La Jallère : un quartier de 2.000 logements en gestation à Bordeaux-Nord - Premium

Le futur quartier de la Jallère sera-t-il l’incarnation de la « méthode Hurmic » pour l’aménagement urbain de Bordeaux ? Avec 1.500 à 2.000 logements prévus sur un ensemble de parcelles totalisant 35 hectares, il constituera à tout le moins l’un des projets – si ce n’est le projet – immobiliers les plus importants lancés à Bordeaux au cours de la mandature actuelle. « Il a d’autant plus de valeur qu’il concerne un site au potentiel assez unique, à proximité immédiate des grands équipements sportifs et commerciaux, avec accès à la rocade et au tramway », glisse Patrick Martinez, directeur régional Nouvelle-Aquitaine de la Banque des Territoires, qui constitue l’une des parties prenantes du projet. Aujourd’hui entouré par le stade Matmut-Atlantique et le parc des Expositions, le quartier de la Jallère naît dans les années 60, avec l’installation successive de plusieurs centres administratifs, dont l’imposant siège girondin de la Caisse des dépôts et consignations (CdC) : 28.000 m² de bureaux sur 11 hectares, où plus de 1.000 personnes travaillaient avant leur départ vers la ZAC Saint-Jean Belcier en début d’année. C’est la perspective de ce départ qui motive, dès 2021, le lancement d’une étude de reconversion du site, dont le périmètre sera progressivement étendu aux quatre parcelles voisines occupées notamment par Gan (Groupama), Domofrance et Gironde Habitat. Des terrains pris, à l’époque, sur les anciens marais de la Jallère et lourdement remblayés pour les rendre constructibles, et aujourd’hui voisins d’une zone humide, classée inconstructible par la mairie de Bordeaux, qui fera l’objet d’aménagements de « renaturation » dont les travaux débuteront en 2024. Réunis, les cinq terrains forment un périmètre de 35 hectares, désormais envisagés comme un ensemble depuis la signature, en février dernier, d’un protocole inter-opérateurs. « Ces cinq parcelles appartiennent à des propriétaires privés qui peuvent les construire comme bon leur semble, le PLU en vigueur étant assez ouvert, pour ne pas dire assez souple, mais pour faire émerger un quartier cohérent, de bonne qualité, il faut réfléchir à l’échelle de ces cinq parcelles et du quartier Bordeaux-Nord », estime Pierre Hurmic. Un démonstrateur de la ville durable Le projet en est pour l’instant au stade des consultations, citoyenne et réglementaire, doublées des premières études pré-opérationnelles, mais la méthode et les rôles de chacun se veulent déjà définis. « La collectivité définit les grandes orientations, et définit un opérateur public pour aménager les espaces publics. Nous allons prendre prochainement une délibération pour mettre en place un projet urbain partenarial, qui permettra que les propriétaires privés contribuent financièrement au coût des équipements et des espaces publics. De son côté Urbain des bois, aménageur désigné par la Banque des Territoires, se charge de développer le projet urbain pour le compte des cinq propriétaires avec lesquels il a conclu, déjà, un accord partenarial », résume le maire de Bordeaux, qui promet par ailleurs une concertation permanente avec la population bordelaise - façon, peut-être, de prévenir les critiques qui avaient été formulées suite à la conception de l'éco-quartier Ginko il y a dix ans. En attendant les premières autorisations et le début des travaux, programmés à horizon 2025, l'ancien siège girondin de la Caisse des dépôts s'est changé en un tiers-lieu d'occupation temporaire, Lac C, qui accueille déjà plus de 70 structures et entreprises. En parallèle, la Banque des Territoires, la Ville et la Métropole esquissent les contours d’un projet d’envergure, qui prévoit la transformation de 50.000 m² de bâti existant et la construction de 100.000 m² de plancher supplémentaires pour parvenir à créer jusqu’à 2.000 logements – dont 40% de logements sociaux, précise Pierre Hurmic, accompagnés de services de proximité, de commerces et de locaux d’activité, sans nouvelle artificialisation des sols. « L’objectif est même de passer de 50 à 76% d’espaces désimperméabilisés », précise Christine Bost, vice-présidente de Bordeaux Métropole déléguée à l’aménagement urbain et naturel, et au foncier opérationnel. Soit passer de 19 à 25 hectares d’espaces perméables, en libérant par exemple une partie des parkings existants. « Toutes les lettres de la dimension RSE sont présentes, avec ses 35 hectares ce projet a tout pour devenir un vrai démonstrateur de la ville durable », salue Catherine Mayenobe, directrice générale adjointe de la Caisse des dépôts.

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