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Région : contraint à la hausse, le budget 2023 s’établit à 3,5 milliards d’euros

Écosystème
jeudi 15 décembre 2022
Région : contraint à la hausse, le budget 2023 s’établit à 3,5 milliards d’euros

Avec 186M€ au budget, la desserte fine ferroviaire reste l'un des grands axes d'investissement de la Région - crédit Région Nouvelle-Aquitaine

Le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine examine jeudi son budget primitif 2023. Contraint par la hausse des dépenses de fonctionnement et soutenu par l’ambition de maintenir un haut niveau d’investissement en direction de la jeunesse, du développement économique ou du ferroviaire, il atteint 3,5 milliards d’euros, au prix d’un recours plus soutenu à l’emprunt.

L’exercice s'apparente rarement à une sinécure, mais « je n’ai jamais eu autant de difficultés à boucler un budget », admettait mercredi Alain Rousset, président de la Nouvelle-Aquitaine, lors d’un point presse préalable au conseil régional des 15 et 16 décembre. Au chapitre de ces difficultés, l’élu socialiste dénonce un facteur politique : un manque de visibilité quant aux engagements financiers de l’Etat, qui pénaliserait la constitution des trajectoires budgétaires sur le temps long. « C’est l’un des paradoxes de ce budget. Nous avons beaucoup de dossiers, et de très beaux dossiers, qu’il faut qu’on accompagne tout en réfléchissant à la sortie des PGE, et on a l’impression de devoir reconquérir cette visibilité tous les ans, faute de relation de confiance », estime Alain Rousset, qui présente jeudi au conseil régional un budget primitif 2023 s’élevant à 3,5 milliards d’euros, contre 3,3 milliards d’euros en 2022.

Des dépenses de fonctionnement en hausse de 9,5%

De façon plus prosaïque, ce budget est en premier lieu marqué par les phénomènes conjoncturels que connaissent aussi bien les entreprises que les collectivités locales, de la hausse des prix de l’énergie à la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires. Les dépenses de fonctionnement de la région s’affichent ainsi en hausse de 9,5% sur un an. « Un record dans l’histoire des collectivités », pour Sandrine Derville, vice-présidente en charge des finances, qui évalue le surcoût à 185 millions d’euros, dont 74 millions d’euros pour les factures des lycées (de la cantine, aux prix maintenus, à l’électricité ou au gaz), 60 millions d’euros pour les transports (la région fait par exemple rouler 5.000 bus par jour) et 14 millions d’euros pour le traitement des agents régionaux. La hausse des taux d’intérêt se traduit quant à elle par un surcoût de 24 millions d’euros au niveau des frais financiers. 

Une politique d'investissements sanctuarisés

La région manifeste tout de même son ambition de maintenir un niveau d’investissement élevé, avec une enveloppe totale de 1,113 milliard d’euros, en hausse de 8% sur un an, dont 907 millions de crédits régionaux, le solde émanant des fonds européens. « Dans un contexte de fin du quoi qu’il en coûte, l’investissement public est plus que jamais indispensable pour accélérer les transitions et se prémunir d’éventuelles nouvelles crises à venir », affirme Sandrine Derville. Les lycées, objets d’un PPI2 à 1,3 milliard d’euros sur six ans également voté jeudi, constituent l’un des principaux postes de ce budget investissement, aux côtés du ferroviaire. 186 millions d’euros sont ainsi provisionnés pour la régénération des petites lignes – objet d’une enveloppe globale de plus de 1,5 milliard d’euros sur dix ans, la modernisation de la flotte régionale et l’achat de 15 nouvelles rames TER, dont cinq ont vocation à alimenter le futur RER girondin.

340 millions d’euros sont réservés aux acteurs économiques du territoire, pour « accompagner des projets stratégiques, de relocalisation, de transition ou d’innovation, mais aussi renforcer le soutien aux entreprises en retournement », précise Sandrine Derville. La région prévoit enfin 500 millions d’euros d’autorisations d’engagements pour lancer sa stratégie dédiée à la formation professionnelle, dans le cadre d’un plan sur trois ans. « La formation reste au cœur de nos priorités, malgré la tentative de recentralisation qu’on sent venir via France Travail », glisse Alain Rousset.

En face de ces dépenses, la Région prévoit des recettes en hausse de 8,7% sur un an, à 2,834 milliards d’euros, du fait des rentrées d’argent qui découlent de la fiscalité (fraction de TVA, TICPE) ou de l’augmentation programmée des cartes grises. Une progression insuffisante pour équilibrer ce budget, ce qui se traduit par une dégradation de 13% de l’épargne brute de la Nouvelle-Aquitaine. Un seuil insuffisant pour actionner le dispositif de compensation de la hausse des charges des collectivités territoriales par l’Etat. « Faut-il être laxiste pour en bénéficier ? ça n’est pas vraiment la prime aux bons élèves », ironise Alain Rousset. La Région prévoit dans ce contexte d’augmenter son recours à l’emprunt de 10%. Mais son président alerte : « on ne pourra pas soutenir par l’emprunt deux années de suite ».