Aquiti Gestion accélère sur le financement à impact - Premium

Quel bilan peut-on faire de l’année 2022 d’Aquiti Gestion ?Nous avons réalisé l’an passé 34 prises de participation, pour 26 millions engagés et bouclé dans le même temps 34 cessions, pour près de 14 millions d’euros, dont la moitié en plus-value. Donc une très forte activité avec une très bonne rotation du portefeuille. S’il fallait mettre en avant un projet dans lequel on investi, on pourrait citer Dioxycle, qui a mis au point une technologie de rupture pour valoriser les émissions de CO2 des industries les plus polluantes. Elle est exactement dans l’innovation, dans une logique bas carbone, avec une équipe internationale d’extrêmement très haut niveau et qui a un potentiel absolument considérable de développement.Il y a aussi eu en juin dernier le lancement d’un nouveau fonds baptisé ”Relance Nouvelle-Aquitaine”…C’est un fonds “article 8”, c’est-à-dire prenant en compte les critères extra-financiers (ESG et/ou RSE). Il est déjà actif. Au 31 décembre dernier, Relance Nouvelle-Aquitaine a déjà investi dans 3 entreprises, une par ancienne région de la Nouvelle-Aquitaine. Technima, en Charente, champion des peintures en spray, qui avait besoin de fonds propres pour surmonter la crise et financer sa croissance externe. Nous avons apporté un peu plus d’un million d’euros sur une opération au global de 10 millions. Dans les Landes, il y a Flovea, à Saint-Paul lès Dax, qui a mis au point un système qui rationalise les installations de plomberie et se développe en France et à l’étranger, notamment avec de très beaux contrats à Dubaï. Et enfin en Corrèze le groupe Euclide, dans la mécanique de précision à Brive et qui se relève après avoir connu une période très difficile, même s’ils ont encore du mal à embaucher autant de personnes qu’ils voudraient.Et un 4e dossier arrive, validé en comité, dans un domaine d’excellence. Donc Relance Nouvelle-Aquitaine est au rendez-vous, nous avons un bon “deal flow” et nous voulons faire un second closing, pour faire passer la taille du fonds de 20 millions actuellement à 30 millions, voire plus, dans le courant de l’année 2023.Quel rythme d’affaires se dessine en 2023 pour Aquiti Gestion ?La conjoncture internationale est défavorable et les levées de fonds dans le domaine de l’innovation sont globalement bien inférieures à ce qu’elles étaient, donc il y a une baisse considérable au plan macro. Nous, en Nouvelle-Aquitaine, avec notre logique de proximité, nous sommes très optimistes en matière d’investissement. Je pense que nous dépasserons largement les 30 millions. Le fonds NACI, qui a peu investi en 2022, a une perspective très solide pour 2023. Les autres fonds faisant à peu près les mêmes niveaux que précédemment, on devrait dépasser la barre des 30 millions. Peut-être pas en nombre de dossiers, mais en montant déployé oui. A côté, le rythme de cession ralentit depuis le début de l’année par rapport à une année 2022 exceptionnelle.Cette année, Aquiti Gestion va se doter d’un nouveau fonds, Aquiti Venture. Dans quel but ?Le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine a souhaité qu’il y ait une orientation innovation forte dans nos actions. Grosso modo, le financement de l’amorçage et du capital-risque représentent en nombre de dossiers les deux tiers de ce que nous faisons. Aquiti Venture, c’est la structuration professionnelle d’un fonds qui fera de l’amorçage et peut-être aussi du capital-risque, c’est-à-dire les 2 ou 3 premiers maillons de la chaîne de financement, avec une orientation deep tech (ndr : technologie de rupture) spécifiquement orientée vers les grands secteurs que nous considérons comme prioritaires : l’environnement, la santé, le digital et l’usine du futur, également dans une politique de progrès ESG/RSE. Demain nous allons investir dans un très beau dossier de robotique, ça préfigure cette valorisation de savoir-faire industriel innovant. Nous voulons le déployer le plus tôt possible. Cela supposera de renforcer nos équipes, en recrutant encore, une personne dédiée immédiatement et une autre dès que la taille du fonds le justifiera. Un certain nombre d’investisseurs - la Région, Arkea, Bpifrance - nous ont fait part de leur soutien sur cette initiative. L’idée est d’atteindre 30 millions au premier closing puis 60 millions au second closing, mi-2024. Pouvoir accompagner les entreprises jusqu’à 6 millions d’investissement unitaire, ça permet aux investisseurs régionaux comme nous d’enraciner l’entreprise dans son territoire et de moins risquer qu’elle s’éloigne de sa région d’origine au détour d’une nouvelle levée de fonds.Identité et capital “patient”Société de gestion de portefeuille, agréée par l’AMF depuis mars 2019, Aquiti Gestion regroupe une dizaine de fonds, en mandat de gestion ou de conseil, qui représentent environ 200 participations, exclusivement sur le territoire de la Nouvelle-Aquitaine. Les effectifs regroupent 20 personnes réparties sur 3 sites : 15 à Bordeaux, 3 à Poitiers et 2 à Limoges. Parmi celles-ci, 14 s’occupent d’investissement directement, dans tous les compartiment du jeu, depuis le prêt d’honneur innovation jusqu’à la transmission en passant par le développement : « on est prêt à intervenir de 10 ou 15.000 euros jusqu’à 10 millions. Nous affichons 230 millions d’euros sous gestion, dont 150 millions sont investis et 80 sont prêts à l’être ».« Notre logique est d’assurer un continuum de financement, ce qui est indispensable. Une chaîne a la solidité de son maillon le plus faible, donc nous essayons de renforcer celui-ci. Nous pratiquons le capital patient : nous sommes prêts à détenir longtemps des participations, pour être au rythme de développement des entreprises et leur permettre de surmonter les difficultés. C’est ça l’utilité des fonds propres : ce sont des ressources stables, qui n’ont pas besoin d’être remboursées. Nous voulons avoir une approche humaine, de proximité, où les critères extra-financiers, ceux de l’ESG et/ou RSE, sont autant pris en compte que ceux de la performance financière. Dans le process de sélection, nous sommes dans une démarche de progrès. Nous ne sommes pas dans une posture “ayatollesque”, qui dirait “ils ne sont pas dans le clous, on ne les regarde pas”. Au contraire, on va les aider avec des fonds propres ».« Ainsi par exemple du groupe Saint-Astier qui fait de la chaux en Dordogne : on apporte des fonds propres, afin de financer un investissement très lourd (ndr, plus de 30 millions d’euros) pour qu’il puisse diminuer considérablement ses dépenses énergétiques et améliorer son bilan carbone. C’est cette démarche de progrès que nous voulons favoriser. Nous sommes convaincus que cette action, même si elle est onéreuse, est une action raisonnable et rationnelle, même d’un point de vue financier, parce que ces entreprises qui font ces choix-là auront aussi, dans 5 ou 10 ans, une valeur bien meilleure. Nous avons la chance chez Aquiti de ne pas travailler uniquement pour un multiple ou un TRI (ndr : taux de rentabilité interne) mais aussi pour un impact positif à long terme sur le plan environnemental, social… pour le territoire ».Une association pour “dérisquer” le modèle d’affairesAquiti Gestion a récemment créé une association avec Fidal, Adviso Partners, la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique et Kalane. Baptisée “Impact”, regroupant actuellement une trentaine d’adhérents, elle a pour but de sensibiliser les entreprises à cette approche RSE sur le territoire néo-aquitain. « C’est un cercle d’action pour les dirigeants régionaux, avec un prisme très business. L’idée, en tant que dirigeant responsable, c’est de se demander quelle est l’empreinte de son entreprise sur l’environnement et comment celui-ci peut venir impacter son business et comment avoir un business durable », explique Cindy Charlot, directrice de participations de chez Aquiti Gestion et qui préside l’association. Une conférence de lancement a eu lieu en septembre dernier et il est prévu une série d’ateliers co-construits dans une approche collective de partage des bonnes pratiques, mais aussi, après une fresque du climat pour mettre tout le monde sur les mêmes bases, une fresque des entreprises, où l’on verra comment les enjeux environnementaux peuvent impacter la proposition de valeur, la capacité à se financer, l’attractivité pour les salariés…

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