il se fie à un indicateur qui ne trompe pas. « Je vois comment les gens arrivent ici et comment ils repartent, voilà pourquoi je suis convaincu ». Un fort impact en zones rurales Enfin, il y a l’argument du poids économique représenté par le thermalisme, bien souvent sur des territoires ruraux. Sur l’ensemble du pays, 90 % des établissements se situent dans des communes de moins de 10.000 habitants et 71 % d’entre eux au sein de communes de moins de 5.000 habitants. « Quand la région investit sur le thermalisme, elle investit sur la santé, l’emploi, la formation, l’aménagement du territoire, l’économie locale…», rappelle l’élu. L’exemple de Saubusse illustre bien le propos. « Ici, nous avons des kinésithérapeutes, des ostéopathes, des infirmières, un médecin… c’est tout un écosystème de santé dans une commune rurale », dépeint Arthur Laborde. Entre le prix de la cure, le logement et les différents coûts sur place, « un curiste dépense en moyenne 2.400 euros sur le territoire, c’est un impact économique considérable », insiste Julien Bazus. Une manne qui pourrait être remise en cause si la Sécurité Sociale décidait de ne plus intervenir dans le remboursement de ces soins. « Je pense que ce rapport révèle surtout une vraie méconnaissance du thermalisme de la part de la Cour des Comptes », conclut l’élu landais. Pourtant, le président de la juridiction financière ne mâche pas ses mots. « Dans le contexte actuel des finances sociales, il serait nécessaire de remettre en cause cette prise en charge », énonce Pierre Moscovici.

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