Placéco Nouvelle-Aquitaine, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Le programme Néocoop passe la seconde : nouvelle promotion et premier retour d’expérience

Écosystème
vendredi 21 juillet 2023

Blondes d'Aquitaine au pré. Crédit : Adobe Stock

Lancé en 2022, le programme régional Néocoop vise à accélérer la transition agroécologique des coopératives agricoles néoaquitaines. Cinq nouvelles candidatures viennent d’être retenues pour constituer la deuxième promotion. S’enclenche pour ces lauréats un parcours d’accompagnement d’environ un an sur lequel l’un des membres de la première promotion - le Groupements des Eleveurs Girondins - livre pour Placéco un premier témoignage.

C’est l’un des - nombreux - mantras d’Alain Rousset : « Faire de la Nouvelle-Aquitaine la première région écoresponsable de France ». Parmi les actions pour y parvenir, le Conseil régional qu’il préside a décidé l’an passé de lancer et de financer à 100% le parcours Néocoop. Pensé comme une déclinaison du programme Usine du Futur pour les coopératives agricoles néoaquitaines, il vise à accompagner ces dernières dans l’accélération de leur transition agroécologique. Mené avec l’appui du cabinet Vertigo Lab, le parcours se traduit par 15 jours d’accompagnement répartis sur une petite année : diagnostic, plan d’action détaillé, mise en œuvre et enfin bilan. Six thématiques principales, « fils conducteurs de l’accompagnement », ont été globalement identifiées comme autant d’enjeux forts sur lesquels agir : sortie des pesticides de synthèse, préservation de la biodiversité, atténuation du changement climatique, adaptation au changement climatique, bien-être animal & biodiversité, alimentation durable.

A l’issue d’un appel à manifestation d’intérêt clos il y a quelques jours, cinq candidatures ont été retenues pour constituer la deuxième promotion de Néocoop :
- une coopérative de producteurs de légumes : Cadralbret (maraîchage, membre de Paysans de Rougeline) à Nérac, dans le Lot-et-Garonne ;
- une coopérative d’arboriculteurs : France Prune (plus connue sous sa marque Maître Prunille) à Casseneuil, dans le Lot-et-Garonne ;
- deux coopératives landaises de la filière grandes cultures : CUMA Adour Protéoil (huiles de tournesol et colza, tourteaux) à Mugron et Maïsadour (groupe coopératif de l’agroalimentaire) à Haut-Mauco ;
- une coopérative viticole : Viti Oléron (cave coopérative plus connue sous son identité Vignerons d’Oléron) à Saint-Georges d’Oléron.


Catalyser, structurer, agir

En ouverture du parcours d’accompagnement est menée une première phase dite « d’appréhension du sujet et de formation sur les enjeux agroécologiques », selon les termes du Conseil régional. « On avait déjà une certaine idée de ce qu’on voulait faire, vers quelles directions aller », se remémore l’ingénieure agronome Elisa Jurine, responsable qualité en élevage et chargée de développement coopératif au sein du Groupement des Eleveurs Girondins, société coopérative agricole ayant fait partie, aux côtés de cinq autres*, de la première promotion du parcours Néocoop mise en place il y a un an. « On voulait faire de la HVE [ndlr : haute valeur environnementale], de la certification environnementale sur exploitation ainsi que de l’audit sur le bien-être animal », poursuit-elle. L’étape d’état des lieux et de diagnostic qui suit confirme la pertinence de ces pressentiments : « Nous avons été confortés dans ce qu’on voulait faire, c’est évident », indique l’ingénieure. Mais c’est aussi l’occasion d’élargir le scope. « D’autres pistes ont été explorées : faire un bilan carbone sur les exploitations, développer les circuits courts, arriver à une alimentation animale 100% locale… », énumère Elisa Jurine, qui tempère aussitôt : « Le programme ne court que sur un an. C’est bien d’avoir des ambitions mais il ne faut pas non plus s’éparpiller. Et il faut mobiliser les moyens financiers pour bien faire. »

Ces éléments à disposition, le plan d’actions de la coopérative est échafaudé. « Le choix a été fait de se focaliser sur les thématiques initialement envisagées, en établissant des échéances précises. Notre objectif est que 100% de nos éleveurs soient certifiés HVE en 2026. Et nous visons aussi 100% d’éleveurs audités Boviwell [ndlr : un outil de mesure du bien-être des animaux en exploitations bovins viande et bovins lait] à l’horizon 2028, même si on espère y arriver avant et être aussi rapide que pour la HVE. Nous avons retenu cette dernière car elle est connue et reconnue ». Si, pour la majorité des éleveurs, cette certification sera surtout la validation de pratiques déjà ancrées, elle en amènera certains à accélérer dans ce domaine : « En s’engageant, ils s’améliorent, d’autant que les critères ont été durcis », souligne Elisa Jurine.

Malgré la relative brièveté du programme, celui-ci se pose en catalyseur des initiatives comme de ceux qui les portent : « Ca nous a permis d’initier des réunions, des groupes de travail et d’avancer tous ensemble. Et ces certifications et audits sont à la fois une reconnaissance pour nos éleveurs et une manière de faire savoir aux gens que les élevages intensifs ne sont pas des pollueurs. » Et une manière d’enclencher et de structurer une nouvelle démarche de progrès, ouverte vers les dernières évolutions. Ainsi des prochaines avancées qui pourraient être menées sur l’alimentation des ruminants pour réduire leurs émissions de méthane entérique (relatifs aux intensifs), un méthane dont l’impact sur l’effet de serre est environ 25 fois plus puissant que le CO2. « L’Inria travaille dessus, acquiesce Elisa Jurine, et nous suivons ça, même si ça en est encore aux prémices. Nos éleveurs sont prêts à tester des choses, mais nous gardons en tête qu’ils ont besoin de rendements. » L’an passé, évoquant le lancement de Néocoop, Alain Rousset ne disait pas autre chose : « La transition agroécologique ne doit pas être opposée aux revenus ou à la compétitivité de l’agriculture. »

* Cave de Sigoulès (viticulture, à Mescoules en Dordogne), SCAR (grandes cultures, à Ribérac en Dordogne), Valprim (maraîchage, à Marmande en Lot-et-Garonne), CAVEB (élevage, à Châtillon sur Thouet dans les Deux-Sèvres) et Sèvre & Belle (grandes cultures, à La Crèche dans les Deux-Sèvres).