Comment Hélioparc a fait place aux femmes - Premium

« Il y a une dizaine d’années, se souvient Olivier Farreng, directeur général d’Hélioparc, on accueillait en moyenne une vingtaine de startups par an, avec, peut-être, une seule d’entre elle dirigée par une femme ». En cause, considère le directeur général, « la typologie des entreprises, plutôt dans la tech, donc plutôt portées par des gens qui ont fait des écoles d'ingénieur ». Or, « le ratio hommes/femmes dans ces écoles étant ce qu’il est, nous avions surtout des garçons qui entreprenaient à Hélioparc ». Cependant, si elle ne s’inverse pas encore, la tendance fléchit. Sur la trentaine de projets en cours d’incubation dans la technopole paloise, treize sont portés par des femmes, révélait, lors des voeux d’Hélioparc, son directeur général. « Un chiffre exceptionnel, que l’on n’a jamais connu ici, et que personne d’autre n’a, ni au niveau régional, ni au niveau national ». Derrière cette évolution, considère Olivier Farreng, la place plus importante accordée par Hélioparc aux projets liés aux transitions, par rapport à son cœur de métier historique de la tech et des géosciences.À lire également - Hélioparc clôture une année 2024 « riche » et veut se verdir en 2025« Ce n’est pas qu’une question de typologie de projets, nuance Laurianne Recouvrot, dirigeante de la startup Explorissima et pensionnaire d’Hélioparc. Il y a aussi une évolution, des femmes qui osent plus qu’avant, qui s’autorisent à lancer leur boîte dans un monde, l’entrepreneuriat, qui est encore très masculin. Tous les modèles d’entrepreneurs sont des hommes, mais c’est en train de changer, on voit des femmes qui réussissent, deviennent cheffes d’entreprise. Les barrières sautent, et la première d’entre elles était surtout intérieure. »Nouveaux réseaux « C’est aussi une affaire de réseaux, ajoute Valérie Montel, fondatrice de GeoWise. Il y a en ce moment énormément de réseaux féminins qui se développent : Réseau Femmes Entreprendre, Elles Bougent, FCE, Industri’Elles… ça aide, parce que nous n’avons pas la même façon de faire, la même vision de l’entrepreneuriat que les hommes, et il faut des espaces pour exprimer cela. » Et de citer des « différences de comportement ». « Le jeu de l’entreprise est assez violent, détaille-t-elle, il y a des rapports de force, de la compétitivité… il faut savoir négocier, s’imposer. Ce sont des choses qu’en tant que femmes, on a plutôt appris à faire avec discrétion. Une femme va réaliser énormément de choses et attendre qu’on le reconnaisse ».À lire également - FCE : « Une femme chef d’entreprise joue souvent beaucoup de rôles à la fois » « En vingt-deux ans de salariat, je n’avais jamais demandé spontanément une augmentation », abonde Laurianne Recouvrot. Des différences qui se reflètent dans l’entrepreneuriat. « Il n’y a que 2% de femmes dans les levées de fonds, constate Valérie Montel. À partir du moment où elles s’associent à un homme, on passe à 17% ». « Il y a un vrai biais, ajoute Laurianne Recouvrot. Une femme qui va voir un banquier ou un investisseur va présenter des hypothèses de revenu moins hautes, moins optimistes. Et elle sera aussi plus perçue comme quelqu’un venu réclamer de l’argent que comme quelqu’un pouvant permettre d’en gagner. »Pourtant, « je pense que plaquer sur une femme un comportement masculin n’est pas la réponse. C’est perdre tout l’intérêt de la mixité, considère Valérie Montel. Il faut garder son approche à soi, sa part de féminité, mais aussi jouer avec les règles du jeu et lever nos propres biais cognitifs ».Pour Hélioparc, « s'adapter », et en faire plus au niveau national« On doit s’adapter », sourit Philippe Maury, startup manager à Hélioparc, c’est à dire l’un des « mentors » chargés d’accompagner le développement des jeunes entreprises hébergées dans la technopole. « Nous avons surtout accompagné des hommes, pendant très longtemps, et il y a sans doute des changements d’attitude inconscients. Mais en tant qu’accompagnateur, c’est important d’oublier le genre, et d’en revenir toujours à l’entreprise et à ses chiffres ». D’en revenir aussi, continue-t-il, à chaque individu : « Il y a peut-être plus souvent besoin de ralentir les hommes sur leurs projections, et un peu plus de pousser les gemmes, mais globalement, il y a des individus plus à l’écoute et d’autres qui ont besoin d’aller dans le mur, qu’ils soient femmes ou hommes. »« On suit ce mouvement de féminisation et on s’en félicite, conclut Olivier Farreng. Dans le réseau Retis [réseau rassemblant une centaine de structures de soutien à l’innovation, dont la plupart des Technopoles françaises, et présidé par Olivier Farreng depuis 2019, ndlr], nous avons des dispositifs de sensibilisation à l'entrepreneuriat qui s’adressent aux collégiens, lycéens… un public très mixte. Nous devrions peut-être les développer davantage, réfléchit-il. Si on ne se sensibilise qu’au niveau des études d’ingénieur, on arrive déjà trop tard. »

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